Priez pour qu’il neige à plein ciel cet hiver
C’est comme ça depuis des semaines.
C’est super pour le moral, pour le chiffre d’affaires des restaurants qui ont des terrasses, parfait pour aller faire une petite balade en forêt et admirer le flamboyant spectacle que nous offrent les arbres. Vous feriez mieux d’en profiter d’ailleurs, c’est peut-être leur dernier.
À moins qu’il neige en malade cet hiver.
Vraiment beaucoup.
Parce que c’est à peu près la seule chose sur laquelle compte le Québec pour éviter d’avoir une catastrophique saison de feux de forêt au printemps prochain. Il pourrait tant qu’à y être allumer des lampions, frotter une patte de lapin, profiter du beau soleil pour aller débusquer des trèfles à quatre feuilles.
Il pourrait aussi prévenir. Il y a plein de choses qui pourraient être faites pendant qu’il en est encore temps, comme éclaircir les forêts – lire enlever du combustible – faire des coupe-feu et déboiser autour des villes et des villages à risques, préparer le terrain.
On préfère jouer avec le feu, littéralement.
Un ami qui travaille depuis des années sur le terrain m’a contactée pour me dire à quel point on est sur une «bombe à retardement», du jamais vu. Le gouvernement aime parler en «voyants», ils sont tous au rouge. «En plus du manque d’eau, la tordeuse des épinettes agrandit son territoire, d’autres insectes s’installent et contribuent à assécher les forêts. Toutes les sonnettes d’alarme sont là.»
Il sortait justement du bois quand il m’a écrit. «Encore aujourd’hui, j’étais entre Saguenay et Charlevoix, même constat: sec et beaucoup d’arbres infectés.»
Des forêts d’allumettes.
Vous vous souvenez des feux de 2023? « La superficie brûlée cette année est plus élevée que la somme des 20 dernières années de ce qui s’est brûlé au Québec», avait lancé dans son bilan le directeur général de la SOPFEU, Éric Rousseau. C’était la saison de tous les records, avec 27 000 personnes évacuées et 4,5 millions d’hectares brûlés. «Dès la fin du mois de mai, les capacités opérationnelles de la SOPFEU ont été déjà dépassées», avait-il ajouté.
Vous l’aurez lu ici, 2026 pourrait être pire encore. «Avec le peu de précipitations des derniers mois, il est moins une pour se préparer à la prochaine saison printanière dans toute la forêt québécoise», prévient celui qui y voit une poudrière.
Il aurait fallu se mettre à l’ouvrage dès les dernières braises de 2023. «Il aurait fallu faire du déboisement contrôlé et sélectif pour éclaircir les arbres, pour qu’il y ait moins d’ insectes et d’arbres affectés, sinon ça devient de l’excellent combustible surtout dans les plantations de monoculture. Il faut aussi dégager tous les fils électriques le long des routes et des chemins de fer, et aussi aménager des coupe-feu.»
Et ça tombe bien, tiens, le Québec s’est doté d’une nouvelle force d’intervention pour s’attaquer aux catastrophes, la RIUSC, pour Réserve d’intervention d’urgence en sécurité civile. Je vous en parlais en mai, j’avais d’ailleurs pu en jaser avec le ministre François Bonnardel, pas peu fier de lancer cette escouade. «C’est une structure assez unique, sinon unique au Canada», me disait-il.
On y compte pour le moment 200 réservistes, le ministre visait 1000 à terme.
Et l’étincelle de départ, c’était justement la saison des feux de 2023, où 1000 militaires canadiens ont été appelés en renfort. «On a regardé toutes les opérations du terrain, qui a fait quoi, les bonnes choses, les mauvaises choses, de quelle façon on pourrait répondre encore plus rapidement avec une réserve d’intervention d’urgence.»
Voilà, elle est là. Mais au lieu d’aller dans le bois pour éclaircir les forêts et faire des coupe-feu, les réservistes se tournent les pouces. Il faudrait pouvoir les mobiliser avant que le feu prenne, pour réduire les dégâts. «Depuis deux ans, il y a eu un minimum de travaux de préparation pour diminuer la matière combustible. Et pourtant l’été 2023 a été un avertisseur. Mais depuis, c’est le silence, on croise les doigts, on improvise.»
On attend. «On va nous remercier pour notre travail quand les sinistres naturels vont se produire, mais rien n’aura été fait pour les prévenir. Ça va nous prendre beaucoup, beaucoup, beaucoup de neige cet hiver.»
Le gouvernement doit espérer que l’Almanach des fermiers ne se trompe pas: «Selon nos prévisions météorologiques pour l’hiver 2026, cette saison promet un retour aux schémas hivernaux traditionnels: gel profond, chutes de neige fréquentes et tempêtes puissantes. [Au Québec] Attendez-vous à de multiples tempêtes du nord-est et des blizzards, en particulier fin janvier et février.»
On saura le 26 novembre ce que prévoit Métomédia.
C’est quand même ahurissant qu’on en soit là, à compter sur la neige pour éviter que des millions d’hectares de forêts partent en fumée.
Sur ce, je vais sortir ma pelle.
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