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Une foule historique dans les rues de Québec

Samedi midi, la place de l’Assemblée nationale était pleine à craquer.

Des milliers de femmes ont fait la route depuis toutes les régions du Québec pour participer à la Marche mondiale des femmes, un événement qui revient tous les cinq ans.

De la Baie-James, de la Gaspésie, de Rouyn-Noranda: environ 140 autobus ont transporté des groupes de partout au Québec vers la capitale.

Le mouvement est en mobilisation depuis le 8 mars dernier en prévision de l’ultime démonstration de force tenue samedi midi.


Des milliers de femmes étaient rassemblées à Québec samedi à la Marche mondiale des femmes.
(Juliette Nadeau-Besse)

La foule qui a déambulé sur la colline parlementaire était plus qu’imposante. Les militantes occupaient plus d’un kilomètre de chaussée.

Le départ de la marche s’est fait à partir de l’Assemblée nationale. Le convoi a ensuite emprunté la Grande-Allée jusqu’à la rue Claire-Fontaine, pour reprendre le boulevard René-Lévesque et retourner devant le Parlement.

«On n’est pas là juste pour marcher»

La Marche mondiale des femmes fête son 25e anniversaire cette année. Le mouvement appelle à un grand rassemblement tous les cinq ans.

Mais la Marche mondiale des femmes va bien au-delà du simple geste de marcher, assure Marie-Hélène Fortier, coordonnatrice de la Marche mondiale des femmes. «C’est plus que ça, c’est l’idée de la convergence des luttes.»

En effet, il n’y a pas qu’un thème évoqué lors de ce grand attroupement. La crise climatique, la pauvreté, la crise du logement, la vulnérabilité des immigrantes, le droit à l’avortement : tous les thèmes chers aux groupes féministes sont au rendez-vous.

Et les femmes ont l’espoir d’obtenir de réels progrès de la part des différents paliers de gouvernement.

«On a eu des gains dans le passé, et on s’est beaucoup attachées à ça pour nous donner de la motivation», remarque Marie-Hélène Fortier.

«Mais là on assiste à une montée de l’extrême droite, une montée du masculinisme. On sent plus que jamais que nos droits sont menacés et que c’est fragile».

«S’il y a eu des gains, maintenant je les sens menacés.»

—  Marie-Hélène Fortier, coordonatrice de la Marche mondiale des femmes

Et cette indignation a sans doute contribué à mobiliser des milliers de personnes en ce samedi, croit Marie-Hélène Fortier.

Fêter pour ne pas s’écrouler

L’ambiance était à la fête samedi, la foule était accompagnée de musique, d’animations et de kiosques. Mais les revendications n’en sont pas moins sérieuses.

«En tant que militantes, on a besoin d’espoir», explique la co-porte-parole de l’événement, Julie Antoine, rencontrée par Le Soleil juste après son discours qui dénonçait la violence contre les femmes.

Elle y dénonçait entre autres le système de justice qui n’est pas adapté aux victimes de violences sexuelles, mais aussi les nombreux féminicides.

En 2024, pas moins de 24 femmes ont été victimes de féminicides au Québec. Les trois quarts ont été tuées chez elles. «Les femmes, la place où elles sont le moins en sécurité, c’est chez elle.»

«Mais qu’est-ce que les gouvernements attendent pour agir? Une autre petite fille tuée à Granby? Un autre viol collectif commis par une équipe sportive? Une autre femme assassinée par son ex-conjoint? Une autre femme autochtone disparue? Un autre Polytechnique?»

Le discours de Julie Antoine, co-porte-parole de l’événement, laisse un froid dans le dos. Il n’a rien de festif, malgré l’ambiance joyeuse de l’événement.

«On lutte pour quelque chose de beau», explique la militante. «Oui, on garde l’espoir et on porte ces revendications malgré la teneur très sombre des propos qu’on porte.»

Et ce, quelque chose de beau, c’est un avenir plus égalitaire pour les autres générations.

«Il faut qu’on regarde par en avant. Sinon, c’est sûr que c’est trop dur. On le fait sur nos filles, c’est ça qui nous tient debout», témoigne Julie Antoine.

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