Postes Canada prévoit perdre 30 000 employés par attrition d’ici 2035

«À l’avenir, nous devrons devenir une organisation plus légère et aligner nos activités sur les besoins modernes du pays et notre réalité financière», a affirmé Doug Ettinger lors de la réunion publique annuelle de Postes Canada, mardi.
«Cela nécessitera certains changements, mais nous pouvons le faire de manière à minimiser l’impact sur notre personnel.»
Il a ajouté que l’entreprise allait d’abord recourir à «l’attrition en premier» pour réduire le nombre de ses employés, qui était d’environ 62 000 à la fin de l’année dernière.
L’entreprise prévoit de se séparer de 16 000 employés d’ici 2030, au moyen de départs à la retraite ou de départs volontaires, et de 14 000 autres d’ici 2035.
M. Ettinger n’a pas précisé si des licenciements supplémentaires seraient nécessaires pour atteindre les objectifs financiers dans les années à venir. Postes Canada a déjà connu une vague de licenciements au sein de sa direction au début de l’année.
Un déclin financier sans précédent
Les discussions sur la réduction des effectifs du service postal ont fait suite à la publication de nouveaux chiffres alarmants montrant l’ampleur du déclin financier de Postes Canada.
La chef des finances de Postes Canada, Rindala El-Hage, a expliqué plus tôt lors de l’assemblée que la société était «effectivement insolvable», avec des pertes dépassant le milliard de dollars au cours des neuf premiers mois de l’année, soit 239 millions $ de plus que les pertes enregistrées pendant la même période en 2024.
Elle a ajouté que la société avait enregistré une perte «sans précédent» avant impôts de 541 millions $ pour le seul troisième trimestre, battant ainsi le précédent record de la plus grande perte trimestrielle de l’histoire de Postes Canada, établi au deuxième trimestre de cette année.
Postes Canada a accumulé des pertes avant impôts de 3,8 milliards $ entre 2018 et 2024. Selon Mme El-Hage, la société s’attend à enregistrer sa plus forte perte annuelle à ce jour en 2025.
M. Ettinger a indiqué mardi que le modèle commercial de Postes Canada se détériorait, le nombre de lettres envoyées diminuant chaque année. La concurrence acharnée dans le secteur de la livraison de colis et les perturbations causées par un conflit de travail en cours avec le plus grand syndicat de la société d’État plongent également l’entreprise dans le rouge.
Prêt du fédéral
En janvier, le gouvernement fédéral a accordé à Postes Canada un prêt remboursable de 1,034 milliard $, qui pourra être utilisé au besoin tout au long de l’année pour maintenir la solvabilité de l’entreprise et soutenir ses activités.
M. El-Hage a précisé mardi que l’entreprise avait utilisé 755 millions $ de ce prêt au cours du seul troisième trimestre de l’année, auxquels s’ajoutent 200 millions $ supplémentaires prélevés en dehors de ce trimestre.
«Malheureusement, la réalité aujourd’hui est que, lorsque Postes Canada perd de l’argent, ce sont les contribuables qui paient la note», a déclaré M. Ettinger.
«Non seulement cela n’est pas viable, mais c’est également inutile et, très franchement, inacceptable.»
M. Ettinger a souligné que s’appuyer sur le gouvernement fédéral pour obtenir des aides financières continues n’était pas une stratégie viable et que les changements apportés au mandat du service postal en septembre aideraient l’entreprise à adapter ses activités aux réalités modernes de la distribution du courrier.
Postes Canada a soumis un plan au gouvernement fédéral au début du mois afin de tirer parti de ces changements, mais les détails de la proposition n’ont pas été rendus publics, Ottawa étant en train de l’examiner.


