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J’ai 21 ans et voici pourquoi je me présente aux élections municipales

Aux dernières élections municipales à Montréal, quatre jeunes sur cinq n’ont pas voté. Quand je parle de politique avec mes camarades, ils se désintéressent parce qu’ils sont découragés, ils sentent que peu importe qui est au pouvoir, on n’est pas écoutés ni représentés. Que nos élus ne prennent pas soin de nous.

Et je les comprends. Quand on peine à payer son loyer et l’épicerie qui n’arrêtent pas d’augmenter, quand on voit de plus en plus de personnes dormir dans la rue, quand la Ville n’arrive même pas à « patcher » les nids-de-poule comme il faut et que les conseillers sont occupés à se blâmer les uns les autres et le gouvernement provincial, ça n’inspire pas grande confiance.

Quand on ajoute la crise climatique, on a vraiment le sentiment qu’on n’a plus d’avenir. Et même si Montréal a maintenant un beau plan climat, on pollue encore autant qu’en 2015.

Depuis six ans, je m’implique dans le mouvement environnemental étudiant. Et je n’en peux plus de crier dans le vide. J’ai manifesté, j’ai fait la grève, j’ai crié dans des mégaphones. J’ai exigé des solutions concrètes et supplié mes élus de finalement prendre la crise climatique au sérieux. Et j’ai été déçue, encore et encore. Tellement de belles paroles qui ont fondu en un instant, car quand venait le temps de prendre les vraies décisions, ils ont choisi l’industrie avant l’écologie, le profit avant les citoyens.

C’est pour ça que je me présente. Ça nous prend quelque chose de nouveau.

Je rêve d’une ville écologique, résiliente et solidaire. Une ville où tout le monde a un toit et de la dignité. Une ville qui prend soin de son monde.

Ne me dites surtout pas que ce n’est pas possible. À Vienne, grâce à un investissement soutenu pendant des années, 50 % de la population vit maintenant dans des logements sociaux. Entre 2008 et 2024, la Finlande a réduit l’itinérance de près de 75 % en implantant le modèle « housing first », une approche qui, au bout du compte, coûte moins cher au gouvernement. Le Canada est cinq fois plus riche que la Colombie, mais la ville de Medellín a quand même réussi à construire depuis 1995 un réseau intégré de métro, télécabines, tramways et service rapide de bus électrique de renommée internationale, avec autant de stations que le métro de Montréal.

Les exemples ne manquent pas. C’est la volonté politique de nos dirigeants actuels qui manque. Le courage de mettre en place les mesures nécessaires, même si elles font bousculer le statu quo.

Cinq mille (et sûrement beaucoup plus) personnes laissées en situation d’itinérance dans une ville riche comme Montréal, c’est inacceptable. Point. Dans Milton Parc, des gens dorment dans la rue et juste à côté, l’énorme complexe de l’Hôtel-Dieu, qui appartient à la Ville depuis 2017, reste vide. Je ne comprends pas.

Vous direz peut-être que je suis jeune et naïve, que c’est plus compliqué que ça. Mais c’est justement pour ça que ça prend des jeunes autour de la table — pour pousser plus fort, pour voir les choses différemment, pour s’en « câlisser » un peu de comment on est « censé » faire et trouver une manière d’y arriver malgré tout.

Si l’activisme m’a appris une chose, c’est la force du collectif, de notre volonté et de notre créativité. J’ai organisé des manifestations de milliers de personnes avec exactement zéro dollar de budget. Comment ? Avec de vieux draps transformés en bannière et des mégaphones empruntés. Avec des idées folles, du jus de bras et beaucoup d’amis.

On a besoin de plus de ça en politique. Des projets rassembleurs. Moins de partisanerie et plus de collaboration entre les partis, entre les arrondissements, avec les organismes communautaires et tous les acteurs de la société civile. On a besoin d’élus qui représentent la diversité de Montréal, qui vont s’unir et se battre pour nous. On a besoin de nouvelles énergies.

La jeunesse a besoin d’une place autour de la table. En 2021, seulement 9 % des élus avaient moins de 35 ans. À 27, Julien Hénault-Ratelle était le plus jeune. Mais qu’en est-il des plus jeunes, des ados, des enfants qui ne votent pas encore ? Nos réalités sont complètement différentes.

Quand les élus ne nous comprennent pas, ne nous parlent pas, ce n’est pas étonnant que les jeunes ne veuillent pas voter. Et là commence un cercle vicieux qui ne fait que se renforcer. On ne vote pas, donc les élus ne font pas d’efforts pour nous rejoindre, et on se désintéresse encore plus.

Pourtant, c’est nous qui serons les plus touchés par la polycrise qui prend Montréal d’assaut. Nous qui aurons le plus de misère à nous loger, nous qui vivrons les pires désastres climatiques. On doit être entendus.

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