Trends-CA

Trente ans après « Du pain et des roses » | Des milliers de femmes marchent à Québec

(Québec) Trente ans après la marche des femmes « Du pain et des roses » initiée par la Fédération des femmes du Québec et sa présidente d’alors, Françoise David, contre la pauvreté des femmes et la violence, des milliers de personnes ont récidivé ce samedi et ont convergé vers l’Assemblée nationale du Québec.  

Mis à jour le 18 octobre

Audrey Sanikopoulos

La Presse Canadienne

La lutte est loin d’être terminée pour les femmes dans le monde, mais aussi au Québec, a rappelé Julie Antoine, coordinatrice générale de la Coalition féministe contre la violence envers les femmes et co-porte-parole de la Marche mondiale des femmes.

« C’est un devoir de continuer à militer pour les femmes qui étaient là avant, parce que l’égalité de fait n’est pas acquise, puis aussi pour les prochaines générations pour dénoncer les injustices, pour leur proposer un monde meilleur », a-t-elle expliqué en entrevue avec La Presse Canadienne.

Le thème de la Marche mondiale des femmes à Québec est « Encore en marche pour transformer le monde ». Plus de 16 000 personnes y ont participé, d’après l’organisation.

Cette grande journée de mobilisation collective vise encore une fois à dénoncer la pauvreté et les violences faites aux femmes, mais aussi « la crise environnementale afin d’opposer une vision d’un monde juste, solidaire et féministe », selon les organisatrices de l’évènement.

Pour Mme Antoine, il n’est pas normal de manifester encore 30 ans plus tard pour faire entendre les mêmes revendications que lors de la marche « Du pain et des roses », qui s’était tenue le 4 juin 1995.  

« Ça démontre justement que les structures sont très ancrées et sont présentes depuis beaucoup plus longtemps », a-t-elle avancé.

La députée solidaire Manon Massé, qui avait participé à l’organisation de la marche « Du pain et des roses » en 1995, juge qu’il y a eu des reculs sur les droits des femmes malgré certaines avancées.

Elle a notamment pris l’exemple de l’équité salariale pour illustrer son propos.  

« C’est fou, ça fait 30 ans qu’on pense que c’est réalisé, mais pas du tout. Les femmes sont encore en inégalité salariale », a-t-elle souligné au bout du fil.

Des discours inquiétants

Les deux femmes sont aussi préoccupées par la montée de certains discours virulents sur la place des femmes ces dernières années.

« Il y a des actes concrets qui sont faits à l’encontre des droits des femmes et à l’encontre du fait qu’elles veulent prendre la parole, ce qui est vraiment dangereux encore en 2025 », a mentionné Mme Antoine.

De plus en plus, il y a dans l’espace public des discours qui sont très désobligeants pour les femmes de toute origine qui sont déconsidérées, où les préjugés tournent à tour de bras.

Manon Massé, députée de Québec solidaire

Selon elle, le danger est que l’on accepte de plus en plus cette forme de violence dans le discours public.

La marche tenue samedi n’est que l’un des nombreux évènements qui ont été organisés depuis mars par la Coordination du Québec de la marche mondiale des femmes (CQMMF). Julie Antoine ne sent pourtant pas que les voix des femmes ont été entendues.

« Ce sont elles les expertes de leur vécu, on ne doit pas faire des choix à leur place, on doit les écouter, a martelé la co-porte-parole. S’il y avait plus d’écoute, les choses avanceraient plus vite. »

Et il n’y a pas que les femmes qui participaient à la manifestation de samedi. Les hommes aussi.

La lutte féministe ne se fait pas seule, c’est une lutte égalitaire. C’est important que les hommes soient là, ils font partie de la solution.

Julie Antoine, co-porte-parole de la Marche mondiale des femmes

Plusieurs syndicats ont annoncé que des centaines de leurs membres, comme de la CSN, de la CSQ et de la FTQ, participent à la marche, tout comme le mouvement Mères au front.

Manon Massé est tout de même sortie revigorée de cette marche à Québec.

« Pour moi, aujourd’hui, c’est comme une recharge électrique en format rapide. […] J’entends les gens se donner beaucoup d’amour, de reconnaissance, qui se disent qu’elles vont continuer de lutter ensemble, a-t-elle raconté. Moi, ça me donne de l’espoir et du gaz pour continuer la lutte. »

En 1995, la marche des femmes contre la pauvreté initiée par Françoise David, qui a plus tard été députée de Québec solidaire à l’Assemblée nationale jusqu’à sa démission en 2017, avait pris la forme d’une marche de 10 jours, soit du 26 mai au 4 juin 1995.

Le 4 juin 1995, plus de 15 000 femmes avaient défilé devant l’Assemblée nationale du Québec pour réclamer de meilleures conditions de travail et de vie. De ce nombre, 800 femmes faisant partie de trois contingents qui avaient marché 200 km pour s’y rendre lors de cette marche connue aujourd’hui sous le thème de l’époque « Du pain et des roses ».  

Related Articles

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button