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Très “autonome”, voire “têtu” : BSD, une remise en question pour se relancer

Benoît Saint-Denis après sa victoire contre Mauricio Ruffy en UFC, le 6 septembre 2025 à Bercy

Crédit: Getty Images

En un peu plus d’un an, Benoît Saint-Denis est passé du tout au tout, sportivement parlant. D’une série de deux défaites – dont une très marquante contre Renato Moicano à Paris en septembre 2024 – à un enchaînement de deux victoires, dont la dernière contre le Brésilien Mauricio Ruffy lors du dernier UFC Paris. Le moment de bascule de ce retour en forme ? Après un camp d’entraînement où il a tout géré tout seul à Bayonne, qui a abouti à la gifle contre Moicano, “BSD” s’est tourné fin 2024 vers le head coach à la mode du MMA français, Nicolas Ott. A qui il a décidé de laisser les clés du camion… après un certain temps d’adaptation.

Benoît Saint Denis au début de son combat contre Renato Moicano à l’UFC Paris, le 29 septembre 2024

Crédit: Getty Images

Mais Benoît Saint-Denis n’avait d’autre choix que de déléguer. Après la défaite contre Moicano, il s’est retrouvé dos au mur : “Je me suis beaucoup remis en question après mes défaillances en termes tactiques et de charge mentale, nous confie BSD. J’avais vu le travail de Nicolas avec Nassourdine (Imavov), ça m’a interpellé. Et à l’UFC Paris de 2024, je trouvais qu’il était bien encadré. C’est un truc qui me manquait, un chef d’orchestre. C’est moi qui chapeautais un peu le tout, ça prenait beaucoup d’énergie”

Reste que le choix n’était pas évident pour un athlète qui ne donne pas sa confiance facilement. D’autant plus qu’il sortait d’une séquence dans laquelle il s’est enfermé dans sa bulle, bâtie dans le Sud-Ouest de la France, où il a choisi d’installer sa zone de confort avec sa famille et où il organisait lui-même ses semaines d’entraînement et leur contenu. Mais où la densité de partenaires d’entraînement de top niveau mondial demeure faible. 

Tisser une nouvelle relation de confiance

Faire, confiance à Nicolas Ott, “ç’a mis du temps, glisse le combattant. La vraie confiance, c’est quand tu as commencé à aller au charbon avec le coach. C’est venu après le combat contre Prepolec (victoire par soumission en mai 2025). (…) Maintenant, on est soudés avec Nicolas. Le combat contre Ruffy, ç’a été réellement le premier où il a pu bien mettre sa patte parce qu’il y avait un respect mutuel qui s’est installé.” Cela sautait aux yeux. Ce soir-là à Paris, le “God of war”, habitué à foncer et mettre une pression pas possible à ses adversaires, a appliqué à la lettre la stratégie concoctée par son coach.

Benoît Saint-Denis et son équipe, le 6 septembre 2025 à Paris

Crédit: Getty Images

Même son de cloche du côté de l’entraîneur, qui se remémore les prémices de leur travail en commun : “Ce n’était pas facile pour lui quand on s’est rencontré, il sortait d’une défaite très compliquée. Il y avait un jugement médiatique dur et des blessures physiques à réparer. Si on ajoute à tout ça le fait qu’il est arrivé dans un nouvel environnement, avec beaucoup de partenaires très forts…”. 

D’autant plus dur que désormais, BSD doit jongler entre Paris et Bayonne, entre la salle d’entraînement où officie Nicolas Ott et le foyer familial. Pas de quoi attendrir le coach, connu pour exiger de ses athlètes un très haut niveau d’investissement physique et mental. “Il a pris sur lui, il a été patient, il a fait confiance et ça lui a permis de progressivement de reprendre confiance, de reprendre de la force, de progresser”, se satisfait le head coach.

Imavov, Saint-Denis, Gomis… Comment Nicolas Ott a séduit le MMA français

Et ce, malgré un côté très autonome de Saint-Denis. Romain Debienne, un de ses anciens partenaires d’entraînements, se souvient : “C’est quelqu’un qui est dans sa bulle à l’entraînement, très concentré. Il fait son échauffement de son côté, je ne l’ai jamais vu évoquer des sujets pour rigoler en début d’entraînement (rires)”. Autonome… et même un peu têtu. “Il y a beaucoup de choses qu’il pense connaître de lui-même et de sa façon de combattre, poursuit Romain Debienne. D’ailleurs, on le voit dans son style, il fonce beaucoup. C’est un guerrier et il croit beaucoup en ce qu’il fait.”

“Il a fait des choix un peu seul tout au long de sa carrière”

Ce sont ces caractéristiques qui ont fait sa force, quand son style de combat très rentre-dedans l’a porté jusqu’à l’entrée du top 10 des poids légers de l’UFC. Et sa faiblesse, quand il s’est entêté à tout prendre en main avant sa dernière défaite en septembre 2024. Un trait de caractère avec lequel il a fallu composer, mais qui n’a jamais vraiment gêné Nicolas Ott : “La particularité de Benoît, c’est qu’il a eu beaucoup d’autonomie dans ce qu’il a fait. Bien sûr qu’il y avait Daniel Woirin (son premier coach), mais aussi pas mal de domaines comme la lutte, le sol… où il a fait des choix un peu seul tout au long de sa carrière.” 

Aussi, rappelons-le, le combattant a connu une ascension ultra rapide. Quatre ans et demi après son premier combat chez les professionnels, il se retrouvait au Madison Square Garden à mettre K.-O. Matt Frevola fin 2023. Le genre de parcours qui ne laisse pas de place à la remise en question, puisque tout roulait et qu’il terminait ses adversaires avant même le début du troisième round. Et puis, “il y a une vraie différence entre être têtu et être obtus, tempère Nicolas Ott. Benoît, à partir du moment où il a compris que c’étaient des axes de progression qui lui permettaient d’être meilleur, il va travailler dessus, les mettre en place et les essayer.”

Les deux hommes se sont finalement bien trouvés

Aujourd’hui, les deux hommes, en grand amoureux de MMA, ont trouvé la longueur d’ondes qui leur convient. “On a deux approches très complémentaires, explique Saint-Denis. Nicolas, il a une grosse analyse vidéo et une analyse tactico-technique des adversaires. Moi, j’ai davantage une analyse instinctive de la puissance que le gars dégage, des positions, etc…. Ça nous arrive aussi de débattre, on n’est pas toujours d’accord sur tout. Des fois, on discute et on teste des choses. Ça marche très bien”, sourit-il.

Beneil Dariush en UFC le 2 décembre 2023, à Austin

Crédit: Getty Images

Le binôme va connaître son plus gros test à New York, dans la nuit de samedi à dimanche. Beneil Dariush est un sacré client, qui a déjà connu les très hautes sphères de l’UFC, et qui aura des réponses très solides à donner à l’agressivité dans la lutte et le jeu au sol du Français. L’occasion aussi d’empocher un joli pactole. Dariush n’étant pas parvenu à faire le poids pour le combat (71,3 kg à la pesée), un accord a été trouvé entre les deux parties pour maintenir le duel, avec en échange 20% de la bourse de l’Américain qui reviendra à “BSD”. De quoi rendre potentiellement la soirée bénéfique sur tous les plans.

Beneil Dariush et Benoît Saint-Denis lors de la conférence au Madison Square Garden de New York, le 13 novembre 2025

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