Un projet près d’une source d’eau potable: des résidents s’opposent à Hydro-Québec

Des citoyens de Lanaudière veulent éviter qu’Hydro-Québec n’installe un poste de transformation de courant en amont de leur principale source d’eau potable, craignant que cela ne puisse la contaminer.
«Plus aucune municipalité ne pourrait protéger sa source d’eau potable d’Hydro-Québec si elle installe ce poste chez nous. Ça créerait un précédent pour la province», s’insurge Daniel Quirion, rencontré par Le Journal dans sa maison écologique de Saint-Cuthbert, accompagné d’une poignée d’autres citoyens inquiets.
Daniel Quirion regarde la potentielle localisation d’un poste de transformation d’électricité sur une carte.
Photo ZOÉ ARCAND
Avec une soixantaine de résidents de ce petit village de Lanaudière et appuyé par la Municipalité, il tente d’empêcher la société d’État de construire un poste de transformation en amont de la rivière Chicot.
«C’est notre principale source d’eau potable», s’alarme Nathalie Panneton, directrice générale adjointe de la Municipalité, qui s’inquiéterait que cette eau soit contaminée advenant un bris majeur des équipements.
Simon Gariépy, un technicien en traitement de l’eau de la région, lui aussi rencontré au domicile de Daniel Quirion, évoque le déversement de 25 000 litres d’huile isolante composée d’hydrocarbures survenu au poste de transformation Joly en 2014.
Simon Gariépy s’oppose à ce qu’Hydro-Québec installe un poste de transformation dans le bassin versant de la principale source d’eau potable de Saint-Cuthbert.
Photo ZOÉ ARCAND
Inquiets pour l’écosystème
Hydro-Québec assure toutefois que ce genre de situation est «exceptionnel», mais indique utiliser «à l’occasion» des phytocides, des produits chimiques homologués par Santé Canada, pour contrôler la végétation sous ses lignes.
Les résidents de Saint-Cuthbert s’inquiètent que ces produits se déversent dans la rivière Chicot ou que des produits chimiques se retrouvent dans leur eau.
«Le gouvernement nous demande de connaître les risques de contamination pour la rivière et de les réduire. Pourquoi il veut nous en ajouter?» se demande M. Gariépy, qui craint aussi que le déboisement nécessaire aux travaux ne nuise à l’écosystème.
Des arbres à Saint-Cuthbert qui pourraient être rasés pour faire de la place aux pylônes d’Hydro-Québec.
Photo ZOÉ ARCAND
Opposition
Tout n’est pas perdu pour les résidents de Saint-Cuthbert, car le poste de transformation pourrait être construit à Saint-Norbert, une municipalité voisine.
Mais, là aussi, élus et citoyens veulent échapper au projet. Pour faire de la place au poste et aux lignes hautes, il faudrait abattre les érables centenaires et endommager des milieux humides qui se trouvent en zone agricole protégée, contrairement au secteur envisagé pour le poste à Saint-Cuthbert.
Car le gouvernement veut faire doubler la production énergétique du Québec d’ici 2035 et augmenter sa capacité de la transporter.
L’opposition à ce projet gagne du terrain dans Lanaudière, alors que le plan a été accueilli favorablement par le spécialiste des questions énergétiques Normand Mousseau, notamment, qui le juge nécessaire pour la transition vers les énergies vertes.
Mélanie Busby, de la Coalition large sur l’énergie, explique ne pas être convaincue que l’augmentation de la production énergétique «soit réellement dans un esprit de protection de l’environnement parce qu’on ne se dirige pas vers la sobriété énergétique. Il faudrait qu’il y ait un plan pour se débarrasser du pétrole et du gaz».


