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Dans les coulisses d’Une année en un an | Vous capotez sur Pierre-Yves Roy-Desmarais

Depuis sa première tournée, Pierre-Yves Roy-Desmarais est devenu père. L’occasion de se poser une question existentielle ou deux. Ou douze. Ou mille. La Presse a assisté à la dernière date de rodage de son nouveau spectacle, Une année en un an.


Publié le 1er novembre

« C’est-tu trop cringe, les fesses ? » Dans sa loge de la Maison des arts de Drummondville, en ce samedi après-midi, Pierre-Yves Roy-Desmarais visionne en boucle une séquence vidéo projetée à la fin d’Une année en un an.

« Tu ne peux pas enlever les fesses du montage », ironise son gérant, le toujours très coloré Michel Grenier. « Si t’enlèves les fesses, il ne restera plus rien dans ce show-là. »

Qu’à cela ne tienne, les fesses passeront à la trappe, un énième ajustement de dernière minute que l’humoriste apportera à ce spectacle avec lequel il n’est en paix que depuis très récemment.

PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, COLLABORATION SPÉCIALE

Avec l’humoriste Sam Boisvert et le sonorisateur Mathieu Magny

« J’exagère à peine quand je dis que ça fait deux semaines que je suis content », confie-t-il en se promenant dans son décor, parmi lequel se trouvent un Wurlitzer, un échantillonneur et un spot d’éclairage monté sur une tige à soluté achetée sur Marketplace. « Pendant des mois, je n’étais pas du tout satisfait du show. Je ne l’aimais pas. »

Renouer avec le rire

Le très humble et très avenant Pierre-Yves Roy-Desmarais est évidemment beaucoup plus calme à la ville que sous les projecteurs, quand il balance ses extrémités dans tous les sens et joue au grand fendant, convaincu que le public le vénère. « Vous capotez sur moi ! », répète-t-il d’ailleurs comme un leitmotiv dans Une année en un an.

PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, COLLABORATION SPÉCIALE

Pierre-Yves Roy-Desmarais

Sur scène, la saturation est au max. Si j’étais comme ça pour vrai, ce serait insupportable.

Pierre-Yves Roy-Desmarais

Mais son absurde manière d’être comique dans la vraie vie ressemble quand même beaucoup à celle de son alter ego, baptisé Showtime PY dans ce deuxième spectacle.

Le soir précédent, avant sa première de deux représentations à Drummondville, Pierre-Yves et son ami Sam Boisvert, qui assure sa première partie, n’avaient ainsi pas su résister à la tentation d’appeler la Ligne Popsicle, un service de livraison de popsicles mis à la disposition des artistes de passage par la Maison des arts. Pierre-Yves ouvre le frigo, le temps de me montrer qu’il déborde de Mr. Freeze. Les gars éclatent d’un rire juvénile. Ils ont manifestement abusé de la ligne.

PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, COLLABORATION SPÉCIALE

La Ligne Popsicle n’a pas chômé lors du passage de Pierre-Yves Roy-Desmarais et de Sam Boisvert la Maison des arts de Drummondville.

Mais le rire n’a pas toujours été au rendez-vous au cours des derniers mois de ce rodage amorcé en janvier. Pierre-Yves s’est longtemps demandé s’il ne devrait pas se révéler davantage que dans son premier spectacle, Jokes Chapeau Maman Magie Piano, et jouer le grand jeu du strip-tease émotif auquel se prêtent récemment beaucoup de ses collègues comiques.

C’est que, depuis sa première tournée, le gars de 31 ans est devenu père. Et a été happé au cours des 19 derniers mois par le torrent d’insondables questions existentielles qui accompagnent la parentalité nouvelle. Des questions dont les réponses ne se dénichent pas dans le Naître et grandir.

PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, COLLABORATION SPÉCIALE

Pierre-Yves Roy-Desmarais en entrevue

Je me suis demandé si je suis assez outillé pour être père, si je pratique le bon métier, si le fait de devoir me créer un personnage sur scène, ça ne me distancie pas de ma vraie personne…

Pierre-Yves Roy-Desmarais

Dans les bancs rouges de la salle drummondvilloise, l’énumération se poursuit. « Comment je fais pour expliquer à mon fils que les “Je t’aime” qu’on me crie dans la rue, ça n’a pas la même valeur que lorsque lui et moi, on se dit “Je t’aime” ? Comment élever un enfant et lui apprendre à être bien avec lui-même, si moi, ma job, c’est de monter sur scène et d’être quelqu’un d’autre ? Comment faire pour que lui n’ait pas besoin de cette validation ? »

Après avoir tenté de « parler au public comme si c’était un psy », il allait devoir se rendre à l’évidence que l’introspection lui sied mieux dans le privé. « Un jour, ma blonde m’a dit : “Si tu as peur que ton fils veuille devenir humoriste, ça signifie peut-être que tu ne veux pas que ton fils soit comme toi.” Ça m’a fait comprendre que j’avais honte de mon métier. »

