Loi 2 | Elle-même médecin, la fille de Lionel Carmant pourrait quitter le Québec

La médecin spécialiste Laurence Carmant, fille du ministre Lionel Carmant, pourrait quitter le Québec en raison de la loi 2. Dans une lettre publiée dans Le Devoir, elle affirme qu’elle n’aura « malheureusement d’autre choix que de partir pour une autre province » si le gouvernement québécois ne lui « permet pas de pratiquer librement ».
Publié à 16 h 59
La jeune médecin est spécialisée en thérapie fœtale, c’est-à-dire pour soigner in utero les bébés malades. Elle explique dans sa lettre avoir passé les trois dernières années à Toronto afin d’y acquérir cette expertise. Elle dit avoir décliné une offre de carrière universitaire là-bas « par amour pour [sa] province », le Québec.
« Le ministre de la Santé, Christian Dubé, semble attribuer aux médecins le manque de productivité observé au Québec », écrit-elle dans sa lettre publiée dans Le Devoir. « Néanmoins, l’écart avec l’Ontario ne relève ni du manque de volonté ni de la paresse : c’est le symptôme d’un système profondément brisé. »
Elle affirme qu’à Toronto, elle pouvait voir huit à douze patientes lors d’un avant-midi de procédures diagnostiques (amniocentèses, biopsies choriales). Au Québec, écrit-elle, « on m’indique que je ne peux en voir que trois dans le même laps de temps ».
« Même médecin, même motivation, mêmes compétences : ma productivité chute de 75 % », poursuit-elle.
Elle estime que cette productivité baisse de 50 % lors de journée de clinique de grossesses à risque, où elle peut voir au maximum 35 patientes, contre 60 à 70 patientes à Toronto.
« Les médecins ne sont ni à plaindre ni à placer sur un piédestal par rapport à d’autres professions, affirme-t-elle. Je ne demande pas d’augmentation salariale, mais je constate simplement que les pénalités individuelles de productivité, souvent causées par un système brisé, ne sont probablement pas la bonne solution. »
La Dre Carmant demande au ministre de la Santé Christian Dubé de s’« asseoir, d’examiner notre système en profondeur et de l’optimiser avant de pénaliser celles et ceux qui veulent simplement travailler ».
« Pas facile à la maison »
En mêlée de presse mardi, le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, avait reconnu que cela n’était « pas facile à la maison » en ce moment.
« Ma femme est médecin, ma fille est médecin, elle commence sa pratique. Et elles sont fâchées », avait-il dit.
Interrogé à ce sujet à la sortie du conseil des ministres mercredi, Lionel Carmant avait affirmé ceci : « Ma famille reste au Québec. »
Une déclaration faite avant la publication de la lettre dans Le Devoir. Interpellé par la suite, le cabinet du ministre Lionel Carmant n’a pas souhaité faire de commentaires.




