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Il a 18 ans, il habite chez ses parents et il veut devenir maire

La municipalité de Saint-Lambert-de-Lauzon, sur la Rive-Sud de Québec, pourrait élire le plus jeune maire au pays, le 2 novembre prochain. Charles Fecteau, 18 ans, habite toujours chez ses parents et n’a jamais payé de taxes municipales. Il connait les «faiblesses» de son curriculum, mais il est persuadé que sa candidature peut ranimer la politique municipale et inciter le vote des jeunes.

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«Je suis réaliste. J’ai 18 ans. Je ne me suis pas lancé avec la certitude que j’allais gouverner», lance Charles Fecteau au bout fil. 

Advenant son élection, il deviendrait le plus jeune maire au Canada. 

L’étudiant en comptabilité à l’Université Laval est candidat à la mairie de Saint-Lambert-de-Lauzon. Il est né et a grandi dans cette municipalité de la Beauce, située à une vingtaine de kilomètres du pont Pierre-Laporte qui traverse le fleuve Saint-Laurent. 

Il y demeure toujours, d’ailleurs. 

«J’habite chez mes parents, je n’ai jamais payé de taxes, mais je dois parler de finances municipales», ironise le candidat à la mairie pour le parti Ensemble pour Saint-Lambert. 

Offrir un vrai choix

Qu’est-ce qui peut alors motiver un jeune étudiant de 18 ans à administrer une municipalité de 7000 habitants? 

«J’ai toujours eu l’intention de me présenter aux élections 2025, mais pour un poste de conseiller. Une semaine avant le dépôt de ma candidature, j’ai constaté qu’il n’y avait pas de course à la mairie», explique Charles Fecteau. 

«Je voulais offrir un choix aux citoyens pour parler d’idées et d’enjeux. Ça fait huit ans que le maire sortant est en poste et qu’il n’y a pas eu de campagne électorale à Saint-Lambert», poursuit-il. 

Photo courtoisie 

Il se dit prêt à administrer la municipalité. Et ce n’est pas sa première campagne. 

«Mon implication en politique a commencé il y a deux ans en participant à la course à la chefferie du Parti libéral du Québec (PLQ), aux côtés de Charles Milliard. J’ai fait partie de son exécutif jeunesse, j’ai fait la tournée avec lui», raconte-t-il. 

Cette expérience terrain a été révélatrice pour le jeune candidat. 

«Ça m’a fait aimer la politique directe, le contact étroit avec les citoyens», affirme-t-il. 

Plus de jeunes familles

Sa candidature, espère-t-il, encouragera les jeunes Lambertins et Lambertines à sortir voter le 2 novembre prochain. 

C’est que, les citoyens de 18-34 ans ne sont pas les plus grands votants. 

Le taux de participation pour ce groupe d’âge aux dernières élections municipales de 2021 avoisinait les 20%, selon les données d’Élections Québec. 

À titre comparatif, 54% de ces jeunes se sont rendus aux urnes lors des élections provinciales de 2022. 

«On vit une nouvelle réalité à Saint-Lambert-de-Lauzon. Il y a énormément de nouvelles familles qui s’y installent et qui utilisent des modes de déplacements différents de l’automobile. Je vois régulièrement des gens à vélo et plusieurs demandent aussi un meilleur service de transport en commun», fait valoir Charles Fecteau. 

La population de la municipalité connait effectivement un regain en matière de jeunes ménages. 

Selon les données du recensement de 2021, 21% des habitants de la petite ville sont âgés de 14 ans et moins. La proportion moyenne au Québec est de 15,2%. 

Nouveaux besoins

Dans son programme, il propose ainsi d’améliorer le partage de la route à peu de frais en usant de «créativité». 

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Il prévoit un partenariat avec la Société des transports de Lévis (STL) pour augmenter la fréquence des autobus sur le territoire. 

Il souhaite également accroitre la sécurité routière en créant une voie dédiée aux piétons et aux cyclistes dans les rues résidentielles, et ce, sans ouvrir de nouveaux chantiers. 

«L’aménagement de balises flexibles et de saillies de trottoir peut aussi diminuer la frustration des automobilistes, qui ne savent pas toujours où se placer à travers les vélos qui circulent dans la rue», précise le candidat. 

L’avantage de la jeunesse?

L’étudiant, qui compte poursuivre ses études s’il accède au poste de maire, est conscient que son âge est un couteau à double tranchant. 

«Ça peut refroidir des électeurs qui sont sceptiques. Je les comprends. Mais en général, les gens sont agréablement surpris. J’ai reçu énormément de support de personnes que je ne connais pas», admet Charles Fecteau. 

Il rappelle par ailleurs qu’un certain nombre de jeunes élus ont fait leur entrée au conseil de plusieurs municipalités lors des dernières élections municipales en 2021. 

Il y a quatre ans, 33 maires et mairesses du Québec étaient âgés de 18 à 34 ans. La plus jeune de l’histoire, Isabelle Lessard, s’est retrouvée à la tête de Chapais à seulement 21 ans. 

Photo courtoisie 

À 21 ans, Isabelle Lessard était la plus jeune mairesse de l’histoire du Québec.

Elle est désormais à la tête de la ville de Chapais. Photo d’elle prise le 8 novembre 2021 devant la mairie de Chapais.

Crédit : courtoisie

Et dans les six plus grandes villes de la province – Montréal, Québec, Longueuil, Laval, Gatineau et Sherbrooke –, l’âge moyen des élus à la mairie était de 39 ans. 

«Mon jeune âge peut être un avantage pour briser celui du maire sortant, qui a plus de chances d’être réélu qu’un nouveau venu», rappelle Charles Fecteau. 

Or, le maire sortant Olivier Dumais, qui sollicite un troisième mandat à la tête de Saint-Lambert-de-Lauzon, n’a pas caché son intention de se présenter à nouveau aux élections provinciales à l’automne 2026 dans les rangs du Parti conservateur du Québec (PCQ) d’Éric Duhaime. 

Photo Dominique Lelièvre 

Olivier Dumais, candidat à la mairie de Saint-Lambert-de-Lauzon.

En 2022, il a récolté 42,83% des voix dans la circonscription de Beauce-Nord, soit à peine 0,6% de moins que l’actuel député de la Coalition Avenir Québec (CAQ), Luc Provençal. 

«C’est une autre des raisons pour lesquelles je me suis présenté, souligne Charles Fecteau. Je trouve ça inacceptable de dire aux gens qu’ils sont un Plan B. La campagne provinciale va commencer dans six mois. Il n’aura pas beaucoup de temps à accorder à la municipalité.» 

Dans ce contexte, il croit que sa proposition pourrait convaincre certains électeurs de lui accorder une chance le 2 novembre.

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