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TVA supprime 87 postes

Le Groupe TVA a annoncé mercredi de nouvelles suppressions d’emploi. Cette fois, 87 personnes, notamment en région, sont licenciées.


Publié à 11 h 49

Mis à jour à 16 h 39

Il est notamment question de postes de caméramans-monteurs, d’opérateurs, techniciens, coiffeurs et maquilleurs. Toutes les stations du réseau sont visées par cette nouvelle vague de compressions, à l’exception de celle de Québec.

À Saguenay, Trois-Rivières, Sherbrooke et Rimouski, il restait encore trois caméramans-monteurs par station. À partir du 12 janvier, il n’en restera plus qu’un, selon nos informations. Tous les journalistes devront prochainement filmer leurs propres images.

L’information régionale en prend pour son rhume. Je ne sais pas comment les journalistes vont faire pour livrer la marchandise sans affecter leur santé.

Carl Beaudoin, président du Syndicat des employés de TVA (SCFP)

Les stations régionales avaient déjà été touchées de plein fouet par les compressions qui avaient été annoncées il y a deux ans, et qui devaient mener quelques mois plus tard à l’abolition de 547 postes, ce qui représentait alors environ le tiers de l’effectif. Selon le syndicat, entre 70 et 80 % de l’effectif a été supprimé en région depuis deux ans.

Près de 800 postes ont ainsi été abolis depuis 2023 dans le secteur de la télédiffusion et au sein des équipes qui s’y rattachent. Il resterait maintenant moins de 500 employés syndiqués permanents et temporaires.

La dernière vague de compressions remontait au mois dernier, quand une dizaine de syndiqués et de gestionnaires du secteur des opérations ont été remerciés.

Perte de 93 millions

Par voie de communiqué mercredi, l’entreprise a de nouveau cité la baisse des revenus publicitaires. Les pertes cumulées dépassent 93 millions depuis janvier 2022.

« Les plans de restructuration et de rationalisation des effectifs déployés par l’entreprise ont permis de contrebalancer en partie la baisse des revenus publicitaires, mais cette tendance lourde vécue par l’ensemble de l’industrie continue de s’accélérer », peut-on lire.

Le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, dénonce une fois de plus « l’aveuglement du gouvernement fédéral » face à la situation précaire dans laquelle se trouvent les diffuseurs privés.

« Pendant combien de temps encore la société CBC/Radio-Canada bénéficiera-t-elle de soutiens financiers démesurés et constamment bonifiés du gouvernement fédéral, et ce sans conditions, tout en menant une concurrence directe aux diffuseurs privés ? », évoque-t-il.

Rappelons que le dernier budget fédéral a accordé une aide supplémentaire de 150 millions pour l’année en cours au diffuseur public.

Par communiqué, Pierre Karl Péladeau plaide à nouveau pour l’élargissement du crédit d’impôt sur la main-d’œuvre journalistique aux médias électroniques.

PHOTO CHRISTOPHER KATSAROV, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau

Le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec est d’accord avec Pierre Karl-Péladeau sur ce point. « La presse électronique réclame avec raison de pouvoir bénéficier des mêmes mesures de soutien accordées à la presse écrite depuis quelques années par les gouvernements fédéral et provincial », dit Éric-Pierre Champagne.

Il se montre par ailleurs préoccupé par les compressions annoncées mercredi.

« C’est inquiétant », dit-il.

La qualité du travail des journalistes en région risque de souffrir de cette décision de leur confier le tournage des images en plus de préparer leur reportage. Les journalistes en région ont de grands territoires à couvrir, nécessairement, la qualité de l’information sera affectée.

Le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, Éric-Pierre Champagne

Il souligne que les compressions surviennent au moment où de faux médias voient le jour en utilisant l’intelligence artificielle pour produire leurs contenus sans recourir à des journalistes, une référence directe au Journal de Sherbrooke.

Éric-Pierre Champagne ajoute qu’il ne faut pas oublier « l’éléphant dans la pièce ».

« Les géants du web comme Meta et Google accaparent 80 % des revenus publicitaires numériques au Canada sans produire aucun contenu journalistique. Je ne connais aucune industrie qui pourrait survivre en se voyant amputée de 80 % de ses revenus par des concurrents étrangers qui sont en situation de monopole. »

Interpellé à la sortie de la réunion du conseil des ministres à Québec pour commenter la rationalisation à TVA, le ministre québécois de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, a d’abord parlé d’un « symptôme du fait que ça va mal ».

Il y a des solutions, a ajouté l’ex-journaliste. « On en fait déjà beaucoup pour les médias en général. Il faut toutefois repenser la façon dont on aide les médias électroniques. Une partie relève de Québec, mais une bonne partie aussi relève d’Ottawa. C’est un sujet que je vais continuer de soulever avec mon homologue fédéral. »

Dans un faible volume de transactions, l’action du Groupe TVA a clôturé la séance de mercredi en hausse de 16 % à 64 cents à la Bourse de Toronto. Ce cours accorde une valeur de 28 millions de dollars à la filiale de Québecor Média.

Outre la télédiffusion et la production de contenu télévisuel, le Groupe TVA mène aussi des activités en édition de magazines (TVA Publications) et en production cinématographique (studios MELS).

Avec Tommy Chouinard, à Québec, La Presse

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