«Les Bilatérales III sont essentielles pour la place genevoise»

Finance à Genève
«Les Bilatérales III sont essentielles pour la place genevoise»
La fondation Genève Place financière plaide pour un encadrement mesuré des banques, tout en s’opposant à l’initiative «Pour l’avenir» des Jeunes socialistes.
Publié aujourd’hui à 09h39
Edouard Cuendet, directeur de la Fondation Genève Place financière.
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En bref:
- Le secteur financier genevois reste stable malgré l’instabilité géopolitique mondiale.
- Les banques intègrent davantage l’intelligence artificielle.
- Les accords bilatéraux III avec l’UE sont cruciaux pour la compétitivité genevoise, selon la Fondation Genève Place financière.
Après des années 2023 et 2024 plutôt fastes pour le secteur financier genevois, le voici à un tournant. L’arrivée de l’IA et les négociations avec l’Union européenne (UE) apportent leur lot de défis. Malgré cela, les projections pour 2025 et 2026 de la Fondation Genève Place financière relèvent une belle stabilité du secteur. Interview avec Edouard Cuendet, directeur de la fondation et auteur du rapport.
Comment se porte le secteur financier à Genève?
Edouard Cuendet: Plutôt bien. On note une grande stabilité dans les résultats des entreprises. Les grandes banques, les plus petites et les gestionnaires de fortune ont tous de bons résultats malgré une grande instabilité géopolitique. Rappelons qu’à Genève, le secteur financier emploie plus de 38’000 personnes, représente 12,9% du PIB et 23% des recettes fiscales.
Pourtant, les revenus fiscaux ont baissé, après deux années fastes…
2023 et 2024 étaient plutôt des exceptions, avec des bénéfices record pour les institutions financières. On ne peut pas avoir de très bons crus chaque année. Les résultats prévus pour 2025-2026 sont donc dans la norme, même si nous avons souffert de la baisse des taux d’intérêt! D’ailleurs, l’emploi reste très stable lui aussi.
Parmi les changements notables, il y a moins de clients provenant d’Europe de l’Est. Pourquoi?
C’est évidemment dû à la guerre en Ukraine et aux sanctions imposées à la Russie. En revanche, les banques accueillent toujours plus de clientèle du Moyen-Orient et de l’Union européenne. C’est notre cœur de marché à Genève, raison pour laquelle l’aéroport représente une infrastructure vitale pour notre secteur. Nous avons de la chance qu’une ville comme la nôtre soit aussi bien reliée.
Votre enquête montre que les entreprises intègrent aussi de plus en plus l’IA dans leur fonctionnement.
C’est un changement important. Une étude de l’Université de Lucerne estime que près de 50% des banques suisses utilisent déjà cette technologie. L’IA est utile à la fois dans les relations à la clientèle et dans l’investissement. Mais il est important de rappeler qu’elle reste un outil et ne remplacera jamais le facteur humain. La Confédération travaille sur une loi pour encadrer l’usage de l’IA.
Les banques genevoises attendent de vous un lobbyisme accru sur certains dossiers. Quels sont les sujets les plus sensibles?
Les bilatérales III constituent l’un des dossiers prioritaires. Ces accords visent à assurer la stabilité de nos relations avec l’Union européenne, notre plus grand partenaire commercial. Ils sont essentiels pour maintenir la compétitivité de la place financière genevoise, orientée vers l’international. Il s’agit aussi d’attirer des talents, car le secteur bancaire a besoin de personnes hautement qualifiées.
De plus, l’accès au marché européen demeure crucial pour les intermédiaires financiers. Et même si les services financiers ne sont pas inclus dans le paquet d’accords négociés, les Bilatérales III constituent un prérequis pour aller de l’avant sur ce point.
Enfin, la participation à la recherche via le programme Horizon Europe est indispensable. La Suisse figure en tête des classements mondiaux en termes d’innovation. Il s’agit de conserver ce statut.
S’aligner sur l’Europe, c’est risquer une réglementation plus stricte, non?
Pas forcément. Nous plaidons pour que le Conseil fédéral édicte des règles garantissant la stabilité du marché suisse, en respectant le principe de proportionnalité et en garantissant notre compétitivité. Sur l’IA, par exemple, la réglementation de l’UE est trop restrictive. La Suisse peut mieux faire.
Vous êtes fermement opposé à l’initiative des Jeunes socialistes «Pour l’avenir». Pourquoi?
Leur texte prévoit un impôt confiscatoire de 50% sur les successions pour les fortunes de plus de 50 millions. À Genève, cela concerne environ 360 contribuables. Il n’y a aucun doute que ces derniers partiraient si l’initiative était acceptée. Ce serait une catastrophe.
Non seulement ces personnes sont clientes de banques, mais leurs entreprises font surtout fonctionner le tissu des PME locales et créent des emplois. Leur départ péjorerait donc l’ensemble de l’économie.
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Se connecterEmilien Ghidoni est journaliste à la rubrique genevoise depuis août 2022. Il couvre en particulier les questions de mobilité au sein du canton de Genève et la commune de Vernier. Il est titulaire d’un Master en journalisme à l’Académie du journalisme et des médias à l’Université de Neuchâtel et d’un Bachelor en relations internationales.Plus d’infos@emilien_ghidoni
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