Pierre-Yves Roy-Desmarais ne semble pas être un grand torturé. Mais c’est clair : faire rire les autres a été pour ce cadet de trois enfants un moyen d’exister dans le regard des autres. « Il va toujours y avoir une partie de moi qui fait ce métier-là à cause d’un besoin d’attention, croit-il, mais j’ai fini par comprendre que c’est aussi un besoin de communiquer, de communion. Ce n’est pas obligé d’être négatif. C’est beau ! Et je dois en être fier, parce que c’est quelque chose dont on a besoin comme être humain. »

PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, COLLABORATION SPÉCIALE

Pierre-Yves Roy-Desmarais sur scène

Résultat : il n’est à peu près pas question de paternité dans Une année en un an, du moins, pas explicitement. Comme remède, après plusieurs nuits d’insomnie et de surintellectualisation, le jeune papa se sera oxygéné l’esprit en visionnant des numéros du génie comique américain Richard Pryor.

« Et je me suis souvenu, c’est niaiseux, que si ses shows sont bons, c’est parce que le gars qui fait le show est bon. Et pour être bon, il faut que j’aie du fun. » Pas de show sans showman.

Et le gala de l’ADISQ, dans tout ça ?

Il n’y aurait pas de show non plus sans l’amoureuse de Pierre-Yves, qui prend le relais à la maison pendant que son chum prépare non seulement son nouveau spectacle, dont la première médiatique aura lieu mercredi, mais aussi l’animation de son deuxième gala de l’ADISQ, quatre jours plus tard. Vous avez bien lu.

Ça ne va pas, la tête, PY ? Il grimace, manière d’admettre que c’était un peu fou.

PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, COLLABORATION SPÉCIALE

Pierre-Yves Roy-Desmarais dans sa loge

Je me souvenais de ne pas avoir été trop stressé, l’an dernier, dans les semaines avant le gala. Faque j’ai dit oui. Mais je me suis rappelé, après, que la raison pour laquelle je n’étais pas stressé, c’est parce que je n’avais rien d’autre à faire !

Pierre-Yves Roy-Desmarais

Il avait alors pondu son numéro durant les siestes de bébé, mais cette année, c’est lui qui aurait eu besoin de quelques roupillons. Ce qui ne veut pas dire qu’il a tourné les coins ronds – tout est écrit depuis un mois et demi. « Au final, je me suis dit que c’était mieux de tout vivre en même temps, dont le crash d’adrénaline et l’inévitable grippe post-ADISQ. »

C’est cool !

De retour dans sa loge après le spectacle, une apparition : celle de son père Sylvain qui, souvent, se présente sans s’annoncer, et sans demander de billet de faveur à fiston.

« T’as déplacé beaucoup de choses dans le show », lui fait remarquer son paternel, qui a déjà vu ce spectacle une dizaine de fois et qui avait vu le précédent à combien de reprises ? Il fouille sa mémoire. « Au moins 25… Peut-être 30 ? »

PY retourne à son ordi, cette fois non pas pour travailler, mais pour jeter un œil sur le Canadien, qui menait 3-2 contre les Canucks. Sam Boisvert et Pierre-Yves sont intarissables au sujet d’Ivan Demidov.

Sam Boisvert et Pierre-Yves sont aussi intarissables au sujet de la Ligne Popsicle, dont le slogan est « Appelle, c’est cool », et qu’ils finissent par contacter de nouveau pour me prouver que ça fonctionne pour vrai. Mais Sam se heurte à une boîte vocale. Pierre-Yves, penché avec les mains sur ses genoux, l’écoute laisser un message comme si son ami s’apprêtait à parler au premier ministre.

« Écoutez, hier on a appelé la Ligne Popsicle et on a été très bien servis. Ce soir, ce n’est pas le cas. On aimerait juste dire que c’est pas cool. » Pierre-Yves s’esclaffe et pendant un instant, ces rires goûtent aussi bon que n’importe quelle sucrerie.

C’est ce Pierre-Yves là, léger et joueur, presque frivole, qui brille sur scène. Il fallait juste qu’il prenne un long détour pour le retrouver. Et qu’il se souvienne qu’un papa a le droit de rester un gamin.

PHOTO FOURNIE PAR CINDY BLANCHETTE

Pierre-Yves Roy-Desmarais, Sam Boisvert… et leurs popsicles

Je suis dans ma voiture quand Cindy Blanchette, l’attachée de presse de l’humoriste, me texte une photo. La Ligne Popsicle avait fini par répondre à l’appel. Dans la vie, ce n’est souvent qu’une question de temps.

Une année en un an, les 4 et 5 novembre au Théâtre St-Denis et en tournée partout au Québec
Le gala de l’ADISQ, le 9 novembre à 20 h sur ICI Télé


Consultez le site de l’artiste

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