Crise au PLQ | Marwah Rizqy mise en demeure

(Québec) Renvoyée « cavalièrement » par Marwah Rizqy, son ex-directrice de cabinet Geneviève Hinse lui a envoyé une mise en demeure pour qu’elle admette publiquement ce jeudi « l’absence de motif justifiant son congédiement ». À défaut de quoi elle la poursuivra pour obtenir « compensation pour le grave préjudice subi ».
Publié à 7 h 35
Dans une mise en demeure envoyée mercredi, son avocat Jacques Jeansonne reproche à Mme Rizqy d’avoir « cavalièrement prétendu congédier madame Hinse de son poste de cheffe de cabinet, “notamment pour faute grave et rupture du lien de confiance”. Il fait valoir que Mme Rizqy, alors cheffe parlementaire, a pris cette décision lundi “en contravention à la coutume constitutionnelle qui réservait au chef de parti”, donc Pablo Rodriguez, cette prérogative ».
« Vous ne lui avez pas explicité votre décision, pas plus qu’aux instances du Parti à qui vous avez prétexté de la confidentialité de vos motifs, alors que vous n’en aviez aucun. Votre silence aggrave le préjudice subi par notre cliente, en ce qu’il suscite dans l’opinion publique des questionnements sur la possibilité que de tels motifs puissent exister », soutient l’avocat.
« Dans le strict but d’éviter la judiciarisation de cette affaire qui entraînerait probablement le financement de votre défense par des fonds publics, notre cliente nous mandate de vous offrir la renonciation à son droit de rechercher compensation pour le grave préjudice subi, à la condition que vous admettiez publiquement d’ici 24 heures l’absence de motif justifiant son congédiement. »
Si Marwah Rizqy ne répond pas à cette demande jeudi, Mme Hinse a l’intention d’entendre « les procédures requises à (son) encontre sans autre avis ni délai ». Son « refus de voir à mitiger le préjudice subi […] sera allégué et mis au compte de l’aggravation de celui-ci », précise-t-il avant de conclure avec l’habituelle mise en garde. « Vous seriez bien avisée d’agir en conséquence ».
Mercredi, dans une déclaration écrite envoyée aux médias, Geneviève Hinse disait « évaluer tous (les) recours » pour « rétablir les faits ».
« Lundi, à mon immense surprise, j’ai été congédiée de mon poste de cheffe de cabinet de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale, par Marwah Rizqy. En dehors d’une courte lettre, je n’ai pas eu, à ce jour, la moindre explication de sa part, que ce soit verbalement ou par écrit, de ce qui justifiait un tel congédiement », écrit-elle.
Cette lettre de Mme Rizqy ne fait qu’évoquer une « faute grave » sans aucune précision.
« Je suis évidemment blessée par cette situation, d’autant que je suis convaincue que rien ne justifiait mon congédiement, écrivait-elle. J’ai l’intention de me défendre vigoureusement et j’évalue tous les recours à ma disposition afin de rétablir les faits. »
Elle dit travailler en politique « depuis 20 ans avec rigueur, professionnalisme et honnêteté ». « Au cours des dernières heures, une foule de personnes que j’apprécie et respecte m’ont fait part de leur support dans le contexte difficile que je traverse. J’en suis sincèrement reconnaissante », affirmait-elle.
Mardi, Pablo Rodriguez a suspendu Marwah Rizqy du caucus pour « bris de confiance ». Il lui a reproché d’avoir congédié Geneviève Hinse sans le prévenir et sans lui fournir d’explications.
Selon une source libérale, Mme Rizqy reprocherait à Geneviève Hinse d’avoir utilisé les fonds publics, à savoir les budgets accordés par l’Assemblée nationale, pour financer des activités de nature partisane, dont une tournée régionale du chef du parti. Une telle pratique est interdite. Cette même source ajoutait que, d’autre part, une plainte aurait été déposée auprès du Directeur général des élections concernant la campagne à la direction de Pablo Rodriguez.
Au lendemain de sa victoire dans la course à la direction du PLQ, M. Rodriguez, qui n’a pas de siège à l’Assemblée nationale, avait nommé Marwah Rizqy comme cheffe parlementaire. Il avait également choisi en juin sa directrice de cabinet, Geneviève Hinse.
Mme Hinse est une proche de longue date de Pablo Rodriguez, d’abord au Parti libéral du Canada. Elle a également travaillé dans des cabinets du PLQ sous le gouvernement Charest, avec la ministre Yolande James.




