Le Canadien | Une glissade à stopper, par les points ou les poings

Au cours des premières semaines du calendrier, on a cessé de compter les publications sur les réseaux sociaux du classement de la LNH avec, à sa tête, le Canadien. Les partisans ne se pouvaient plus, et personne ne leur a reproché leur enthousiasme après des années de misère.
Publié hier à 17 h 22
Alors que l’équipe a franchi la barre des 20 matchs et qu’approche à grands pas Thanksgiving, moment symbolique qui fournit historiquement l’essentiel du tableau des séries éliminatoires, le CH est tombé sous la ligne séparant les clubs de séries des autres.
Comprenons-nous bien : avec une victoire samedi contre les Maple Leafs de Toronto, les Montréalais remonteraient parmi les meilleurs de la division Atlantique. Ce n’est donc pas catastrophique. Toutefois, avec une seule victoire à ses huit derniers matchs, le Tricolore n’apparaît plus en position de force dans une Association de l’Est serrée au possible, où cinq points séparent le 3e rang du 15e.
« Je regarde le hockey tous les soirs, alors je suis bien conscient de la situation », a convenu le défenseur Noah Dobson, vendredi, après l’entraînement du CH.
« Une seule équipe est sous la barre des ,500, a poursuivi le défenseur. Ce sera serré toute l’année. C’est pourquoi tous les points comptent. »
PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE
Noah Dobson
Grâce à notre bon départ, on demeure en bonne posture même si on a glissé un peu. On doit se concentrer sur [ce samedi] et construire sur ça.
Noah Dobson, défenseur du Canadien
Chez le Canadien, le chantier de l’heure est justement de déterminer ce qui freinera la glissade dont parle Dobson. Pendant l’essentiel de la séquence malheureuse qui s’est amorcée le 4 novembre au soir contre les Flyers de Philadelphie, les hommes de Martin St-Louis ont offert des performances convaincantes ou relativement convaincantes. C’était vrai jusqu’à jeudi : contre les Capitals de Washington, la structure défensive s’est effondrée, en route vers un revers gênant de 8-4 à domicile.
Vendredi, l’entraîneur a envoyé un message clair à ses troupiers. L’hémorragie d’« actions qui aident l’autre équipe » doit être jugulée, et cette prise de responsabilité doit être à la fois individuelle et collective. Les thèmes de l’honnêteté et de la vérité, omniprésents dans les moments creux des dernières années, se sont réinvités dans le vestiaire.
« La réponse est dans le miroir, a résumé Cole Caufield en citant son entraîneur. On doit mieux gérer le match et rester hors du banc des pénalités ; disputer un match mature sans tricher. On veut aussi jouer plus librement. C’est un équilibre à retrouver. »
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Alex Ovechkin (8) devant Jake Evans (71)
Le Tricolore s’est en effet retrouvé dans le pire des deux mondes, jeudi. En retard au pointage, il a pris des risques sur le plan offensif, qui ont en partie payé, mais qui ont surtout coûté des buts additionnels.
St-Louis en appelle donc à un retour à du jeu discipliné, basé sur l’envoi de rondelles profondément en zone adverse. « C’est comme ça qu’on va créer du momentum, a-t-il noté. On misera sur notre contre-attaque quand l’autre équipe commettra une erreur. »
Robustesse
Il n’y a pas que dans la discipline offensive que le Canadien a peiné à trouver le juste milieu, jeudi. Sur le plan de la robustesse, les locaux ont paru ébranlés, voire intimidés par leurs adversaires. Notamment et surtout par Tom Wilson.
Celui-ci a frappé durement Jake Evans en fin de deuxième période, et même si l’attaquant montréalais a été forcé de quitter la rencontre, Wilson n’a jamais été dérangé, ni sur la séquence ni après. Le vétéran n’a même été la cible d’aucune mise en échec de toute la rencontre.
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Tom Wilson (43) et Nick Suzuki (14)
Dans le vestiaire du Canadien, on a tenté de relativiser les choses en acceptant une part de responsabilité. Répondre aux attaques « n’est pas juste la responsabilité de nos gros bonhommes », a rappelé Lane Hutson, ajoutant qu’il a détesté que son club « se retrouve sur la banquette arrière ».
Quelques intervenants ont souligné que des invitations à jeter les gants avaient été lancées à Wilson, qui les a déclinées. En outre, avec un match encore à la portée du CH, Martin St-Louis préférait que ses joueurs répondent « de manière intelligente », c’est-à-dire en évitant les pénalités. De fait, personne n’a été puni… mais le Canadien a perdu.
La direction du club n’a pas eu la même désinvolture par rapport à la situation. En fin de journée, vendredi, Florian Xhekaj a été rappelé du Rocket de Laval.
Xhekaj, frère cadet du défenseur Arber, est attendu depuis longtemps par une frange de partisans désireux de voir leurs favoris déployer davantage de robustesse. Les 175 minutes de pénalité dont a écopé l’attaquant de 6 pi 4 po et 204 lb la saison dernière dans la Ligue américaine donnent en effet une bonne idée de son profil. Xhekaj a par ailleurs inscrit 35 points, dont 24 buts, à sa première campagne professionnelle.
Cela étant, il a présenté des statistiques autrement feutrées en séries éliminatoires (3 points en 13 matchs) et depuis le début de la présente saison (2 buts et 4 points en 16 matchs). Il disputera samedi son premier match dans la LNH.
Est-ce lui qui contribuera à sortir le Tricolore de son marasme ? Peut-être, peut-être pas. Ce qu’on peut prédire, toutefois, c’est que ça brassera ce samedi soir au Centre Bell.
Evans absent de l’entraînement
Sans grande surprise, Jake Evans s’est absenté de l’entraînement de vendredi afin de recevoir des « traitements », selon ce qu’a indiqué l’équipe. Après avoir été frappé par Tom Wilson, jeudi, le numéro 71 est rentré au banc par ses propres moyens et a retraité au vestiaire, lançant son casque dans un geste de frustration. Il a obtenu une seule présence additionnelle dans la rencontre. On ignore la nature exacte de sa blessure. En fin de soirée, jeudi, le capitaine Nick Suzuki, sans avancer de pronostic, a rappelé les antécédents de commotions cérébrales de son coéquipier. On saura seulement ce samedi matin s’il sera en mesure de jouer en soirée.
Gardien à déterminer
Martin St-Louis a dit n’être « pas sûr » quant à savoir qui défendrait le filet montréalais contre les Leafs. Samuel Montembeault et Jakub Dobeš traversent des moments très difficiles, qui ont culminé jeudi contre les Capitals. Montembeault a été retiré de la rencontre après trois buts, et son adjoint n’a pas vraiment mieux paru par la suite. St-Louis a avoué avoir voulu fouetter ses troupes en procédant à un changement de gardien, mais le « momentum » qu’il espérait n’est jamais venu.




