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Meurtre « crapuleux » en 1994 | L’assassin d’une fillette de 10 ans condamné à la prison à vie

Il y a 31 ans, Réal Courtemanche a tué une enfant de 10 ans dans un boisé de Rosemère. L’assassin pensait avoir échappé à la justice, mais les avancées en matière d’ADN l’ont rattrapé. Il a été condamné lundi à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.


Publié à 12 h 32

« Réal Courtemanche est une personne violente, dangereuse, et n’ayant aucun respect pour la vie humaine. En effet, qui peut vivre avec la mort atroce d’une enfant de 10 ans sur la conscience pendant 30 ans ? », s’est interrogée la juge Hélène Di Salvo lundi matin au palais de justice de Saint-Jérôme.

Le mois dernier, Réal Courtemanche a été déclaré coupable du meurtre non prémédité de Marie-Chantale Desjardins. Sans reconnaître sa culpabilité, l’homme de 62 ans a admis la preuve de la Couronne. Les parties ont ensuite suggéré à la juge d’imposer la peine maximale.

« Il n’y a aucun facteur atténuant. […] Aucune manifestation de remords de la part de l’accusé. […] Il n’y a aucun espoir de réhabilitation », a énuméré la juge Di Salvo.

Même sans recommandation conjointe des parties, la juge aurait imposé une telle peine, a-t-elle fait savoir.

Réal Courtemanche, un dangereux psychopathe, était en liberté pour une rare fois dans sa vie en juillet 1994.

Ce jour-là, la petite Marie-Chantale Desjardins passait une journée d’été normale : elle avait fréquenté la maison des jeunes de Sainte-Thérèse, puis était allée voir des amies. Vers 17 h 30, elle retournait chez elle à vélo. Or, elle cherchait son chemin dans ce nouveau quartier.

« Elle va croiser malheureusement le chemin de l’accusé. Elle a été victime d’un meurtre dans des circonstances indescriptibles », a résumé le mois dernier le procureur de la Couronne, Me Alexandre Dubois, qui a fait équipe avec Me Jennifer Lepage.

Le corps de l’enfant de 10 ans a été retrouvé dans un boisé, près de la Place Rosemère, quatre jours plus tard. Sa tête était enfoncée dans la terre, cachée sous une souche. Selon la preuve, Réal Courtemanche l’a attaquée par-derrière et l’a tuée en l’étouffant.

PHOTO BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES NATIONALES

Le 21 juillet 1994, la découverte du corps de Marie-Chantale Desjardins faisait la une de La Presse.

Un meurtre « crapuleux », a insisté la juge Di Salvo.

Un prélèvement réalisé en 1994 sur la scène de crime a fini par révéler la présence de son ADN, quelque trois décennies plus tard. La Couronne n’a toutefois donné aucun détail sur la nouvelle technique qui a permis de découvrir son ADN.

Diagnostiqué psychopathe, Réal Courtemanche a commis au moins 86 infractions criminelles dans sa vie. Il a passé presque toute sa vie adulte en prison. Il est détenu depuis 2011 pour avoir kidnappé une femme de 27 ans à Princeville. Celle-ci a réussi à s’échapper après avoir été amenée dans un bois par son bourreau.

Lundi, il a refusé de prendre la parole pour s’adresser au Tribunal.

Le plus laid et le plus beau

Le mois dernier, la mère de Marie-Chantale Desjardins a bouleversé toutes les personnes dans la salle d’audience en lisant un texte inspirant et en faisant face à l’assassin de sa fille.

« Et vous, Réal, vous avez cru ôter une vie. Mais en vérité, vous avez seulement ajouté du poids à votre propre existence. Vous porterez ce silence, ce vide, ce regard que vous avez éteint jusqu’à votre dernier souffle », avait lancé Sylvie Desjardins, en fixant l’assassin.

PHOTO LOUIS-SAMUEL PERRON, LA PRESSE

Sylvie Desjardins, la mère de la victime

La juge Di Salvo a salué la résilience et le courage de Sylvie Desjardins.

« Il aura fallu 30 très longues années pour connaître l’identité de celui qui a lâchement enlevé la vie de sa fille de 10 ans. La beauté de son texte contraste fortement avec le caractère odieux des gestes posés par l’accusé », a souligné la juge.

« Le plus laid de l’être humain, et de l’autre côté, Mme Desjardins nous a convaincus qu’il y a encore du beau qui survit à un évènement aussi douloureux. Le tribunal espère que 31 ans plus tard, la finalité de cette décision apportera un peu d’apaisement dans la vie de la famille de Marie-Chantale Desjardins, » a conclu la juge Di Salvo.

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