Le procès «Bommeleeër bis» s’ouvre ce lundi

L’affaire des poseurs de bombes revient devant les juges, plus de dix ans après la suspension du procès principal. Six anciens gendarmes et deux ex-agents doivent répondre de faux témoignages.
On est le 2 juillet 2014. Au bout de 177 séances, le procès Bommeleeër, entamé le 25 février 2013, est mis en pause. Le 24 juin, le procureur d’État adjoint Georges Oswald avait décidé que le cercle des prévenus, suspectés de faire partie de la bande des Bommeleeër, devait potentiellement être élargi. Pierre Reuland, Guy Stebens, Armand Schockweiler, Charles Bourg, Aloyse Harpes et Marcel Weydert se trouvent dans le viseur. Tous les six étaient soupçonnés d’être coauteurs ou complices des prévenus, Marc Scheer et Jos Wilmes, pour les 20 attentats à la bombe ayant secoué le pays entre mai 1984 et mars 1986. On leur reprochait également une entrave à la justice et de faux témoignages.
Il a fallu attendre le 30 octobre 2024 pour voir la confirmation par la chambre du conseil de la Cour d’appel du renvoi devant une chambre criminelle de huit personnes. Pour la dernière instance avant l’ouverture formelle d’un procès sur le fond, les éléments de l’instruction sont suffisants pour inculper cinq anciens directeurs de la gendarmerie : Guy Stebens (65 ans), Pierre Reuland (67 ans), Charles Bourg, Armand Schockweiler (70 ans) et Aloyse Harpes (97 ans). S’y ajoute Marcel Weydert (68 ans), membre de la brigade mobile de la gendarmerie (BMG). L’ancienne unité spéciale des forces de l’ordre fait figure de fil rouge dans l’affaire.
À la liste initiale du procureur se sont ajoutés deux anciens membres de la Sûreté, Paul Haan (89 ans) et Guillaume Büchler (76 ans).
Ils ne sont plus que sept à se présenter à partir de ce lundi après-midi devant les juges de la 9e chambre du tribunal de Luxembourg, présidée par Elisabeth Ewert. Charles Bourg est décédé le le 24 juillet dernier à l’âge de 79 ans.
Les prévenus sont poursuivis pour faux témoignages. Les soupçons qui les désignaient coauteurs ou complices des deux premiers accusés dans l’affaire Bommeleeër n’ont pas pu être concrétisés lors de l’instruction. L’entrave à la justice n’a également pas été retenue.
La fin des débats fixée au 11 décembre
Ben Geiben est mis hors de cause. Le nom de l’ancien chef de la BMG avait été cité à maintes reprises lors du premier procès en tant que membre de la bande des Bommeleeër. La justice a clos le dossier fin octobre 2024.
Il est à préciser que ce procès est complémentaire au procès principal, ouvert fin février 2013 et qui est donc en pause depuis début juillet 2014. Les prévenus d’alors Marc Scheer et Jos Wilmes ne prendront pas place sur le banc des prévenus. Les poursuites contre ces anciens membres de la BMG accusés d’être des poseurs de bombes ne pourront reprendre qu’à l’issue du procès baptisé «Bommeleeër bis».
De nombreuses déclarations contradictoires, une mémoire lacunaire et des amnésies qualifiées de sélectives valent aux sept nouveaux prévenus dans cette affaire du siècle un procès pour faux témoignages.
Il sera intéressant d’observer si les débats vont se transformer une nouvelle fois en instruction bis, comme ce fut le cas lors du procès principal. Au fil des plus de 170 séances, la présidente, le procureur et la défense avaient multiplié les demandes pour entendre des témoins qui ne figuraient pas sur la liste initiale retenue par la justice. Les anciens Premiers ministres Jean-Claude Juncker et Jacques Santer ont ainsi dû se présenter à la barre, tout comme l’actuel chef de gouvernement et ancien ministre de la Justice Luc Frieden. Rappelons aussi le défilé des Princes Jean et Guillaume, frères de l’ancien Grand-Duc Henri, soupçonnés d’être impliqués dans l’affaire Bommeleeër.
Le procès doit durer jusqu’au 11 décembre. Seize audiences sont prévues. Pour faux témoignages, les prévenus risquent entre 5 et 10 ans de prison. Rappelons que la présomption d’innocence prévaut jusqu’à une condamnation en dernière instance.
Les dates clés
25 février 2013 Début du procès contre Marc Scheer et Jos Wilmes, deux anciens membres de la BMG. Au fil des séances – au départ 65 étaient prévues – la liste des 90 témoins ne cesse de s’allonger.
28 janvier 2014 Coup de tonnerre : sur proposition du procureur d’État adjoint Georges Oswald, Marcel Weydert et Armand Schockweiler ne sont plus considérés comme témoins, mais comme potentiels inculpés.
22 mai 2014 Creos, anciennement Cegedel, victime des poseurs de bombes dans les années 1980 et partie civile, renonce à réclamer des dommages-intérêts pour inciter les auteurs à livrer la vérité sur ces actes. L’État annonce ne pas renoncer à faire condamner et payer les auteurs, coauteurs ou complices de ces actes.
25 juin 2014 176e séance : le procureur d’État adjoint Georges Oswald dévoile les noms des six personnes qu’il souhaite voir inculper par le juge d’instruction.
2 juillet 2014 La chambre criminelle prononce la suspension du procès Bommeleeër.




