Tensions avec les États-Unis | Carney dit avoir demandé à Ford de ne pas diffuser sa publicité

Le premier ministre fédéral Mark Carney dit avoir conseillé à son homologue ontarien Doug Ford de ne pas diffuser la publicité qui a servi de prétexte au président américain Donald Trump pour rompre les négociations commerciales avec le Canada.
Mis à jour hier à 10 h 04
Quand les journalistes lui ont demandé samedi quelle avait été la réaction de M. Ford, le premier ministre Carney a répondu qu’on avait pu constater ce qui s’était produit.
Il a confirmé avoir présenté des excuses à Donald Trump parce que celui-ci s’est dit « insulté » par cette publicité.
« Je suis responsable des relations avec les États-Unis, avec le président des États-Unis », a-t-il lancé au cours d’une conférence de presse.
Les excuses ont été présentées mercredi au président Trump lors d’un repas organisé par le président sud-coréen au début du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique, à Gyeongju.
PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE
Donald Trump et Mark Carney ont mangé à la même table lors d’une rencontre de dirigeants à Gyeongju, en Corée du Sud, le 29 octobre 2025.
M. Trump a rompu la semaine dernière les négociations commerciales, prétextant une campagne publicitaire contre les droits douaniers lancée par le gouvernement ontarien aux États-Unis.
La publicité diffusait un extrait d’une allocution radiophonique de 1987 de l’ancien président américain Ronald Reagan, dans laquelle il s’insurgeait contre les droits de douane.
Dans un premier temps, le président Trump a semblé indifférent à cette publicité, diffusée sur les principales chaînes de télévision américaines, et déclarait aux journalistes à la Maison-Blanche le 21 octobre : « Si j’étais le Canada, je diffuserais la même publicité ».
Quelques jours plus tard, il a changé d’avis, dénonçant le « comportement scandaleux » du Canada sur les réseaux sociaux et annonçant la rupture des négociations commerciales.
Il a également menacé d’imposer un droit de douane supplémentaire de 10 % sur les produits canadiens, même si l’on ignore encore si et comment ces droits seraient appliqués.
Vendredi, il a assuré les journalistes qu’il avait une très bonne relation avec Mark Carney.
« J’apprécie beaucoup [M. Carney], mais ce qu’ils ont fait était mal », a-t-il maintenu.
M. Carney a décrit la tournure des évènements comme « des parasites ». Il a rappelé que, dans les relations commerciales avec les États-Unis, le Canada connaît un meilleur sort que tous les autres pays. La grande majorité des produits canadiens est exemptée des droits douaniers à cause de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM).
« On pourrait passer du temps à surveiller Truth Social, à s’inquiéter des réactions au sujet d’une déclaration personnelle, mais on demeure calme », a souligné le premier ministre.
Les négociations demeurent encore au point mort. Le gouvernement canadien dit être prêt à les reprendre dès que le moment sera venu.
« On attendra jusqu’à ce que les États-Unis seront prêts », a ajouté M. Carney.
Certains produits, comme l’acier, l’aluminium, les véhicules et le bois d’œuvre, font l’objet de droits supplémentaires. Ce sont des sujets sur lesquels les négociateurs canadiens discutaient avec leurs collègues américains.
Doug Ford n’éprouvait aucun remords, affirmant que la campagne publicitaire avait été un succès.
Ingérence étrangère au menu des discussions
Mark Carney affirme avoir soulevé la question de l’ingérence étrangère lors de sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping.
M. Carney a rencontré vendredi M. Xi et une délégation chinoise de haut rang en marge du sommet de la Coopération Asie-Pacifique qui s’est déroulé à Gyeongju, en Corée du Sud.
PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE
Mark Carney et Xi Jinping
Il s’agissait de la première rencontre entre les dirigeants des deux pays depuis 2017. Tous deux l’ont décrite comme un tournant décisif dans les relations.
Le premier ministre canadien a expliqué que la stratégie visait à collaborer sur les points communs et à respecter l’autre lors des différents.
Une commission d’enquête avait souligné en janvier que la Chine était le principal responsable de l’ingérence étrangère ciblant les institutions démocratiques canadiennes. Elle a notamment constaté que le gouvernement chinois avait tenté de se mêler des récentes élections au pays.
M. Carney croit que la Chine ne comprend pas à quel point cette question est importante au pays, mais il dit qu’une coopération demeure possible pour d’autres sujets.
Avec la collaboration de Kelly Geraldine Malone à Washington et Kyle Duggan à Ottawa




