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Campagne de séduction de Saab | Le partenariat militaire entre le Canada et la Suède pourrait s’étendre à l’espace

(Ottawa) Le Canada et la Suède pourraient nouer un partenariat militaire prometteur et de grande portée si le gouvernement Carney juge opportun d’acheter des avions de chasse Gripen E et des avions de surveillance GlobalEye qui seraient entièrement construits au Canada.


Publié à 6 h 00

Ce partenariat militaire pourrait même s’étendre à l’espace et aux missions spatiales, avance Marcus Wandt, un ancien pilote d’avion de chasse et ancien astronaute qui est aujourd’hui directeur du Groupe de la stratégie et de la technologie de la multinationale suédoise Saab.

« Les ambitions de Saab au Canada, c’est essentiellement de trouver un partenaire solide avec qui nous avons beaucoup en commun, les mêmes valeurs, les mêmes objectifs », a affirmé M. Wandt dans une entrevue accordée à La Presse dans les bureaux de Saab au centre-ville d’Ottawa.

« Nous avons à notre disposition des équipements modernes et de qualité et aux multiples fonctionnalités, le Gripen et le GlobalEye, qui pourraient intéresser le Canada », a-t-il ajouté.

Il y a tellement de choses que nous pouvons faire ensemble pour renforcer et défendre la souveraineté de nos pays respectifs

Marcus Wandt, directeur du Groupe de la stratégie et de la technologie de Saab

La Suède et le Canada partagent non seulement la même passion pour le hockey, mais aussi la même détermination à défendre leur souveraineté, a-t-il aussi avancé, rappelant que les deux pays sont membres de l’OTAN.

Collaborer dans le domaine spatial

Au moment où le gouvernement Carney souhaite reconstruire une industrie canadienne de la défense, un partenariat avec la Suède, qui a construit une solide industrie militaire depuis la Seconde Guerre mondiale, pourrait permettre au Canada d’y arriver plus rapidement, a également fait valoir M. Wandt, qui a été choisi pour participer à une mission spatiale de la NASA au printemps 2023.

« Nous avons de grandes ambitions pour l’espace. Et nous savons que le Canada a beaucoup de capacités dans le domaine spatial. Nous pourrions aussi collaborer davantage avec le Canada dans ce secteur. C’est assurément quelque chose qui nous intéresse », a-t-il dit.

La Suède mène une intense campagne de séduction cette semaine auprès du gouvernement Carney dans l’espoir d’obtenir une partie des quelque 82 milliards de dollars de nouvelles dépenses militaires que compte faire le Canada au cours des cinq prochaines années.

Le roi de Suède, des ministres du gouvernement et des dirigeants de grandes entreprises ont multiplié les rencontres à Ottawa et à Montréal afin de convaincre notamment les autorités canadiennes d’acheter des avions de chasse Gripen et des avions de surveillance GlobalEye.

Dans le cas des avions de chasse, Saab était arrivée deuxième après la société américaine Lockheed Martin en 2023 pour l’obtention d’un contrat de quelque 19 milliards de dollars. Mais le premier ministre Mark Carney a demandé une révision du contrat d’acquisition de 88 avions de chasse F-35 afin de déterminer s’il représente bien le meilleur investissement. Cette révision n’a pas encore abouti, mais la ministre de l’Industrie, Mélanie Joly, a affirmé cette semaine que les retombées industrielles du contrat n’étaient pas suffisantes pour le Canada.

Légalement, le Canada doit prendre possession de 16 avions F-35 à compter de l’an prochain, mais pour le reste de la commande, soit les 72 autres appareils, aucun contrat n’a été signé.

Dans sa soumission, Saab s’était engagée à assembler et à entretenir les avions au Canada, et à transférer la propriété intellectuelle au gouvernement canadien. La société suédoise avait aussi promis de construire un centre de recherche et d’excellence à Montréal.

En entrevue, M. Wandt a rejeté les affirmations selon lesquelles le Canada se tirerait une balle dans le pied en ayant deux flottes d’avion de chasse. Il a soutenu que le Gripen était entièrement interopérable avec les systèmes des avions des autres pays membres de l’OTAN. Il a d’ailleurs piloté le Gripen durant la mission de l’OTAN en Libye en 2011.

« Le Gripen et le F-35 sont entièrement compatibles », a-t-il affirmé.

Il a aussi affirmé que des pays comme la Pologne et l’Allemagne ont deux flottes d’avions de combat à leur disposition. « La Suède, la Finlande, la Norvège et le Danemark font des entraînements aujourd’hui même avec le Gripen et le F-35 ensemble », a-t-il indiqué.

Offre bonifiée

Au cours des derniers jours, Saab a bonifié son offre en proposant de construire au Canada de 100 à 150 avions de chasse Gripen destinés à l’Ukraine. L’entreprise calcule que 10 000 emplois pourraient être créés au Canada pour construire cet appareil.

Et 3000 autres emplois pourraient être créés si le gouvernement du Canada décidait d’acheter des avions de surveillance GlobalEye, construits en partenariat avec Bombardier et basés sur le Global 6000 du constructeur québécois. La délégation suédoise sera d’ailleurs à l’usine de Bombardier à Montréal ce jeudi.

En entrevue, Marcus Wandt n’a pas voulu dire si ces appareils seraient construits dans la région de Montréal ou ailleurs au pays.

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