Peine de trois ans pour une «bombe à retardement» qui a causé deux accidents avec blessés en six mois

Le tribunal a condamné à trois ans de pénitencier une alcoolique qui a provoqué en six mois deux accidents majeurs ayant fait plusieurs blessés alors qu’elle était saoule. «Ce n’était qu’une question de temps avant que l’inévitable ne survienne», a déploré le juge en envoyant Camille Chalifour au pénitencier.
Photo tirée de FACEBOOK, CAMILLE CHALIFOUR
La femme de 35 ans a provoqué une première collision sur l’autoroute 40, dans Portneuf, en avril 2023. Elle avait alors embouti l’arrière d’une voiture qui circulait dans la même direction qu’elle. Les occupants, deux travailleurs étrangers, ont subi des blessures importantes, perdant même conscience sous la force de l’impact.
Véhicule des deux victimes du premier accident causé par Camille Chalifour en avril 2023. La femme a plaidé coupable de conduite avec facultés affaiblies causant des lésions pour deux événements survenus en avril et en octobre 2023.
Crédit photo: Preuve déposée au tribunal
Preuve déposée au tribunal
Malgré ce premier événement, qui aurait dû lui faire réaliser l’inadéquation de ses gestes, la jeune femme a choisi de reprendre le volant six mois plus tard, et ce, même si son permis était suspendu à ce moment.
«Même après avoir expérimenté les conséquences potentiellement tragiques de son comportement, elle a lancé les dés une seconde fois», a déploré le juge Frank D’Amours vendredi dans sa décision sur la peine à imposer à la chauffarde.
«Irréfléchie et irresponsable»
De retour d’une sortie aux pommes à l’Île d’Orléans où elle avait bu presque l’entièreté d’une bouteille de cidre à 17% d’alcool, Chalifour a repris le volant.
Le résultat aura tragiquement été le même que six mois plus tôt.
En tentant un dépassement, elle s’est rabattue trop tôt sur une voiture où se trouvaient quatre personnes, les lançant dans une série de tonneaux. Une caméra du ministère des Transports a capté l’accident en plus de filmer l’accusée en train de fuir à la course. Elle était finalement revenue près de deux heures plus tard sur les lieux.
«De façon irréfléchie et irresponsable, elle a cru que cela ne pourrait pas arriver deux fois. Or, elle avait tort», a souligné le juge D’Amours, qui a précisé ne pas avoir trouvé de jurisprudence s’apparentant au cas de l’accusé, soit un automobiliste en état d’ébriété qui cause deux accidents avec blessés lors d’événements distincts sur une si courte période.
Cette spécificité dans le cas de Chalifour a évidemment milité pour une peine sévère. Sans antécédent, la délinquante a pris le chemin du pénitencier pour une peine globale de 39 mois de détention, soit un peu plus de trois ans.
Risque de récidive «présent»
Lors des observations sur la peine, Camille Chalifour a reconnu avoir conduit à de multiples reprises sous l’influence de l’alcool au fil des ans. Une dépression et les décès de proches l’ont replongée dans la consommation malgré des tentatives de thérapie avortées.
«Chaque fois que le deuil survient, l’accusée redevient une bombe à retardement en se réfugiant dans l’alcool d’une part et en continuant à prendre le volant quotidiennement d’autre part. […] Comme le dit l’adage: ‘’Ce qui devait arriver arriva.’’» –Le juge Frank D’Amours
La sentence imposée à Camille Chalifour se rapproche de la peine suggérée par la procureure au dossier. Me Camille Dubé avait réclamé une peine de quatre ans de pénitencier, insistant sur le fait «qu’il n’y avait rien de fortuit dans ce qui s’est passé».
Camille Chalifour au palais de justice de Québec le 17 juin 2025. La femme a plaidé coupable à des chefs d’accusation de conduite avec les facultés affaiblies causant des lésions pour deux événements où elle a provoqué des accidents sérieux alors qu’elle était en état d’ébriété au volant.
Crédit photo: Pierre-Paul Biron – Journal de Québec
Photo PIERRE-PAUL BIRON
En défense, Me Carole-Anne Gagnon plaidait pour une peine de deux ans dans la collectivité, insistant sur la réhabilitation de sa cliente, maintenant sobre. Un rapport présentenciel faisait état d’un risque de récidive ainsi «amoindri».
«Un risque de récidive amoindri demeure quand même un risque de récidive présent», a souligné avec justesse le juge D’Amours, rejetant promptement la possibilité d’une peine dans la collectivité pour des délits aussi insouciants.
Camille Chalifour sera aussi sous le coup d’une interdiction de conduire de 36 mois en sus de sa période de détention.
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