Cérémonie du 13-Novembre | Macron promet une « réponse intraitable » en cas de nouvelle attaque contre la France

(Saint-Denis) Dix ans après les attentats du 13-Novembre, la France a rendu jeudi un hommage national aux victimes, où les noms des 132 morts ont été égrenés, après de sobres commémorations devant le Stade de France, des terrasses parisiennes et la salle de concert du Bataclan, lieux de la macabre odyssée des commandos djihadistes.
Publié à 14 h 14
Mis à jour à 15 h 00
Le président Emmanuel Macron a assuré lors de la cérémonie que « tout sera[it] fait pour empêcher toute nouvelle attaque », dix ans après les attaques les plus meurtrières jamais commises en France.
« Personne ne peut garantir malheureusement la fin des attentats, mais nous pouvons garantir que pour ceux qui prendront les armes contre la France, la réponse sera intraitable », a-t-il martelé.
À la nuit tombée, les cloches de Notre-Dame et de plusieurs églises de Paris ont résonné, marquant le début de la cérémonie, à Paris.
La chanson d’AC/DC Hells Bells, jouée en version instrumentale, a lancé officiellement l’hommage, avec une projection lumineuse représentant Marianne, l’allégorie de la République française, pleurant des larmes bleues et rouges.
PHOTO THIBAUD MORITZ, AGENCE FRANCE-PRESSE
La tour Eiffel s’est illuminée aux couleurs de la France.
Symbole fort, le chanteur des Eagles of Death Metal, groupe américain de hard rock qui se produisait au Bataclan ce soir de novembre 2015, a chanté You’ll never walk alone (« Tu ne marcheras jamais seul ») avec une chorale de rescapés.
Des personnes intervenues ce funeste vendredi ont ensuite égrené, dans un silence total, pendant près de dix minutes, le nom des 132 morts.
De très nombreux Français se souviennent avec effroi de cette nuit d’horreur. Des commandos téléguidés par le groupe État islamique ont visé le stade de France à Saint-Denis, au nord de Paris, des terrasses de bar et restaurants de quartiers animés et la salle de concert du Bataclan à Paris, assassinant 130 personnes et blessant des centaines d’autres. Depuis, deux rescapés se sont suicidés.
« Il y a dix ans, c’est la société qui a fait front, tous unis », s’est souvenu Philippe Duperron, président de l’association « 13onze15 », dont le fils Thomas a été tué au Bataclan, lors de la soirée d’hommage. « Merci pour cette cérémonie d’hommage où le rock prend sa place si symbolique ».
« Sortis de l’enfer »
Un peu plus tôt, les noms des 92 victimes du Bataclan avaient résonné devant la salle où les tueurs ont fait feu pendant près de trois heures jusqu’à l’assaut des forces d’élite (BRI).
Nombre de ses membres, visage masqué, étaient présents sur le lieu le plus meurtri des attaques.
Dans son discours, Emmanuel Macron – qui a décrit la douleur « insensée, injuste, insupportable » des victimes du 13–Novembre et de leurs proches – a annoncé la décoration prochaine de la Légion d’honneur des policiers intervenus au Bataclan.
PHOTO LUDOVIC MARIN, AGENCE FRANCE-PRESSE
Cérémonie à la mémoire des victimes des attentats du 13-Novembre
Devant les portes de la salle de concert, chacun attend son tour pour s’en approcher : certains se croisent, se reconnaissent, s’embrassent, se prennent longuement dans les bras ou échangent un petit mot de réconfort, avant de déposer à leur tour une fleur, une bougie, un signe de mémoire.
Et près des terrasses parisiennes qu’un commando avait mitraillées, tuant 39 personnes au total, c’est le silence qui régnait.
Devant chacun des lieux frappés par les commandos, Arthur Dénouveaux et Philippe Duperron, présidents d’associations de victimes, ont déposé des gerbes de fleurs, avant que le président Emmanuel Macron et la maire de Paris Anne Hidalgo ne fassent de même.
« Absence immense »
Les commémorations ont débuté dans la matinée par une cérémonie au stade de France, à Saint-Denis, avec la famille de Manuel Dias, première victime, tuée quand trois kamikazes se sont fait exploser devant les portes de l’enceinte où se jouait un match France-Allemagne.
« Nous n’oublierons jamais ; on nous dit de tourner la page dix ans après, mais l’absence est immense », a dit dans un discours poignant sa fille, Sophie Dias.
Un jardin mémoriel, fait de grandes stèles et de blocs de granit, évoquant la géographie des différents lieux visés, a également été inauguré au cœur de la capitale.
Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos djihadistes, a été condamné en 2022 à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible pour sa participation à ces attentats. Les neuf autres membres des commandos se sont fait exploser ou ont été abattus par les forces de l’ordre.
Ces attentats concluaient une année 2015 marquée par une série d’attaques djihadistes en France : la tuerie au sein de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo à Paris le 7 janvier (12 morts), le meurtre d’une policière municipale en banlieue parisienne le 8 janvier, une prise d’otage dans le magasin juif Hyper Cacher à Paris le 9 janvier (4 morts), le meurtre d’une mère de famille de 32 ans sur un parking près de Paris le 19 avril, et la décapitation d’un chef d’entreprise le 26 juin à Saint-Quentin-Fallavier (sud-est).




