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«C’est le livre que j’aurais voulu écrire à l’époque»: Michel Jean revisite le tsunami de 2004 dans l’océan Indien avec son nouveau roman, «Kabasa»

Michel Jean a longtemps gardé en travers de la gorge l’échec de son livre Tsunamis, paru en 2017, dont il aimait profondément l’histoire, mais dont le tirage est demeuré modeste au Québec.

Sentant qu’il n’était pas allé au bout de ses idées, le romancier a donc décidé de reprendre le fil et d’en faire une version améliorée, cette fois avec beaucoup plus d’aplomb et de confiance. Il propose ainsi, depuis lundi, une relecture de Tsunamis dans un tout nouveau roman, Kabasa, paru aux Éditions Libre Expression.

«Ce n’était pas le livre que j’aurais voulu écrire», a-t-il confié en entrevue à l’Agence QMI à propos de Tsunamis.


PHOTO FOURNIE PAR LIBRE EXPRESSION

«À l’époque, je n’avais pas écrit Kukum, je n’avais pas écrit Qimmik, je n’avais pas écrit Tiohtià:ke. Puis je pense que je n’avais pas la maturité ou je n’avais pas les moyens de mon ambition. Je pense que je n’étais pas prêt à écrire ce que je voulais écrire», a ensuite affirmé l’ex-chef d’antenne de TVA.

Revisitant les mêmes lieux et les mêmes personnages, la prémisse des deux histoires reste sensiblement la même. Le journaliste Jean-Nicholas Legendre – qu’on a pu suivre à quelques reprises dans les œuvres de l’auteur à succès, notamment dans Un monde mort comme la lune – est envoyé au Sri Lanka pour couvrir les répercussions du séisme et du tsunami sans précédent qui ont frappé l’Asie du Sud-Est le matin du 26 décembre 2004.

La catastrophe a ravagé une bonne partie de l’Indonésie, de la Malaisie et de Sumatra, de même que la Thaïlande, la Birmanie et le Sri Lanka. De son côté, le journaliste d’expérience se remet lui-même d’un drame intrafamilial qu’il tente d’engourdir.


Photo Martin Chevalier

Dans un contexte de guerre civile, le reporter se rend dans le nord du pays, une région contrôlée par les rebelles tamouls. Il croisera sur sa route Kamala, une officière responsable d’une unité de combattantes d’élite, et tentera de discuter avec Tamilselvan, un des chefs du mouvement de libération tamoul.

«L’histoire se passe au Sri Lanka, mais parle aussi beaucoup du Québec», explique le romancier, qui tisse habilement des liens entre la résistance des Tamouls et celle des Premières Nations québécoises, qui est pour sa part pacifiste.

«Je parle de résistance autochtone, mais je pose aussi surtout la question: jusqu’où est-on prêts à aller pour défendre sa langue, son territoire, ses cultures, et jusqu’où ne sommes-nous pas prêts à aller?» a-t-il dit en entrevue.


Photo Martin Chevalier

«Au Québec, si on n’écoute jamais les demandes des Autochtones, ça génère de la colère, de l’impatience. La vérité et la réconciliation, ça ne peut pas marcher tout le temps si c’est juste les Autochtones qui disent oui», a poursuivi Michel Jean, indiquant que son livre était «un prétexte pour parler de cet enjeu» qui lui tient à cœur.

Il a aussi rappelé qu’à plusieurs moments de l’histoire, le ton était monté au Québec après que les Autochtones eurent refusé de plier, citant en exemple la crise d’Oka et celle du saumon à Restigouche.

Envoyé spécial

Michel Jean a lui-même couvert la catastrophe de 2004 qui s’est déroulée dans l’océan Indien. Il était à l’époque reporter pour Radio-Canada et avait, comme son personnage, rencontré Tamilselvan avant sa mort, pour une série de reportages.

«Le drame comme tel, c’était épouvantable: l’ampleur des dégâts, la mort et la destruction. C’est comme si, de Montréal jusqu’à Baie-Comeau, il n’y avait plus une seule maison», a-t-il dit en entrevue.

«J’ai été marqué aussi par la couverture qu’on a faite en territoire tamoul. C’était une guerre civile tellement violente, qui a fait tellement de morts et qui a duré tellement longtemps. Ce sont des gens qui arrivaient à tenir le nord du pays avec pas grand-chose: des tanks furtifs, des sous-marins, des avions dans la jungle. Et une extrême violence», s’est souvenu le journaliste, confiant qu’une bonne partie de Kabasa était inspirée de sa propre expérience et de conversations qu’il avait eues.

Kabasa est paru aux Éditions Libre Expression lundi. Au même moment, Michel Jean a été fait chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la France.

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