Rémunération des médecins: la femme et la fille du ministre Lionel Carmant sont fâchées

«Ma femme est médecin, ma fille est médecin [et] commence sa pratique. Elles sont fâchées», a affirmé le ministre et médecin Lionel Carmant, réitérant que la loi visant à modifier le mode de rémunération des médecins était néanmoins «nécessaire».
«Ce n’est pas facile à la maison», a admis le ministre responsable des Services sociaux.
Vendredi dernier, lors du vote sur la loi spéciale, le ministre Carmant était absent pour des raisons personnelles et familiales.
Lui-même médecin spécialiste, il souhaite «contribuer à un rapprochement dans les prochaines semaines».
Il reconnaît que la loi de 113 pages, adoptée en une seule journée, «n’était pas claire».
«Il y a des éléments dans la loi qui doivent être négociés», a-t-il assuré. Il n’a toutefois pas réussi à convaincre les membres de sa famille.
«M. Dubé a dit qu’il y aura une soixantaine de jours pour négocier.»
Lionel Carmant affirme qu’il peut jouer un rôle, citant l’impact qu’il a eu auprès des médecins psychiatres.
«Les médecins psychiatres ont amélioré leurs performances. Ils ont réduit les listes d’attente», a-t-il déclaré.
Dans une courte déclaration à l’Assemblée nationale, le premier ministre François Legault a répété que l’objectif principal de la loi était de «changer le mode de rémunération vers la capitation avec un certain incitatif pour que plus de patients soient pris en charge».
Semer le chaos
Selon le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, la réforme de la rémunération aura un impact direct sur les soins aux patients. Certains membres pourraient quitter vers d’autres provinces, et des cliniques risquent de fermer, a-t-il déclaré mardi.
«Cette loi-là n’améliorera pas l’accès, mais elle va semer le chaos et risque d’entraîner des bris de services pour la population», a déclaré le Dr Vincent Oliva, en point de presse à Québec mardi matin.
Sa fédération déposera demain un recours judiciaire pour contester la loi spéciale adoptée sous bâillon samedi matin, en plus de demander un sursis dans l’application des articles qui, selon elle, briment les droits fondamentaux de ses membres.
Selon le Dr Oliva, des cliniques externes risquent de fermer si Québec maintient sa réforme. En abolissant le tarif spécial pour une première consultation, certaines spécialités pourraient perdre jusqu’à 40 % de leurs revenus, dont une partie sert à financer le roulement des installations.
«Il y a des médecins qui vont partir. Je ne sais pas combien, mais il y en a. Il y en a plein qui veulent partir», affirme le Dr Oliva. Des médecins pourraient également être séduits par les offres d’autres provinces canadiennes, qui les sollicitent directement.
De son côté, le ministre de la Santé, Christian Dubé, dit comprendre la réaction des spécialistes.
«Ce sont de gros changements qu’on demande. Deuxièmement, c’est leur prérogative d’entamer un processus légal. Mais moi, je me limiterai à dire que mon objectif est clair : améliorer l’accès aux patients», a-t-il déclaré.




