Quand les implants mammaires rendent malade

Julie, qui a toujours éprouvé un complexe au sujet de sa poitrine, aurait pourtant choisi les implants les plus discrets possibles.
Mais la Dre Gaston parlait par expérience: 15 ans après avoir reçu des implants mammaires, elle décidait de se les faire enlever.
Connue du grand public pour le drame qui a marqué sa vie et lui a enlevé ses deux enfants, Isabelle Gaston apparaît cette fois pour tout autre chose, dans le percutant documentaire Inoffensifs, mes implants?, diffusé le lundi 1er décembre à 20 h, sur ICI Télé et ICI Tou.tv.
L’œuvre produite par Julie Snyder et Madeleine Cantin chez Productions J est réalisée par Sasha Campeau (De garde 24/7).
Il faut dire qu’Isabelle Gaston avait gagné à la loterie de la malchance, tombant sur des implants reconnus pour être à l’origine de plusieurs troubles de santé et d’un cancer s’attaquant au système immunitaire, le lymphome anaplasique à grandes cellules.
Si elle avait été mise au courant des risques avant de faire ce choix, jamais elle n’aurait eu recours aux implants.
«On m’a pris mes enfants, on m’a pris ma vie privée. C’est pas vrai que, pour une fois que j’ai retrouvé du bonheur avec Xavier [son fils], que je vais perdre ma santé.»
— Isabelle Gaston
Qu’ils soient lisses ou texturés, remplis au silicone ou à l’eau saline, les implants comportent des risques, puisque leur enveloppe est composée de silicone, qui peut se répandre dans le reste du corps.
Reconnue pour entraîner le cancer, la marque Allergan Biocell macro-texturée, utilisée pour l’augmentation mammaire d’Isabelle Gaston, a été retirée du marché en 2019. La docteure n’a pourtant jamais été informée que ses implants comportaient des risques.
«J’ai eu un sentiment d’injustice de ne pas avoir été mise au courant, de me dire que je ne vaux même pas un téléphone», affirme-t-elle.
Même si elle n’est pas vraiment reconnue par la médecine, la maladie des implants mammaires affecte plusieurs patientes avec des symptômes comme de la faiblesse musculaire, des frissons, un brouillard cérébral ou même des signes qui s’apparentent à ceux d’un AVC ou de la sclérose en plaques.
Il existe très peu d’études sur les risques entourant les implants mammaires. Parce que c’est une business. Et celles qui existent sont bien souvent effectuées par les entreprises d’implants mammaires elles-mêmes.
Trouvez l’erreur.
En constatant que plusieurs patientes éprouvaient des problèmes de santé après avoir reçu des implants, le plasticien Stephen C. Nicolaidis a décidé de ne plus en offrir dans sa clinique; il préfère se consacrer à les extraire à ses patientes qui en font la demande.
C’est ce qu’on appelle des explantations, comme ce qu’a subi la Dre Gaston.
Il est le seul au pays à refuser d’installer des implants mammaires; aux États-Unis, ils sont à peine cinq à faire comme lui.
Et ça ne fait pas plaisir à ses collègues plasticiens, qui n’y voient rien de bon pour la profession.
«Mes opinions ne sont pas celles du service de plastie du CHUM ni du corps scientifique», reconnaît d’emblée le Dr Nicolaidis, dont vous apprécierez la franchise.
La bande-annonce de «Inoffensifs, mes implants?»
(Radio-Canada)
Il existe des alternatives aux implants mammaires, comme le redrapage ou le transfert de gras dans la poitrine. Mais même les patientes qui subissent une mastectomie dans le traitement de leur cancer du sein se font souvent offrir des implants.
Depuis un bon moment déjà, le député bloquiste Luc Thériault réclame à Ottawa que soit instauré un registre qui permettrait de retracer des patientes dont les implants mammaires font l’objet d’un rappel de la part de Santé Canada.
Le Canada est le seul pays du G7 à ne pas avoir de tel registre.
Or, sa demande piétine. La diffusion du documentaire pourrait possiblement relancer sa requête, qu’appuie sans réserve Isabelle Gaston.
Avec sensibilité, Inoffensifs, mes implants? présente les histoires de plusieurs femmes qui ont vécu des lendemains difficiles à leurs augmentations mammaires et qui ont eu recours à l’extraction de leurs implants.
C’est le cas de Julie Christie, qui en était venue à rédiger un mandat d’inaptitude, tellement la douleur était présente. Elle milite aujourd’hui pour faire connaître les risques reliés aux implants mammaires, qu’elle a fait extraire après 30 ans.
De son côté, Chantale Prévost admet avoir pensé au suicide. Elle se faisait dire par les médecins que ses douleurs permanentes, «c’était dans sa tête».
Isabelle Gaston la rencontre le matin de son explantation, un «cadeau» qu’elle s’offre afin de retrouver la santé après avoir porté des implants mammaires durant 24 ans.
Isabelle Gaston sait qu’elle ne se fera pas que des amis parmi le corps médical en participant à ce documentaire mais considère que les femmes doivent connaître les risques, ce qui est tout à son honneur.
Quant à Julie Snyder, elle a perdu toute envie d’avoir recours aux implants.
«Je ne peux plus imaginer que j’aurais des implants après avoir vu le documentaire et après avoir parlé à Isabelle. J’espère que ça va faire réfléchir les femmes qui ont le goût d’en avoir. Si elles ont le goût d’en avoir, c’est comme quand tu fumes, tu risques d’avoir un cancer du poumon; tu vas connaître tes risques.»
LA MÉDIATRICE REMPORTE UN EMMY
Formidable honneur pour la websérie La médiatrice, qui a remporté un trophée aux International Emmy Awards, lundi soir à New York.
Mettant en vedette Mylène Mackay et offerte sur ICI Tou.tv, cette comédie dramatique signée Marie-Élaine Grégoire et réalisée par Isabelle Garneau met en scène une médiatrice familiale elle-même en pleine séparation, qui choisit de prendre le parti des victimes de ruptures en se faisant justicière.
Par le passé, les séries québécoises 30 vies, 19-2 et L’âge adulte ont été nommées aux International Emmy, mais La médiatrice est la première à remporter un trophée, pour la meilleure série courte.
Voilà qui donnera certainement envie à plusieurs d’y jeter un coup d’œil si ce n’est déjà fait. Vous pouvez trouver les huit épisodes, d’une durée de huit à 12 minutes, dans la section Véro.tv de l’Extra d’ICI Tou.tv.
CHANTEURS MASQUÉS FINIT AU SOMMET
La finale de Chanteurs masqués a ébloui le public dimanche soir à TVA, retenant l’attention de 1 469 000 téléspectateurs.
La poule aux œufs d’or, suivie par 1 053 000 fidèles, arrive deuxième, tout juste devant Tout le monde en parle, choisie par 906 000 sur ICI Télé.
Sur Noovo, la finale d’Occupation double Chypre, qui s’est attirée bien des critiques, a rallié 270 000 irréductibles.
Lundi, la finale de Dumas a été regardée par 949 000 accros sur ICI Télé, contre 483 000 pour celle des Armes à TVA, qui a d’ailleurs confirmé qu’il y aurait une troisième saison.
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