Du calvados au gin, chez Guillaume Drouin, la pomme est dans le verre

Les yeux aussi pétillants que ses cidres, qu’il transforme en trésors d’eaux-de-vie, Guillaume Drouin vit dans un paradis où croquer la pomme n’est pas un péché. A l’orée de Pont-l’Evêque (Calvados), sa ferme pittoresque aux diverses bâtisses à colombages s’impose comme l’un des plus beaux témoignages du patrimoine architectural du pays d’Auge. Ce n’est pas le fameux fromage carré qui nous amène dans cette Normandie verte et vallonnée, à quinze minutes de Deauville, mais le tout aussi célèbre calvados. Entre les pommiers aux troncs étrangement élevés, les toits couverts de chaume et le courant discret de la Touques qui traverse la propriété, la maison Christian Drouin accueille chaque année 35 000 visiteurs.
Depuis plus d’un an, ces derniers peuvent même prolonger leur visite de la distillerie en déjeunant au Pré-Verger, une crêperie-salon de thé aux allures de salle à manger, avec son imposante armoire normande, ses poutres au plafond et son feu de cheminée en hiver. Au menu : galettes de sarrasin garnies d’andouille de Vire, de camembert ou d’autres spécialités locales, crêpes sucrées, teurgoule ou tarte Tatin. Et, pour accompagner tout cela, un verre de cidre, de poiré ou de calvados. « Il n’y a pas de meilleur moyen pour faire connaître nos produits », sourit Guillaume Drouin, troisième génération à la tête de cette entreprise familiale devenue une référence mondiale.
A côté du restaurant, une salle exposant de nombreuses récompenses témoigne de cette renommée. « Cette année, on a dépassé les 300 médailles, déclare fièrement le maître des lieux. C’est mon grand-père [fondateur de l’entreprise en 1960] qui a commencé à présenter ses calvados dans les différents concours. »
« Mozart de l’alambic »
A l’époque, Christian Drouin père dirige une affaire de fertilisants à Rouen et la production de calvados n’est pour lui qu’un hobby. Il achète une ferme à Gonneville-sur-Honfleur, au nord du pays d’Auge. « Au début, il avait simplement en tête de vendre ses pommes, raconte Guillaume Drouin, sauf que leur récolte minutieuse lui coûtait plus cher que la vente elle-même. » Amateur de calvados, mais n’y connaissant pas grand-chose en distillation, il loue les services d’une légende locale en la matière, Pierre Pivet, un bouilleur ambulant surnommé « le Mozart de l’alambic ».
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