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À quoi ressemblerait un référendum à l’ère numérique?

En octobre 1995, Internet était un front largement périphérique dans la bataille référendaire sur l’indépendance du Québec. Qu’en serait-il trente ans plus tard avec l’émergence des leaders d’opinion du numérique ? Le Devoir s’est entretenu avec deux d’entre eux à propos d’un éventuel référendum qui serait tenu à l’ère des balados, des clips TikTok et des reels Instagram.

Pour Farnell Morisset, il n’y aurait pas tellement de différences en matière de portée entre les éditorialistes de 1995 et les info-influenceurs d’aujourd’hui. « Je ne suis pas prêt à dire qu’il y a un changement fondamental », lance l’avocat de Québec, dont les capsules filmées d’une main à l’aide d’un simple téléphone sont suivies par 110 000 abonnés sur TikTok.

À ses yeux, le numérique n’est que le prolongement des médias traditionnels. « Est-ce que j’occupe une fonction sociale différente de celle d’un Richard Martineau dans l’écosystème médiatique ? », demande Farnell Morisset, en prenant soin de préciser qu’il est loin de ce dernier sur le fond.

« On nous présente comme le mainstream nouveau, mais je nous vois plutôt comme périphériques », constate quant à lui Benjamin Tremblay, de la chaîne YouTube 7 jours sur Terre. « Les médias [traditionnels] déterminent encore beaucoup ce qui se dit sur le Web », ajoute celui dont les revues de presse enregistrées dans un vaste studio du centre-ville de Québec sont regardées par 430 000 abonnés.

Engagement

Farnell Morisset ne resterait pas sur les lignes de côté si un référendum était déclenché à la suite d’une victoire du Parti québécois en octobre 2026. « Mon but, c’est de participer aux discussions publiques à ma façon, alors c’est sûr que je vais vouloir participer. »

L’info-influenceur refuse toutefois de se prononcer de manière tranchée sur le camp qu’il rejoindrait le moment venu. « C’est comme si c’étaient des équipes de hockey », dit-il, en évoquant les étiquettes souverainiste et fédéraliste. « Je ne suis pas quelqu’un qui aime la partisanerie, ça me pue au nez ! »

Farnell Morisset prend les devants à ce propos en rappelant son implication passée au Parti libéral du Québec et au Parti libéral du Canada. « J’ai été actif pour des campagnes électorales d’amis proches, comme Joël Lightbound, dit-il. Je trouve ça drôle quand les gens le découvrent, comme si c’était quelque chose que je cachais, alors que j’en parle ouvertement ! »

Benjamin Tremblay, lui, n’hésite pas à se positionner de façon claire pour l’option du Oui dans le cadre d’un éventuel référendum. « Si on m’appelle pour supporter la cause de quelque manière que ce soit, c’est sûr et certain que je lèverais la main ! »

Cet engagement ne compromettrait pas l’impartialité de sa chaîne consacrée à la géopolitique internationale, précise Benjamin Tremblay. « J’ai un biais personnel en faveur de l’indépendance du Québec, donc je le mentionne et je le partage de manière analytique, mais je le présente toujours comme mon opinion. »

Les deux tiers des abonnés de 7 jours sur Terre sont répartis à travers la francophonie internationale contre un tiers au Québec. « Si on traitait de la question québécoise, il serait mal avisé d’en faire un cheval de bataille, parce que notre auditoire s’attend à ce qu’on examine la question avec sérieux et rigueur », conclut-il.

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