Alcool au volant: 40 mois de prison pour avoir brisé des vies

Cette femme de 35 ans a pris la décision délibérée de boire et de conduire son véhicule – à plus d’une reprise. Les collisions qu’elle a provoquées ne sont pas des accidents. Il s’agit de crimes graves.
Surtout, ces tragédies auraient pu être évitées.
La conduite avec les facultés affaiblies est de plus en plus sévèrement punie. Les tribunaux ont une intention ferme de créer un «effet dissuasif général».
«Malgré le nombre de décès et de blessures graves répertoriées dans l’actualité, les délinquants semblent trop souvent se sentir immunisés contre ce type de tragédies qui, selon eux, n’arrivent qu’aux autres», laisse tomber le juge Frank D’Amours, vendredi au palais de justice de Québec.
En 2023, Camille Chalifour a appris «de façon brutale» que ça n’arrive pas juste aux autres. Elle a fait six blessés par son «manque flagrant de jugement» et son «mépris pour la vie, la sécurité et la santé d’autrui».
Premier impact
En avril 2023, Chalifour roule à toute allure sur l’autoroute 40. Près de Saint-Basile, elle emboutit violemment le véhicule d’un groupe de travailleurs étrangers.
Les deux passagers subissent un traumatisme crânien léger, alors que le conducteur souffre d’une perforation de la vessie. Les trois victimes conservent des douleurs dans les semaines suivant la collision.
Camille Chalifour a les yeux rougis, une bouche pâteuse, puis son langage est lent. Elle avoue avoir consommé de l’alcool.
L’événement entraîne un changement de trajectoire marqué dans la carrière des victimes, pour le pire.
Fuite
En octobre 2023, l’accusée conduit son véhicule malgré la suspension de son permis. Depuis juillet 2023, la Cour municipale de Montréal l’a révoqué en raison d’amendes impayées.
Elle n’est pas encore accusée pour les événements survenus quelques mois plus tôt.
Après la collision, on peut voir Camille Chalifour tenté de quitter les lieux.
(Preuve déposée au tribunal)
Sur l’île d’Orléans, elle roule rapidement en louvoyant. Dans une manœuvre de dépassement illégale, elle percute un véhicule, avec quatre personnes d’une même famille à bord.
Le véhicule des victimes est aussitôt en perte de contrôle et effectue plusieurs tonneaux. Trois personnes sont transportées à l’hôpital avec diverses blessures. Un garçon de 12 ans était aussi à bord, il n’a pas subi de blessures, mais reste secoué à la suite des événements.
Le véhicule de Camille Chalifour s’enfonce lui aussi dans le fossé. Un homme vient alors lui porter assistance.
La femme de 35 ans se montre toutefois irritée, notamment mécontente que la police soit contactée. Elle ramasse quelques effets personnels dans son véhicule et quitte les lieux. Les caméras de surveillance captent la scène.
On voit la chauffarde marcher en bordure de la route, et un témoin essaie de la retenir, pour qu’elle soit présente à l’arrivée des services d’urgence.
La femme revient sur la scène de crime une heure et demie plus tard. Des tests sont effectués rapidement. Près de deux heures après la collision, Chalifour a deux fois la limite d’alcool permise dans le sang.
Elle a par la suite été accusée de plusieurs accusations pour les deux événements, dont conduite avec les facultés affaiblies causant des lésions et délit de fuite.
Des conséquences importantes
Camille Chalifour habite la région de Montréal. Elle espérait purger une peine de deux ans dans la collectivité. Une telle peine s’avère bien trop clémente dans le contexte.
Lors des observations sur la peine, l’accusée avait confié au juge D’Amours être alcoolique. La mort de proches dans sa famille avait entraîné une rechute, quelque temps avant les deux collisions.
Aujourd’hui, elle assure ne plus consommer d’alcool et avoir effectué des thérapies.
Les cinq victimes de Camille Chalifour ont quant à elle subi d’importantes blessures, tant physiques que psychologiques.
Des douleurs musculaires, des pertes de mémoire, des arrêts de travail, une peur de conduire… La chauffarde a changé des vies à jamais.
En poursuite, la procureure Me Camille Dubé a rappelé les conséquences désastreuses, causées directement pars les décisions catastrophiques de l’accusée.
Le magistrat s’est rangé derrière la suggestion de la poursuite, en imposant une peine importante de 40 mois de détention.
«Les consommateurs invétérés d’alcool qui prennent le volant sous leur influence jouent avec leur vie, celle de leurs passagers et celle de l’ensemble des usagers de la route. C’est à ce jeu dangereux que s’est trop longtemps adonnée l’accusée», maintient le juge D’Amours.
Chalifour écope aussi d’une interdiction de conduire de 36 mois, qui s’entame à sa sortie de prison.
La trentenaire a pris la direction du pénitencier en essuyant quelques sanglots, vendredi.
Malgré les gestes posés, le magistrat souligne qu’elle a exprimé des remords sincères envers les victimes.




