Publicité de Doug Ford | Mark Carney s’excuse, mais Donald Trump ne veut pas reprendre les négociations

(Ottawa) Le président américain, Donald Trump, a affirmé vendredi à bord d’Air Force One que le premier ministre Mark Carney lui avait présenté ses excuses pour la publicité antiprotectionnisme du gouvernement de l’Ontario. Il n’a pas l’intention de reprendre les négociations avec le Canada pour autant.
Mis à jour le 31 octobre
« Il a été très gentil. Il s’est excusé pour ce qu’ils ont fait dans la publicité parce que c’était une fausse publicité », a affirmé le président américain à bord de l’avion présidentiel en direction de Palm Beach, en Floride.
Les deux hommes ont partagé la même table mercredi lors d’un souper organisé par le président sud-coréen, Lee Jae-myung, en marge du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC). Il s’agissait de leur première rencontre en personne depuis l’arrêt brutal des négociations commerciales décrété par M. Trump la semaine dernière.
Le président américain n’a pas du tout apprécié la publicité du premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, qui reprend des extraits d’un discours de l’ancien président Ronald Reagan, le père du libre-échange, contre les droits de douane.
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M. Trump soutient que le président Reagan « aimait les tarifs douaniers ». Il avait affirmé faussement la semaine dernière que son message avait été manipulé.
Lorsqu’une journaliste lui a demandé vendredi s’il allait reprendre les négociations avec le Canada, M. Trump a répondu par la négative.
« Non, mais j’ai une très bonne relation [avec lui]. Je l’aime beaucoup, mais vous savez ce qu’ils ont fait, c’était mal. »
Il a souligné à trois reprises que le premier ministre Carney s’était excusé. L’équipe de M. Carney n’a pas voulu confirmer cette information se limitant à dire qu’il ferait le point sur son voyage en Asie en conférence de presse samedi.
Le premier ministre Doug Ford a accepté de cesser la diffusion de sa publicité lundi après une discussion avec M. Carney. Elle a toutefois été diffusée durant les deux matchs de la Série mondiale de baseball, la fin de semaine dernière.
Le président Trump a menacé d’imposer des droits de douane non spécifiés de 10 % sur les produits canadiens en guise de représailles.
Les négociateurs canadiens et américains s’efforçaient de conclure un accord sur les droits de douane visant l’acier, l’aluminium et les produits énergétiques. Le premier ministre Carney s’est dit prêt à reprendre les négociations lorsque les États-Unis le voudraient.
Or, des discussions ont toujours lieu entre l’équipe canadienne à Washington et ses homologues au département d’État, au département de la Sécurité intérieure et à la Maison-Blanche, a révélé l’ambassadrice du Canada aux États-Unis, Kirsten Hillman, mercredi.
« Toutes ces activités se poursuivent, y compris au plus haut niveau. Cette relation est donc solide et résiliente », a-t-elle dit alors qu’elle témoignait au comité permanent des affaires étrangères et du commerce international du Sénat.
Avec Antoine Trépanier et Joël-Denis Bellavance, La Presse, et La Presse Canadienne
Ottawa appelé à convoquer l’ambassadeur Hoekstra
Ottawa doit convoquer l’ambassadeur des États-Unis au Canada, Pete Hoekstra, pour lui indiquer que ses écarts de langage ne sont pas les bienvenus, selon le professeur en relations internationales de l’Université Carleton, Fen Hampson. Plusieurs médias ont rapporté cette semaine que M. Hoekstra avait invectivé le représentant de l’Ontario à Washington alors que les deux hommes participaient à un évènement à Ottawa lundi, allant jusqu’à utiliser le mot en « f ». Comme son président, il n’avait pas digéré la publicité du premier ministre Doug Ford sur les tarifs douaniers américains. « C’est important de lancer un message voulant que nous ne tolérons pas ce genre de comportement », fait valoir le professeur. « Sans quoi, il risque de continuer. » La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, a déjà indiqué cette semaine qu’elle laissait le soin à son collègue Dominic LeBlanc de gérer la relation canado-américaine. Le gouvernement n’a pas l’intention de convoquer l’ambassadeur, a indiqué une source au fait du dossier.
Mylène Crête, La Presse



