Un défi pour Martin St-Louis

MONTRÉAL – En touchant la cible trois fois à ses trois premiers matchs dans l’uniforme des Canadiens de Montréal, Zachary Bolduc a placé la barre bien haut.
Il était plutôt évident que l’attaquant de 22 ans n’allait pas maintenir ce rythme effréné pendant l’entièreté de la saison. Sauf que le ralentissement dans sa production a été marqué : Bolduc n’a amassé qu’un but et une aide à ses 11 dernières rencontres, et son temps de jeu semble commencer à en souffrir.
Il n’a joué que durant 9:11 face aux Devils du New Jersey, jeudi, son plus bas total de la saison. Tout ça, malgré le fait qu’il a retrouvé ses compagnons du début de la saison – Kirby Dach et Brendan Gallagher.
« Pour moi, ce qui est important, c’est de garder la même façon de jouer, peu importe si je passe neuf ou 14 minutes sur la glace », a-t-il évoqué, quelques heures avant le match face au Mammoth de l’Utah, samedi. « Je veux jouer de la même façon. C’est comme ça que j’approche chacun des matchs. »
Contrairement aux apparences, il ne faut peut-être pas y voir une réprimande de la part de Martin St-Louis. Questionné au sujet du ralentissement de son poulain, le pilote a poussé sa réflexion un peu plus loin.
« Il doit continuer à courir après des standards élevés, a-t-il amorcé. Quand on fait ça collectivement, ça aide l’équipe. Mais ça part individuellement. Si tu veux juste produire, tu te concentres sur le résultat. Si tu te concentres à élever tes standards, la constance et tout, le reste va venir de lui-même.
« Cela dit, je peux faire un meilleur travail pour gérer le temps de glace. C’est la première fois que je dirige une équipe aussi profonde. Je dois faire un meilleur travail pour certains joueurs. Parfois, je me fais prendre dans les confrontations, le rythme du match et les punitions. Je travaille là-dessus. »
À la lumière de ces commentaires, on peut imaginer que ce n’était pas exactement son intention de faire de Bolduc l’attaquant le moins utilisé, jeudi, ni le deuxième moins utilisé (12:51) face aux Flyers de Philadelphie, mardi. Depuis le début de la saison, Bolduc a le neuvième plus haut temps de jeu chez les attaquants de la formation (13:09).
« Ce serait plus facile si on jouait à 5-contre-5 pendant 60 minutes, a souligné St-Louis. Le défi vient avec les unités spéciales. Après ça, tu dois jongler. La plus profonde est ton équipe, le plus dur ça devient. Je dois mieux répartir le temps de glace. Ça ira toujours au mérite, et des gars en méritent un peu plus. »
Il est donc fort possible que la dernière rencontre représente un cas isolé. Reste que Bolduc est conscient qu’il a du travail à faire pour afficher une meilleure constance dans son jeu.
« C’est la bataille de tous les jours pour les athlètes professionnels, c’est de performer (sic) soir après soir, a reconnu le natif de Trois-Rivières. C’est une bataille que j’ai et que tout le monde a. Il suffit de trouver les points sur lesquels tu veux mettre l’accent et t’assurer de les appliquer soir après soir. »
Malgré cette petite sécheresse offensive, on peut dire que Bolduc connaît de bons moments depuis qu’il a retrouvé Dach et Gallagher, il y a deux matchs. Plus discret quand on l’a placé sur le quatrième trio, il a retrouvé un certain aplomb avec ses vieux complices.
« Je me sens super bien sur mon trio, on a une bonne chimie et on joue bien, a-t-il remarqué. On est bons en fond de zone, on gagne nos batailles. On a un bon mélange de vitesse, d’intelligence et de papier sablé. »
Des changements chez le Mammoth
Dans le vestiaire de l’Utah, on tente de trouver notre rythme. L’équipe connaît un bon début de saison et occupe le troisième rang de la section Centrale avec une fiche de 9-5-0. Un dossier gonflé par une séquence de sept victoires, qui a pris fin le 28 octobre. Depuis, le Mammoth affiche un dossier de 1-3-0, dont un revers de 5-3 contre les Maple Leafs de Toronto, mercredi, lors duquel l’Utah a accordé trois buts en troisième période.
L’entraîneur-chef André Tourigny brassera d’ailleurs la soupe en inversant Logan Cooley et Barrett Hayton au centre des deux premiers trios.
« Nous essayons de créer une étincelle, a expliqué le pilote québécois. Nous voulons apporter un peu d’énergie de la part des deux. ‘Cools’ apporte beaucoup de vitesse, et ‘Hayts’ est une bonne présence devant le filet, alors je pense que ce sera un bon mélange avec JJ (Peterka) et Dylan Guenther. »
Pour Tourigny, il s’agira d’un quatrième match à Montréal (fiche de 2-2-0) depuis qu’il est entraîneur-chef dans la LNH. Est-ce que le rêve de diriger un samedi soir au Centre Bell, avec ou contre les Canadiens, est toujours aussi fort?
« Vous me dites ça tous les ans, mais moi, je ne l’ai jamais dit. Moi, j’étais un Nordique! », a lancé Tourigny avec le sourire, en soulignant qu’il aura plusieurs proches dans les estrades. « Que je sois en bateau, en bicycle ou à la marche l’été, le monde me parle des Canadiens. Tu le sais à quel point c’est important pour le monde d’ici, et c’est la même chose pour moi. Je suis un passionné de hockey, et d’avoir l’opportunité de jouer un samedi soir au Centre Bell, dans une atmosphère comme ça va être ce soir, ça va être le fun! »
Ce sera d’ailleurs un duel à saveur du Centre-du-Québec, puisque Tourigny, qui est de Nicolet, enverra Karel Vejmelka devant la cage afin d’affronter Samuel Montembeault, originaire de Bécancour, la municipalité voisine.
Une pensée pour Grillo
À quelques heures du match thématique « Le hockey pour vaincre le cancer », les Canadiens ont annoncé que l’entraîneur consultant Roger Grillo luttait contre un cancer. Ce dernier est un proche de St-Louis, les deux s’étant rencontrés alors que le pilote du CH évoluait à l’Université du Vermont dans les années 90.
« Roger a toujours été un grand conseiller pour moi, a dit St-Louis. Il m’a été utile toute ma vie. De l’avoir dans mon équipe tous les jours, ç’a été très important. Dernièrement, il a pris un peu de temps pour lui pour des raisons évidentes, mais on est heureux de l’avoir avec nous.
« Il s’absentera un peu plus dans les prochains temps. On pense à lui. Le cancer, c’est réel, et ça frappe parfois plus près de toi. Je l’ai vécu avec mon père et maintenant un de mes meilleurs amis. On sera là pour le soutenir. Ça fait partie de la vie. »




