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Le ministre Boulet veut tenter de mettre fin à la grève à la STM

Le ministre du Travail, Jean Boulet, souhaite se doter plus tôt du pouvoir de mettre fin aux grèves des employés de la Société de transport de Montréal (STM). Pour ce faire, il compte déposer mercredi un projet de loi qui viendrait devancer l’entrée en vigueur de la loi 14, qui donne à Québec le pouvoir de confier la résolution d’un conflit de travail à un arbitre s’il y a risque de dommages sérieux ou irréparables à la population.

Or, comme il n’y a pas de clause dans le texte législatif permettant de devancer la mise en application de la loi avec un décret, le ministre Boulet doit obtenir l’appui unanime des partis d’oppositions pour en appliquer les modalités prématurément.

Le député de Québec solidaire Alexandre Leduc a rappelé mardi que son parti ne voterait pas en faveur d’une telle loi spéciale. « Aujourd’hui, le ministre récolte le chaos qu’il a lui-même semé et il voudrait qu’on vienne réparer son gâchis ? Qu’il donne plutôt les moyens à la STM de négocier pour vrai », a-t-il lancé.

La Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lockout, de son nom complet, doit entrer en vigueur le 30 novembre prochain. M. Boulet a déposé mardi un préavis pour le dépôt d’un projet de loi « concernant l’entrée en vigueur » de la loi 14.

Pour sa part, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a estimé que la grève s’éternise à Montréal en partie à cause de la loi 14, qui crée un incitatif aux patrons à gagner du temps en espérant un dénouement par arbitrage forcé par le gouvernement. Ce dernier dit toutefois appuyer le devancement des mesures de la loi en raison des conséquences sur les usagers.

Face à une impasse dans les négociations avec la STM, les employés d’entretien ont déclenché une troisième période de grève pour ce cycle de négociation au début du mois de novembre. Le débrayage limite les services de bus et de métro aux heures de pointe du matin, du soir et de la nuit. L’avis de grève prévoit une fin de ces mesures de pression le 28 novembre prochain.

Une trêve réclamée

La mairesse désignée de Montréal, Soraya Martinez Ferrada, a demandé aux syndicats de suspendre leurs moyens de pression afin de conclure des ententes aux tables de négociation.

« Les Montréalais ne peuvent plus tolérer une grève comme celle-là et l’impact que ça a sur leur vie. Ce que je leur demande aujourd’hui, c’est de faire une trêve sur les [moyens de pression] pour qu’on puisse négocier sans avoir d’impact sur les citoyens », a-t-elle indiqué mardi lors d’une conférence de presse à l’hôtel de ville.

Si Québec réussit à devancer l’entrée en vigueur de la loi 14, un arbitre pourrait imposer des conventions collectives, a-t-elle rappelé. « L’arbitrage ne sera pas nécessairement bon pour l’un ou pour l’autre partie. Donc, ce que je dis aux syndicats et à la STM, c’est de se dépêcher de négocier et de démontrer leur bonne volonté aux citoyens montréalais en faisant une pause sur les mesures de grève. »

La semaine dernière, Soraya Martinez Ferrada avait dit souhaiter un règlement du conflit d’ici le 15 novembre, date à laquelle un autre syndicat, celui des chauffeurs d’autobus et opérateurs de métro, prévoit débrayer, ce qui pourrait paralyser le service pendant deux jours complets, comme ce fut le cas le 1er novembre dernier.

La mairesse désignée a toutefois reconnu qu’elle n’avait aucun pouvoir d’intervention si aucun règlement ne survient aux tables de négociation et si Québec n’arrive pas à devancer l’entrée en vigueur de sa loi. « Je n’ai pas de pouvoir autre que d’être la voix des citoyens qui trouvent ça insoutenable », a-t-elle déclaré.

Soraya Martinez Ferrada assure comprendre le rôle des syndicats et l’importance pour eux de faire des moyens de pression pour défendre leurs membres, mais, selon elle, le transport en commun devrait être considéré comme un service essentiel dans une ville comme Montréal. « Mon père a été chauffeur d’autobus pendant des années à la STM. Je crois aux syndicats qui défendent les conditions de travail des travailleurs. C’est important. Mais aujourd’hui, ce qu’on voit, c’est une ville qui est paralysée, qui est prise en otage, et c’est très différent. Les syndicats ont une responsabilité de donner un minimum de services, mais aussi de démontrer la bonne foi de négociation. »

Une loi redoutée par les syndicats

Le président du Syndicat du transport de Montréal-CSN, Bruno Jeannotte, qui représente les employés d’entretien, a réitéré mardi que la grève d’un mois est en réponse directe aux dispositions de la loi 14. « On a une fenêtre de règlement devant nous », a-t-il affirmé.

« La grève dérange beaucoup de monde et nous en sommes conscients. Mais sans ce moyen de pression, nous n’aurions pas réussi à faire progresser la STM après plus de 120 rencontres de négociation au neutre. Il faut maintenant qu’elle fasse les compromis nécessaires pour qu’on ait une entente rapidement », s’est désolé le président syndical.

Lors d’un point de presse plus tôt en novembre, la directrice générale de la STM, Marie-Claude Léonard, avait confirmé voir d’un bon œil le désir du ministre Jean Boulet d’intervenir dans le conflit de travail en forçant l’arbitrage.

En parallèle, les négociations entre la partie patronale et les chauffeurs d’autobus et opérateurs de métro sont aussi dans l’impasse. Ces derniers ont fait la grève le 1er novembre dernier, paralysant l’entièreté du réseau à l’exception du transport adapté. Ils ont déposé un nouvel avis de grève pour les 15 et 16 novembre prochains, demandant au Tribunal administratif du travail qu’il n’y ait ni métro ni autobus lors de ces deux journées de grève. Pour sa part, la STM souhaite un service aux heures de pointe.

Avec Jeanne Corriveau

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