«Souvent, on oublie le côté humain»: comment deux faits divers ont poussé la journaliste Kathryne Lamontagne à écrire des livres

«Je ne caressais pas le rêve d’écrire un livre», se souvient Kathryne Lamontagne quand elle repense à ses débuts dans la salle de rédaction du Journal de Québec. L’actualité en a décidé autrement.
Tellement qu’au mois d’octobre, elle a fait paraître non pas un, mais deux ouvrages: le premier est consacré à l’arnaqueur sentimental Serge Rivard (Le prince charmant n’existe pas) et le second revient sur l’affaire Jacques Delisle (Le dernier procès: l’affaire Jacques Delisle).
«Je n’ai pas envie d’écrire un livre, c’est juste qu’il y a des histoires qui arrivent et qui me font dire: oh, mon Dieu, la matière est là pour écrire un livre, pour pousser l’histoire plus loin», révèle celle qui est rattachée au Bureau d’enquête de Québecor depuis 2021.
C’est le cas du dossier Jacques Delisle, qui est entré dans sa vie au début des années 2010 quand elle a été appelée à couvrir le procès de cet ex-juge accusé du meurtre de sa femme.
En 2014, Kathryne Lamontagne a publié un premier livre sur cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et qui allait connaître de nombreux revirements judiciaires. À ses yeux, la nouvelle édition de 2025 est presque un «nouveau livre».
Photo fournie par les Éditions du Journal
«Quand on a sorti le livre en 2014, nous en étions à Jacques Delisle qui crie son innocence, mais entre 2014 et aujourd’hui, il y a plus de 10 ans qui se sont écoulés. Jacques Delisle a eu un nouveau procès, il a livré une version des faits dans laquelle il reconnaissait qu’il avait menti, il a plaidé coupable et il est décédé. Il y avait quand même beaucoup de choses à raconter.»
L’humain derrière le fait divers
Pourquoi pousser ces histoires? Pour les histoires humaines qui se trouvent derrière chaque fait divers, répond l’auteure.
Dans Le prince charmant n’existe pas, elle a recueilli les témoignages d’une vingtaine d’amoureuses qui ont été dupées par un beau parleur qui leur promettait mer et monde pour mieux leur soutirer des milliers de dollars.
Photo fournie par LES ÉDITIONS DU JOURNAL
«Souvent, on oublie le côté humain, déplore-t-elle. On va parler d’une femme qui a été fraudée et qui a perdu 5000$, en se disant: 5000$, ce n’est pas beaucoup, il n’y a pas de violence, ce n’est pas grave. Mais non! On ne sait pas ce qui est arrivé. Comment elle s’est fait prendre, comment elle s’est relevée de ça, quels sentiments l’habitaient, quel message de prévention on peut lancer pour faire en sorte que ça ne se produise plus, c’est ça qui me fascine.»
Un automne chargé
Publiés aux Éditions du Journal, les deux ouvrages ont donné naissance à des documentaires déposés simultanément sur la plateforme illico+. Ajoutez à cela le nouveau mandat de Kathryne Lamontagne à l’émission Le parloir et son boulot au Bureau d’enquête et vous aurez compris qu’elle n’a pas eu une seconde à elle depuis la fin de l’été.
Ah oui! Elle a trouvé le temps et l’énergie de courir son 15e demi-marathon, il y a deux semaines.
«C’est un automne chargé. Je ne le cacherai pas, je suis épuisée», admet-elle.
Ça ne l’empêche pas de préparer la suite. Un livre et un documentaire, qui porteront sur des sujets différents cette fois, sont en chantier.
«La priorité, c’est toujours Le Journal, mais on dirait que je comprends maintenant comment je pourrais faire vivre certaines histoires ailleurs.»




