« Trump est temporaire », déclare le gouverneur de Californie

(Belém) En l’absence de Donald Trump à la COP30 au Brésil, c’est son principal opposant démocrate, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, qui a attiré la lumière mardi avec une défense sans ambiguïté de l’action climatique, en attendant 2028.
Publié à 11 h 45
Mis à jour à 18 h 07
« Trump est temporaire », a lancé mardi Gavin Newsom à Belém, ville d’Amazonie brésilienne qui accueille la conférence de l’ONU sur le climat, sans aucune délégation fédérale américaine pour la première fois de l’histoire des COP.
« Donald Trump redouble d’imbécillité », a-t-il déclaré en critiquant la marche arrière du gouvernement fédéral sur l’énergie et le climat, et le second retrait américain de l’accord de Paris, moteur de la coopération mondiale sur le climat.
Toute la journée, le virulent opposant à Donald Trump, considéré comme l’un des candidats les plus sérieux à la présidentielle de 2028, a répété que ses reculs étaient une « abomination ».
Il a multiplié les réunions et les évènements de haut niveau, avec le gouverneur de l’État brésilien du Para, avec un ministre allemand, avec le président brésilien de la COP30… goûtant aux spécialités culinaires amazoniennes, jus d’açai et cupuaçu, un fruit local.
Interrogé par l’AFP lors d’une visite dans la ville, il a affirmé qu’un président démocrate réintégrerait les États-Unis dans l’accord de Paris « sans hésitation ».
« C’est un engagement moral, c’est un impératif économique », a-t-il poursuivi.
À chaque étape, Gavin Newsom a vanté comme un modèle sa Californie, qui indépendante serait la 4e économie mondiale, et dont l’électricité a été « 100 % propre » (sans fossiles) neuf jours sur dix cette année.
PHOTO MAURO PIMENTEL, AGENCE FRANCE-PRESSE
Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom
« Avec humilité »
Les villes, les provinces, les régions de nombreux pays sont très présentes à cette COP pour démontrer que l’action climatique au niveau régional ou local complétait celle des États – même s’ils n’ont pas de siège dans les négociations onusiennes, réservées ici aux gouvernements membres de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC).
Également présente, la gouverneure démocrate du Nouveau-Mexique, Michelle Lujan Grisham, a affirmé que « lorsque le gouvernement fédéral s’engage, nous en faisons plus, et quand il se désengage, nous en faisons plus ».
L’absence de représentant de l’administration Trump est en tout cas un soulagement pour ceux qui craignaient que les États-Unis ne viennent torpiller les négociations, comme en octobre à l’Organisation maritime internationale (OMI) où un accord sur une taxe carbone a été coulé après des menaces américaines sur certains pays.
« C’est une bonne chose », a dit Christiana Figueres, ancienne cheffe de l’ONU Climat au moment de l’accord de Paris, mardi à Belém. « Ils ne peuvent pas prendre la parole. »
Le retrait de l’accord de Paris décidé par le président américain sera effectif en janvier 2026, mais les États-Unis restent membres de la CNUCC et garderont leurs sièges aux COP.
« La position de Trump est excessive », a dit à l’AFP Abe Assamoi, représentant de la Côte d’Ivoire à la COP, « parce qu’on sait que les changements climatiques sont une réalité ».
« L’absence des États-Unis ne compromet pas la COP », a souligné le premier ministre portugais, Luis Montenegro, jeudi dernier à Belém. Mais à long terme, le réengagement du pays, deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre, sera « indispensable », poursuit-il.
D’où la venue du gouverneur californien, « avec humilité », pour convaincre les pays qui perdent confiance dans les États-Unis à cause des va-et-vient sur le climat, de George W. Bush et la non-ratification du protocole de Kyoto à Donald Trump.
Quant à ses concitoyens, pour faire du climat un sujet moins partisan, Gavin Newsom a concédé qu’il cherchait encore la bonne recette.
« La grande majorité de mon public ne sait pas ce que Celsius veut dire, quand on parle de 1,5 °C. Cela fait combien en Fahrenheit ? » s’est-il interrogé en fin de journée. « Les émissions de gaz à effet de serre, elles flottent dans le ciel, elles atterrissent ? Nous avons besoin de meilleures métaphores. »


