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L’affaire du juge Delisle : des révélations qui hantent encore Simon Sachel

Grand habitué des téléréalités, ayant signé des productions comme Star Académie, Occupation double et Le banquier, Simon Sachel n’a pas eu à scénariser la moindre intrigue cette fois, pour ce qui se voulait son premier projet de type true crime. Car la saga judiciaire à laquelle il s’intéressait s’étalait sur 15 ans, et se voulait pour le moins riche en «rebondissements».

«On avait pas besoin d’en écrire, ils étaient tous là! La réalité est parfois plus surprenante que la téléréalité», lâche le réalisateur en entrevue avec Le Quotidien.

Il faut dire que l’affaire de Jacques Delisle, cet ex-juge accusé de l’homicide involontaire de sa femme Nicole Rainville, et dont les démêlés judiciaires se sont étirés de 2009 à 2024, a fait couler beaucoup d’encre au Québec.

Marquant au passage l’imaginaire de bien des gens, dont Simon Sachel, qui s’est vite intéressé au travail de la journaliste d’enquête Kathryne Lamontagne, affectée au dossier pour le Journal de Québec.

«C’est une amie à moi, et c’est la journaliste qui a le plus couvert l’affaire. Il y a sept ans, quand elle m’a dit qu’elle commençait à travailler sur le procès [pour son livre], je lui ai dit du tac-au-tac : un jour, il faudrait faire une série là-dessus», explique le Saguenéen d’origine, ajoutant que le chantier s’est mis en branle il y a trois ans.


La bande-annonce de L’affaire du juge Jacques Delisle.
(Illico Plus)

Si les démarches ont été si longues, poursuit-il, c’est que plusieurs intervenants étaient réticents à parler au départ, la plupart requérant l’anonymat pour le faire. «Mais une fois que les procédures et le verdict sont tombés, et après que M. Delisle soit décédé, il y a beaucoup de langues qui se sont déliées.»

Tant du côté de la couronne que de la défense, qui encore à ce jour restent très campées dans leur position respective. «Même moi, qui ai réalisé la série et qui ai baigné dans l’affaire, je ne suis pas encore certain de ce qui s’est réellement passé ce matin-là dans le condo de Sillery. Une journée je le crois coupable, et l’autre je ne suis plus sûr», avoue Simon Sachel.

D’autant plus qu’il a recueilli une multitude de points de vue, au fil du tournage. De même que quelques révélations étonnantes.

«Il y a des choses en filigrane qu’on avait apprises au fil des ans et qui nous sont rappelées, comme le fait qu’il avait une maitresse. Mais dans nos derniers jours de tournage, on a eu la chance d’avoir le technicien en scène de crime qui est débarqué en premier sur la scène. Puis lui nous a dit des choses qui n’avaient jamais été déposées durant le procès.

«Des révélations que personne, pas même Kathryne [Lamontagne] qui couvrait le dossier, n’avait entendu, et qui à ce jour me hantent encore», de renchérir le réalisateur, qui se garde bien de ne rien «divulgâcher».

Trouver l’équilibre

Si l’histoire est en soi est «spectaculaire», et que l’un des buts d’une telle série est de divertir, Simon Sachel voulait rester prudent dans sa façon d’aborder les choses. Considérant qu’il s’agit à la base d’un drame qui touche de vraies personnes, et qu’à peu près toutes les parties impliquées finiraient par visionner le documentaire.

«Ce genre de série, tout le monde la regarde. Autant le DPCP, les gens de la défense, de la couronne, la magistrature, les avocats. Alors il faut se coller le plus possible aux faits.»

Sa collaboration avec Kathryne Lamontagne, à cet égard, se sera avérée une «danse» intéressante, le réalisateur et la journaliste ayant chacun leur vision et leur priorités. «Je pense entre autres à toute la preuve balistique, qui est énorme dans ce dossier, et qui a été présentée au procès pendant des semaines. Il fallait pouvoir la résumer simplement. Ç’a été un bon débat à l’interne.»

Reste qu’en documentaire, comme en téléréalité, la force d’un réalisateur réside dans sa capacité à «s’intéresser aux gens», croit Simon Sachel.

Puis il en sait quelque chose, pour avoir mené une longue liste de projets du genre ces dernières années, comme Elisabeth Rioux : sans filtre, Un zoo pas comme les autres, Chasse à l’homme: marécage, Mères à boutte, L’appartement, Barmaids, Beachclub, Célibataires et nus Québec…

Il y a même ce projet de téléréalité qui est passé bien près de voir le jour dans sa région d’origine, raconte-t-il. «On voulait faire vivre une expérience immersive à 10 candidats dans la vieille prison de Chicoutimi. Le défi, c’était de passer un mois en prison pour un an de salaire.»

Le tout n’a finalement pas abouti, mais un tel projet «n’est jamais vraiment mort», certains prenant vie plusieurs années après les premières démarches, relativise le principal intéressé.

En attendant, la série documentaire L’affaire du juge Delisle est disponible depuis jeudi sur illico +.

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