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Fin du Programme de l’expérience québécoise | « C’est tout notre avenir qui s’écroule »

« On a changé les règles du jeu en cours de partie. On se sent pris au piège. » Quelques centaines de personnes se sont réunies lundi au centre-ville de Montréal pour protester contre la décision du gouvernement de mettre fin au Programme de l’expérience québécoise (PEQ). Elles réclament, « au minimum », une clause de droits acquis pour les personnes déjà installées au Québec.


Publié à 13 h 19

« Tous nos papiers étaient prêts, on était à un mois de déposer notre dossier pour le PEQ », soupire Clovis Tambo, qui est cuisinier. Lui et son épouse, Cécile Messi, sont partis du Cameroun il y a deux ans et demi pour venir vivre au Québec. Ils ont laissé leurs enfants dans leur pays d’origine et espéraient les faire venir après avoir obtenu la résidence permanente. M. Tambo précise n’avoir pas pris de vacances depuis qu’il est arrivé ici, car le restaurant où il travaille souffre du manque de main-d’œuvre.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Clovis Tambo

Tous les deux étaient présents à la manifestation qui s’est déroulée lundi en avant-midi sur la place de la Paix, devant le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, à Montréal.

Sur place, plusieurs personnes brandissaient des pancartes, où on pouvait lire notamment « Nous ne sommes pas de passage, nous faisons déjà partie du Québec », ou encore « Nous avons travaillé pour le Québec, respectez nos efforts ».

  • PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

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Qu’est-ce que le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) ?

Le PEQ était jusqu’ici l’une des voies d’entrée principales vers la résidence permanente, pour les travailleurs temporaires et les étudiants étrangers diplômés déjà installés au Québec.

Ce programme offrait une voie rapide menant à la résidence permanente, mais les admissions se faisaient en continu et sans plafond. Pour mieux respecter ses cibles d’immigration, le gouvernement l’a suspendu sans préavis en octobre 2024, puis y a mis fin le 6 novembre dernier.


Lisez « Québec prévoit accueillir 45 000 immigrants permanents par année »

Sabrina Kouider est infirmière clinicienne. Elle a été recrutée en France pour combler le manque de main-d’œuvre dans le domaine de la santé au Québec. Avec la fin du PEQ, « c’est tout notre avenir qui s’écroule », souffle-t-elle. « J’ai accepté de tout quitter, de déraciner mes enfants, pour venir m’installer ici. On a changé les règles du jeu en cours de partie. On se sent pris au piège. »

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Zheng, 6 ans

Mu, 10 ans, et Zheng, 6 ans, sont arrivés de Chine il y a quatre ans avec leurs parents. « J’aime aller à l’école et j’aime ma maison ici », nous confie Zheng avec un sourire. « Je ne veux pas gâcher tous les efforts que j’ai mis pour apprendre le français », lance son frère d’un ton assuré.

« Ce n’est pas comme ça qu’on m’avait présenté les choses », abonde Loïc Schneider, 36 ans. Ce travailleur social est venu de Suisse et vit depuis un peu plus d’un an au Québec. Il a lui aussi « tout quitté » pour s’installer ici, avec la perspective de rester après son permis de travail fermé. « Si j’avais su, j’aurais fait les choses autrement. »

La fin du Programme de l’expérience québécoise a également créé une onde de choc dans le milieu universitaire, témoigne Audrey Fortin, vice-présidente de l’Union étudiante du Québec (UEQ). « Beaucoup d’étudiants internationaux nous ont écrit. Ils ont peur, ils sont en colère… Le gouvernement leur avait promis qu’ils allaient pouvoir rester », explique-t-elle. « Sans le PEQ, ça complique beaucoup les choses pour eux. »

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André Albert Morin, député de l’Acadie pour le Parti libéral du Québec

« J’ai des dizaines de personnes qui m’ont contacté, j’ai rencontré des familles en pleurs », dénonce André Albert Morin, député de l’Acadie pour le Parti libéral du Québec. « J’en appelle au ministre, qu’il fasse preuve d’humanité. […] Il faut au moins, pour les gens qui sont déjà sur le territoire, qu’on rouvre le PEQ et qu’on leur donne cette opportunité-là. »

« C’est une trahison, une attaque frontale envers nos meilleurs candidats à l’immigration », abonde Guillaume Cliche-Rivard, député de Saint-Henri–Sainte-Anne sous la bannière de Québec solidaire. Mettre en place une clause grand-père pour les personnes déjà installées au Québec, « c’est un strict minimum », ajoute-t-il.

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