Dans la région, le candidat au poste de conseiller municipal dans le district 14 à La Baie, Luc Boudreault, a eu toute une surprise quant aux répercussions des plateformes en ligne. Le Baieriverain est devenu du jour au lendemain une vedette du Web.
C’est sa fille de 16 ans, Maxime, qui s’occupe de ses médias sociaux. Après une discussion avec elle sur le nombre encore trop bas de jeunes électeurs aux urnes, elle a conseillé à son père de prendre part à une tendance régionale dans un TikTok où il invite les jeunes à aller voter.
En 24 heures, 100 000 personnes ont regardé la capsule qui cumule maintenant des milliers de mentions j’aime, en plus de 200 commentaires de jeunes qui promettent au candidat qu’ils iront voter.
Disons que les attentes de M. Boudreault ont été largement dépassées. «Je me disais que si j’allais chercher des jeunes dans mon district, j’allais être content. Mais de voir que c’est partout au Canada, je suis impressionné. Je trouve ça vraiment positif, autant pour moi que pour les élections en général», a souligné M. Boudreault, lors d’un entretien téléphonique avec Le Quotidien.
Une tribune pour rejoindre les jeunes
L’enseignant de sciences politiques au Cégep de Jonquière, Pierre Turcotte, n’est pas surpris de voir autant de politiciens tenter leur chance sur les réseaux sociaux. Pour le mordu de politique, ces plateformes deviennent un mal nécessaire pour ceux qui veulent s’adresser à tout le monde, particulièrement à un public plus difficile à rejoindre.
«C’est sûr que c’est là où ils sont les jeunes. Ça, c’est la réalité. Si on veut leur parler, c’est par là qu’on peut le faire», confirme l’enseignant.
Les médias sociaux donnent également une tribune non négligeable aux candidats, que le contenu soit bon ou pas. L’enseignant constate que l’important est de faire parler et que plus un candidat est dans l’espace médiatique, plus d’attention il reçoit.
Prudence
M. Turcotte voit du bon et du moins bon à cette utilisation. Oui, les jeunes peuvent trouver dans le contenu qu’ils voient sur les réseaux sociaux une motivation pour aller voter, ou de l’information pertinente pour faire leurs choix.
C’est devant cette montagne d’informations que l’enseignant demande une certaine prudence. Les politiciens, qui devaient auparavant parler aux journalistes pour pouvoir passer des messages à la population, ont maintenant une tribune personnelle. Ce qui fait donc que leurs propos ne sont plus toujours vérifiés et s’ils le sont, la correction arrive parfois trop tard.
«L’information présentée est peut-être mi-fausse, mi-vraie, ou peut-être complètement fausse ou peut-être complètement vraie. Et on ne sait jamais comment cette information va voyager dans le monde virtuel», rappelle-t-il.
— Pierre Turcotte, enseignant de sciences politiques au Cégep de Jonquière
Avec la vie qui va vite, l’enseignant est bien conscient que ce n’est pas tout le monde qui prend le temps et l’énergie d’aller vérifier chacune des informations qu’il entend sur ces plateformes. Or, il invite tout de même tous les jeunes qui ont vu une publication dont ils doutent à aller consulter les plateformes électorales, qui offrira un tour d’horizon complet sur la vision d’un candidat et qui permettra de démêler le vrai du faux.
Il pense aussi que tous les jeunes qui veulent se rendre aux urnes doivent réfléchir à qui ils sont, à leurs valeurs et leurs idéologies. À cet âge, beaucoup sont influencés par leur cercle de socialisation et pourraient être surpris des résultats. Pour bien se connaître, il recommande notamment le Compas politique pour les aider à déterminer leur profil électoral.
D’ailleurs, le Cégep de Jonquière organise sa propre soirée électorale regroupant plus de 150 étudiants en journalisme. Il sera possible de les suivre en direct sur la chaîne YouTube du Cégep, dès 20h. Le public est également invité à assister à la captation en direct de cette émission, à la Salle polyvalente du collège.
