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Canada | L’inflation ralentit à 2,2 % en octobre

(Ottawa) Il y avait des signes d’un ralentissement de l’inflation en octobre, mais une situation plus confuse sous le capot amène la plupart des économistes à s’attendre à ce que la Banque du Canada reste en retrait lors de sa dernière décision sur les taux d’intérêt de l’année.

Mis à jour hier à 15 h 08

Craig Lord

La Presse Canadienne

La baisse des prix à la pompe et dans les magasins d’alimentation a contribué à ramener l’inflation à 2,2 % en octobre, indique lundi Statistique Canada.

Ce chiffre est légèrement supérieur aux prévisions des économistes, mais en baisse par rapport aux 2,4 % enregistrés en septembre.

L’augmentation des prix de l’essence a été mise en cause dans la hausse d’un demi-point de l’inflation en septembre, et Statistique Canada précise que la baisse des prix à la pompe le mois dernier a contribué à freiner l’inflation.

Les prix à l’épicerie ont également reculé de 0,6 % en octobre, la plus forte baisse mensuelle depuis septembre 2020.

Doug Porter, économiste en chef à la BMO, souligne qu’une partie de ce soulagement est probablement liée à la « dissipation » des pressions sur les prix résultant des droits de douane imposés sur les produits périssables américains, tels que le jus d’orange de Floride au début de l’année. Ottawa a supprimé la majeure partie des droits de douane de rétorsion imposés par le Canada aux États-Unis en septembre.

Les prix des denrées alimentaires achetées à l’épicerie ont grimpé de 3,4 % sur une base annuelle, après avoir atteint 4,0 % en septembre.

Statistique Canada précise que ce ralentissement est dû à la baisse des coûts des légumes frais et d’une catégorie comprenant principalement des aliments transformés, mais que les hausses de prix plus importantes du poulet frais ou surgelé ont modéré cette baisse.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le prix des légumes frais était en baisse en octobre.

En excluant les influences des denrées alimentaires et de l’énergie, M. Porter observe que l’inflation annuelle a augmenté de 3 points pour atteindre 2,7 % en octobre.

« Beaucoup de confusion »

Cependant, les économistes et la Banque du Canada utilisent de nombreuses méthodes différentes pour évaluer les tendances sous-jacentes de l’inflation. Certaines mesures suggèrent que les pressions sur les prix s’atténuent, tandis que d’autres montrent des signes de persistance en octobre.

« Il y a beaucoup de signaux contradictoires et il y a beaucoup de confusion dans l’inflation sous-jacente », constate M. Porter.

La Banque du Canada relève ou abaisse son taux d’intérêt de référence afin de maintenir l’inflation annuelle autour de son objectif de 2 %. La banque centrale ne souhaite pas que l’inflation soit trop supérieure à 2 % ni qu’elle descende en dessous de ce seuil.

Compte tenu d’une série de modifications fiscales et des répercussions des droits de douane sur les chiffres de l’inflation au Canada, la banque centrale a reconnu qu’il est actuellement plus difficile que d’habitude d’avoir une idée des tendances sous-jacentes de l’inflation.

M. Porter indique que les données d’octobre montrent que le bilan des chiffres de l’inflation de base place probablement les hausses de prix sous-jacentes à près de 2,5 %, ce qui correspond aux prévisions de la Banque du Canada. Si l’on exclut l’effet de la suppression de la tarification carbone au début de l’année, l’inflation annuelle serait également légèrement supérieure à ce niveau, note-t-il.

« Du point de vue de la banque, c’est probablement un peu trop élevé pour qu’elle soit tout à fait à l’aise, explique M. Porter. Donc, le point principal ici est que, selon moi, la banque ne va pas modifier les taux d’intérêt lors de sa prochaine réunion. »

Le rapport sur l’inflation d’octobre marque la dernière analyse des données sur les prix à laquelle aura accès la Banque du Canada avant sa décision sur les taux d’intérêt, le 10 décembre.

Le taux d’intérêt de référence de la banque centrale s’établit à 2,25 % après les baisses décidées lors des réunions consécutives de septembre et octobre.

« Aucun changement »

Les responsables de la Banque du Canada ont indiqué le mois dernier qu’ils pourraient mettre fin aux baisses de taux à court terme, à moins que les données économiques ne les surprennent.

Andrew Grantham, économiste principal à la CIBC, précise lundi dans une note à ses clients que, même si le taux d’inflation global s’est refroidi, la Banque du Canada aurait besoin d’une période plus soutenue de ralentissement des prix pour ajuster à nouveau ses taux.

« Nous continuons de prévoir qu’il n’y aura aucun changement du taux au jour le jour jusqu’à la fin de l’année prochaine », indique M. Grantham.

Selon LSEG Data & Analytics, les marchés financiers ont évalué lundi midi à un peu moins de 90 % les chances que la Banque du Canada maintienne ses taux inchangés en décembre.

L’économiste de la Banque Royale, Abbey Xu, souligne que le rapport sur l’inflation d’octobre confirme que l’économie n’a pas besoin d’un allègement urgent des taux d’intérêt.

« Les pressions sous-jacentes sur les prix restent élevées, à des taux supérieurs à l’objectif d’inflation de la Banque du Canada, la demande des consommateurs s’est révélée résiliente jusqu’à présent malgré l’incertitude qui règne sur le commerce international, et la politique budgétaire devrait soutenir la croissance au cours de l’année à venir », écrit-elle dans une note.

Le maintien d’un taux d’inflation global élevé en octobre s’explique par une hausse inhabituelle des coûts des services de téléphonie mobile. Selon Statistique Canada, les prix dans ce segment ont augmenté de 7,7 % sur un an, la première hausse annuelle depuis avril 2023.

Les consommateurs ont également payé plus cher leur assurance habitation, hypothécaire et automobile en octobre, en particulier en Alberta, selon l’agence. Au cours des cinq dernières années, le coût de l’assurance habitation et hypothécaire a augmenté de 38,9 % à l’échelle nationale, tandis que les primes d’assurance automobile ont augmenté de 18,9 %.

Les variations des impôts fonciers, qui sont enregistrées chaque année en octobre, ont montré que les propriétaires canadiens ont payé 5,6 % de plus par an en 2025. Cela représente une légère baisse par rapport aux 6 % enregistrés en 2024, qui, selon M. Porter, constituaient la plus forte augmentation observée depuis des décennies.

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