Stratagème «J’achète des maisons CA$H»: ils auraient vendu leur résidence sans le savoir

Deux individus derrière le stratagème «J’achète des maisons CA$H» auraient frauduleusement acquis la maison d’un couple lavallois pour une bouchée de pain, a-t-on avancé au procès criminel de ceux qui ont déjà été condamnés au civil dans ce dossier.
«Mon intention n’a jamais été de vendre la maison, mais seulement d’obtenir un prêt afin de payer nos dettes», a souligné la plaignante lundi matin au palais de justice de Montréal.
Mark Blumenthal et Constantin Niphakis sont accusés d’avoir fraudé son conjoint et elle en les dépossédant de leur maison de Laval en 2016. Ils auraient été impliqués dans un stratagème de «fraude immobilière», selon la théorie de la Couronne présentée au début du procès.
Mark Blumenthal et son avocat, Me Julio Peris, lors du procès au palais de justice de Montréal.
Photo Agence QMI, JOËL LEMAY
En décembre 2015, le couple lavallois avait d’importantes dettes et souhaitait obtenir un prêt alternatif, comme il ne pouvait plus en obtenir auprès de sa banque.
Ils auraient ainsi appelé le numéro inscrit sur une annonce «J’achète des maisons CA$H» et demandé dès le départ une somme de 100 000$.
Contrat de vente
Selon ce qui aurait été convenu lors d’une première rencontre, ce prêt aurait permis de rembourser diverses créances d’un montant total de 55 000$. Le couple aurait envoyé une liste des dettes afin qu’elles soient payées directement.
Ils n’auraient finalement reçu que 30 000$. Sans le savoir, le couple venait de céder sa maison en échange de ce montant.
En effet, Mark Blumenthal, qui se serait présenté comme un avocat, leur aurait fait signer un document sans le lire ou leur en donner une copie.
Mark Blumenthal se serait présenté comme un avocat à la victime, selon son témoignage.
Photo Agence QMI, JOËL LEMAY
«Les accusés ont fait signer aux victimes un contrat pour la vente de leur maison, même si leur entente était seulement d’obtenir un prêt auprès d’eux», a souligné le procureur de la Couronne au dossier, Me Rami El-Maoula, dans son exposé d’ouverture.
«Tout s’est passé très rapidement. […] Je n’aurais jamais accepté qu’ils achètent ma maison, elle n’a jamais été à vendre», s’est remémoré la Lavalloise, près d’une décennie après la rencontre.
Selon les documents signés, le couple aurait transféré aux accusés leur joli jumelé de Laval, qui valait à l’époque plus de 300 000$, pour seulement 10% de ce prix.
Un mois plus tard, les victimes ont commencé à recevoir des appels et des lettres de leurs créanciers, impatients de revoir l’argent qui aurait pourtant dû leur être transmis, mais qu’ils n’auraient jamais reçu. Et à la même période, la maison a été transférée à un tiers, pour une somme inconnue.
«Je suis restée dans ma maison même si elle avait été vendue. Nous avons dû embaucher un avocat et nous battre pour notre maison», a-t-elle raconté, émotive.
Litige civil
En 2019, la Cour supérieure avait annulé le contrat et condamné Constantin Niphakis à verser environ 235 000$ à la victime.
Toutefois, l’achat ensuite effectué par une deuxième compagnie à numéro n’a pas été annulé par le tribunal qui estimait que la transaction avait été effectuée «de bonne foi».
Après des années de batailles judiciaires, le couple a finalement dû se résoudre à déménager.
Le procès criminel, présidé par la juge Lucie Joncas, se poursuit lundi après-midi.
Constantin Niphakis sera également de retour au tribunal en janvier, puisqu’il subira un second procès en lien avec sept autres victimes.




