Dire que l’album D’eux, lancé en 1995, a connu un succès exceptionnel demeure bien en deçà de la réalité. Fruit d’une riche collaboration entre Céline Dion et l’auteur-compositeur Jean-Jacques Goldman, cette collection de pépites intemporelles a marqué un véritable jalon dans l’histoire du disque et de la chanson d’expression française, comme nous le rappelle ce documentaire qui lui est entièrement consacré.
• À lire aussi: Jean-Philippe Perras fait des confidences touchantes sur l’importance de sa famille dans sa vie.
• À lire aussi: 12 films classiques de Noël à écouter avant le 25 décembre
• À lire aussi: Ce chanteur de “Pub Royal” prépare un hommage émouvant à Richard Desjardins
Plus qu’un simple retour sur une œuvre emblématique, ce documentaire, d’abord diffusé sur la chaîne européenne M6, nous entraîne dans le processus ayant mené à la création de l’album tout en multipliant les séquences d’archives et les témoignages d’artisans et d’observateurs confirmant la puissante influence qu’il a pu exercer depuis 30 ans.
Rencontrée à Las Vegas plus tôt cette année, la diva, qui a traversé triomphes et épreuves depuis les années 1990, se remémore cette période, sans aucun doute l’une des plus fructueuses de sa carrière.
«René, moi, Jean-Jacques Goldman et son équipe, les chansons composées… Je n’avais aucune attente», se souvient la principale intéressée en évoquant avec émotion de précieux souvenirs. «J’étais tellement heureuse! J’avais découvert des chansons extraordinaires et, en plus, j’avais découvert un ami…»
«Jean-Jacques, c’est certain qu’il a changé la carrière artistique [de Céline] en France», évoque pour sa part le regretté René Angélil durant une séquence d’archives qui nous le présente à une époque où il était au meilleur de sa forme.»Mais il a aussi changé sa carrière artistique, point. […] Toutes les chansons de l’album étaient vraiment incroyables.»
Un cadeau inestimable
Aux dires de Céline, le cadeau que lui a offert Jean-Jacques Goldman, sous la forme d’un bouquet de compositions créées sur mesure, n’a pas de prix. Elle reconnaît par ailleurs, avec le recul, que travailler à ses côtés lui a permis de se découvrir comme artiste.
«Céline, elle fait les chansons comme tu les rêves», dit Goldman à propos de cette période de collaboration, durant laquelle il a tenté de cerner la personnalité, le potentiel et l’univers de la chanteuse afin d’en tirer le maximum. «Et parfois même mieux!» Ce compliment n’est pas anodin de la part d’un homme qui a accumulé les succès et les honneurs depuis ses débuts.
«Je me suis rendu compte que c’était potentiellement une vraie chanteuse de blues, et même de rhythm and blues», confie plus tard le grand maestro du projet. «Quand je l’ai entendue chanter River Deep Mountain High, par exemple, je me suis dit que si elle pouvait chanter comme ça en anglais, elle pouvait aussi le faire en français.» Cette réalisation a notamment mené à la création de Regarde-moi, une des compositions aux accents soul les plus entraînantes de cet album d’exception.
«Il a dû avoir énormément de plaisir avec elle», croit pour sa part l’arrangeur Roland Romanelli, qui a travaillé sur Vole, écrite à la mémoire de Karine, la nièce de Céline ayant succombé à un long combat contre la fibrose kystique. «Parce qu’avec elle, il n’y avait pas de limite. Quand on a Céline Dion, on ne se demande pas: “Est-ce qu’elle va y arriver ou ne pas y arriver?”»
Maîtrise et retenue
Parmi les grands apprentissages qui lui ont permis de devenir une artiste plus accomplie, la chanteuse évoque, au cours d’un entretien, cette demande de «déchanter» formulée par Jean-Jacques Goldman durant l’enregistrement de D’eux. C’est-à-dire de ne pas aller au bout de sa voix et de son souffle à chaque mesure. Cette nouvelle retenue lui a permis de troquer de la puissance de sa voix contre une sensibilité accrue dans l’interprétation des plusieurs des morceaux de l’album le plus vendu de l’histoire de la musique francophone.
«Parce que Céline a et des possibilités exceptionnelles, parce qu’elle a une voix qui projette et qu’elle atteint des notes rares, tout le monde voulait la faire chanter fort et haut», rappelle Garou, lui aussi appelé à témoigner. «Jean-Jacques a transformé Céline, dans le bon sens. Il [a découvert en elle] une sensibilité, qu’elle n’avait pas besoin d’en faire trop pour que ce soit exceptionnel. C’est là qu’il la fait “déchanter” et — oh, mon Dieu! — quelle bonne idée!» Cette approche aura certainement contribué à la longévité des chansons d’un album qui, tout compte fait, aurait pu être lancé hier.
«Ça fait 30 ans, et les chansons n’ont pas pris une ride», dit à ce propos l’animateur Michel Drucker, un allié des premières heures de Céline Dion, à l’époque où elle tentait de percer dans ce grand marché qu’est la France.
En écoutant les succès qui s’enchaînent sur D’eux et ne semblent pas avoir pris la poussière, on est tenté d’abonder dans le même sens.
À VOIR AUSSI:
