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Budget fédéral 2025 | Le déficit et la dette, remis en perspective

Le gouvernement fédéral a annoncé un déficit de 78 milliards de dollars pour 2025-2026. En valeur absolue, ça peut causer des migraines. Mais si on compare ce déficit à ceux des gouvernements précédents et des autres pays du G7, qu’en est-il vraiment ?


Publié à 7 h 00

Le tandem Carney-Champagne a déposé son premier budget mardi, et comme attendu, le déficit du gouvernement fédéral est considérable : 78 milliards de dollars, soit le solde budgétaire négatif le plus important jamais enregistré par Ottawa hors période pandémique.

En revanche, l’économie canadienne a également pris de l’expansion, tout comme sa capacité à enregistrer des déficits. Donc 78,3 milliards, est-ce que c’est beaucoup ?

Les déficits au fil du temps

Le chef conservateur Pierre Poilievre a vertement critiqué le budget du gouvernement libéral, signalant le « déficit record » de 78 milliards.

Jimmy Jean, économiste en chef et stratège chez Desjardins, est d’accord pour dire que le déficit est « assez significatif ». Il remet toutefois les choses en perspective en comparant le Canada à l’international et en considérant le ratio déficit/PIB.

« Le déficit reste très petit à 2,5 % du PIB alors que les États-Unis semblent se diriger vers 7 %. On est quand même dans une situation sensiblement plus saine », dit-il.

M. Jean, comme beaucoup d’économistes, est d’avis qu’il est utile de comparer le déficit d’un pays à son produit intérieur brut (PIB).

« Le PIB mesure la capacité d’une économie à générer des revenus, comme des revenus d’imposition pour le gouvernement. Ça permet de relativiser les choses. » L’économiste ajoute que cela permet notamment les comparaisons dans le temps.

Jimmy Jean juge que « la taille du déficit a une justification ». Selon lui, le « choc commercial », les dépenses en défense et les nouveaux projets d’infrastructures expliquent celui-ci. Il ajoute à ces facteurs la « marche arrière sur le gain en capital » et les mesures de baisses d’impôt sur le revenu.

Et ailleurs dans le monde ?

Année après année, le gouvernement fédéral se réjouit dans son budget d’avoir la plus basse dette nette en proportion du PIB parmi les pays du G7.

La dette nette est calculée en soustrayant les actifs financiers de la dette totale à l’échelle du pays, un indicateur clé dans la comparaison des finances publiques, selon Jimmy Jean.

« Quand on regarde la dette, on regarde aussi les actifs financiers qui peuvent en théorie être utilisés pour éponger une partie de la dette. C’est un peu comme une entreprise : si l’entreprise est en difficulté, quel actif on pourrait liquider pour rembourser les bailleurs de fonds ? »

Et le Canada a justement beaucoup d’actifs financiers en sa possession.

« Cette comparaison-là, ça a tendance effectivement à avantager le Canada par rapport à d’autres pays, parce que le Canada a beaucoup d’actifs en vertu de ses fonds de pension capitalisés », dit l’économiste en chef chez Desjardins.

Dans sa plus récente évaluation de la cote de crédit canadienne, Moody’s a confirmé la note parfaite du gouvernement fédéral, entre autres à cause de « ses fonds de pension largement financés, dont même les pays avec la plus haute cote de crédit ne bénéficient pas ».

Et même en parlant de dette brute, c’est-à-dire l’ensemble de la dette accumulée par tous les ordres de gouvernement au Canada, le pays se situe sous la moyenne des gouvernements du G7.

Quel impact sur les frais de la dette ?

En période de questions au lendemain du dépôt du budget, le chef conservateur Pierre Poilievre a accusé Mark Carney d’être devenu le premier ministre « le plus coûteux » de l’histoire du Canada.

Dans sa réponse, le premier ministre a mentionné que « par rapport au PIB, le fardeau de la dette est plus bas » que lors du dernier gouvernement conservateur.

Qu’en est-il vraiment ?

Au début du gouvernement Harper, le service de la dette, soit la somme déboursée pour payer les intérêts sur la dette, représentait environ 14 % des revenus gouvernementaux. Ils se situent autour de 11 % dans le budget pour 2025-2026.

Le service de la dette en proportion des revenus s’est toutefois abaissé graduellement sous Harper à 8 % tandis que le budget déposé mardi prévoit atteindre la barre de 13 % en 2029-2030.

Dans tous les cas, M. Jean n’est pas inquiet : « Historiquement, ça reste assez faible », indique-t-il.

Dans les années 1980 et 1990, le service de la dette a atteint des sommets et a dépassé la marque de 30 % des revenus du gouvernement fédéral.

L’économiste en chef est aussi d’accord quant au fait que le gouvernement fédéral ne possède pas tous les leviers pour contrôler les frais de la dette, qui sont entre autres déterminés par les taux d’intérêt en vigueur.

Selon le Rapport sur la gestion de la dette 2023-2024 du ministère des Finances, 72 % de la dette canadienne était détenue par des investisseurs canadiens, les intérêts étant donc payés majoritairement à des Canadiens.

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