Dossier | Salon du livre de Montréal | Les nouvelles voix littéraires de 2025 (3 articles)

Dans l’ordre des choses, le premier roman de Danièle Belley, prend-il fait et cause pour la banlieue, cet espace trop souvent décrit comme là où s’envolent les rêves, pour mieux mourir ? « Je ne suis pas là à crier “Vive la banlieue !” », répond l’autrice en riant doucement. « Mais je trouvais qu’il y avait quelque chose à réparer. Ce livre, c’est ma petite tentative pour rééquilibrer les choses. »
Publié à 5 h 30
Il faut imaginer Sisyphe heureux, certes, mais l’aurait-il été s’il s’était retrouvé non pas devant une véritable montagne, mais devant un monticule de linge propre à plier ? Danièle Belley aime à penser que oui : « Je pense en tout cas que c’est par les plus petites portes, les choses les plus pauvres, comme plier du linge, qu’on entre dans les plus grands espaces intérieurs. »
Il y a sept ans, l’autrice et comédienne formée au Conservatoire d’art dramatique de Québec s’installait à Chambly, où elle vit avec son amoureux et leurs deux fils de 4 et 7 ans. Il s’agissait en quelque sorte d’un retour au décor de sa jeunesse pour celle qui a grandi à Cap-Rouge, en banlieue de Québec.
Avec ses allers-retours entre une adolescence construite dans le rejet du conformisme et un présent où une femme doit bien admettre qu’elle est un peu devenue ce sur quoi elle a longtemps craché, Dans l’ordre des choses parle avec autant de lucidité que d’autodérision de cette idée de soi-même dont il faut un jour se dépouiller. De ces idéaux auxquels il faut non pas renoncer, mais apprendre à les réaménager, surtout lorsque son quotidien est soumis au rythme harassant de la parentalité.
« C’est un peu un livre sur la mort du moi », résume celle qui est arrivée à l’écriture d’un premier roman par la publication d’amusantes critiques viticoles sous le pseudonyme La Limonadière et qui travaille comme rédactrice professionnelle, depuis qu’elle a mis de côté la scène.
Il y a énormément de liberté qui naît dans ce délestage de ce qu’on avait cru qu’on serait.
Danièle Belley
Sa narratrice, qui lui ressemble beaucoup, n’est donc ni une de ces prosélytes du 450 ni une prisonnière d’une constellation de piscines hors terre. « Je me situe tout le temps entre deux pôles, explique-t-elle. Il y a une forme de détresse dans le livre, mais aussi un désir de voir comment il est possible de rester punk, de trouver sa liberté, en tondant sa pelouse. »
Danièle Belley évoque un aphorisme de Kafka – « Une cage s’en fut à la recherche d’un oiseau » – qui témoigne bien du renversement de perspective auquel s’attelle son livre. « Et si, justement, on n’était pas des oiseaux pris en cage, mais des cages façonnées par tous ces construits sociaux, par tous nos empêchements internes et externes, à la recherche d’un oiseau pour nous habiter ? »
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Dans l’ordre des choses
Éditions de Ta Mère
256 pages




