Trends-CA

« Il n’y a pas encore d’urgence »… L’entraîneur de Monaco Sébastien Pocognoli ne s’affole pas avant la réception de Tottenham en Ligue des champions

Coach, y a-t-il déjà une urgence de résultats en Ligue des champions, avec un point gagné en deux matchs ?

Après trois matchs, je ne pense pas qu’il y ait encore urgence. Commencer par une défaite à Bruges nous a déjà fait griller un joker, mais le point contre City est un bon résultat et la compagne est encore longue. Avec l’Union, la saison dernière en Ligue Europa, on avait deux points sur douze au départ et on s’est qualifiés pour les play-offs. Un début compliqué ne signifie pas que l’issue sera défavorable. On va continuer à évoluer pour prendre le plus rapidement possible des points. Le match contre Tottenham va nous donner des réponses positives ou négatives mais elles ne seront pas définitives. Évidemment, pour la confiance des joueurs et des supporters, il faut accélérer le processus avec des points.

Avez-vous plus de pression sur la scène européenne à Monaco qu’à l’Union ?

Cela dépend de comment vous voyez les choses. Monaco est une grande institution avec une renommée européenne et un bel historique. Forcément, le niveau des attentes est différent. Après, il y a le contexte actuel dont on a déjà parlé (les blessés) qui peut les nuancer. Mais pour moi la pression est la même que je sois à l’Union ou ici. Le principal, c’est de faire du mieux sur le terrain. À l’Union, on défendait un statut de champion, pour une première expérience en Ligue des champions, donc la marge est plus souple par rapport aux résultats, mais ça ne change pas la manière dont j’apporte les matchs.

Avez-vous des retours de blessures pour le match de demain ?

Christian (Mawissa) a repris les entraînements collectifs. Paul (Pogba) a repris les séances de manière partielle et ce sont de bonnes nouvelles. Hier (lundi), Paul a rejoint le groupe pour la première fois depuis mon arrivée. Il n’y a pas de blessures supplémentaires et heureusement. Il a souri, il s’est amusé et il a interagi avec les autres. C’est la première étape pour moi. Elle peut prendre quelques jours voire deux ou trois semaines.

Dier ne retrouvera pas Tottenham, son ancien club, puisqu’il est blessé à l’ischio (Vanderson, Pogba, Camara, Hradecky, Zakaria et Mawissa sont forfaits eux aussi)…

Au-delà de Tottenham, sa déception est générale. J’ai senti qu’il voulait vraiment commencer le voyage avec moi le week-end dernier. Il était vraiment déçu d’être blessé. Je n’ai pas parlé avec lui du match de Tottenham.

« Fati ? Sa réaction a été maladroite. »

Thilo Kehrer n’était pas titulaire en début de saison, il l’est redevenu récemment. Quel est votre rapport avec lui depuis votre arrivée ?

Je ne me suis pas trop focalisé sur son début de saison, parce que je lance mon aventure ici sur une page blanche. J’ai envie de me faire mon avis sur chaque joueur par rapport à ce que je vois à l’entraînement. Par rapport à ce que je demande, ce qui est grandement différent de ce qui était peut-être attendu par le passé, je trouve que Thilo a fait un bon premier match à Angers. Tout n’était pas parfait, mais que ce soit lui ou un autre, c’était pareil. Il s’est bien impliqué en tant que leader pour pousser des jeunes comme Maghnes (Akliouche, assis à ses côtés en conférence de presse).

Il pourrait devenir un relais précieux pour vous, alors que vous n’êtes là que depuis une semaine…

Il peut apporter beaucoup de choses et je pense que je peux lui en apporter aussi beaucoup. Pour moi, il y a trois types de leaders. Il y a le leader vocal, le leader technique et le leader social. Si tu as déjà l’un de ces atouts, tu peux déjà faire partie du groupe de capitaines. Thilo a des aptitudes. On parle beaucoup de ce qu’il peut m’apporter, mais, inconsciemment, c’est lui mettre un certain poids sur les épaules. C’est normal qu’il l’est de par son expérience, mais compter sur plusieurs cadres permet de se partager les responsabilités. Pour le moment, il est l’un des rares leaders du groupe à être sur le terrain. Donc oui, il y a un peu d’attente le concernant. Mais comme je dis, il a été un bon relais à Angers, y compris dans le vestiaire. C’est un leader technique défensif par rapport à sa position. Le but qu’on marque part d’un bon pressing orchestré par Maghnes et suivi par Krépin (Diatta), mais c’est surtout Thilo qui s’est bien ajusté dans son marquage individuel vers l’avant pour permettre la récupération de balle. C’est aussi du leadership pour moi.

Visiblement frustré, Ansu Fati a quitté la pelouse sans vous regarder, samedi soir à Angers, lorsqu’il a été remplacé. Comment avez-vous géré cette situation ?

Je lui ai parlé après le match et il a réagi de la bonne manière. Qu’un joueur soit déçu de sortir, c’est normal, mais il y a toujours une idée médicale ou tactique quand il y a un remplacement. Au-delà de la réaction qui est maladroite, cela me donne d’enseignement concernant ce qu’il faut travailler avec certains joueurs. Pour Ansu, je pense qu’il y a peu de contrôle émotionnel. Je ne suis pas un coach qui se ferme sur la réaction d’un joueur, aussi vite que le garçon adopte la bonne attitude le lendemain à l’entraînement. Ça a été le cas et pour moi il n’y a pas d’affaire. Ça ne va pas plus loin.

Comment régler les problèmes défensifs qui perdurent ? Il n’y a toujours pas eu de clean-sheet cette saison…

Il y a plusieurs facteurs. Dans notre secteur défensif, il y a de nombreuses blessures. C’est la première chose.

La seconde, c’est que pour garder un clean-sheet, il faut un travail d’équipe qui se situe dans toutes les lignes, sur la longueur et la largeur du terrain. Et pour avoir ce travail, il faut un bagage cardio et physique pour avoir la lucidité de bien défendre dans les moments chauds.

Enfin, il faut les qualités individuelles, l’envie de commencer un match en gardant un clean-sheet. C’est défendre sa ligne de but avec la tête là où on ne mettrait parfois pas le pied. C’est imagé mais c’est ça. J’ai beaucoup d’approches pour stimuler tout ça à l’entraînement. Malheureusement on ne peut pas travailler de manière pointue en jouant tous les trois jours. À Angers, on était à cinq minutes d’un premier clean-sheet qu’on attend depuis avril, pas sans concéder certaines occasions, il faut le dire. On espère qu’on l’aura rapidement parce qu’il est attendu depuis des mois.

Quelle est la priorité, le jeu ou les résultats ?

Il faut s’attaquer aux fondations. Il y a un gros travail physique à faire si on veut aller dans l’intensité et le style de jeu que j’aime prôner. Je crois fortement que le physique amène le mental, et que c’est du mental que vient la confiance. Il faut du courage dans mon style de jeu, avec le ballon et dans le duel. Pour ça, il faut façonner les mentalités. On n’y arrivera pas sans avoir conscience que le travail quotidien est la base pour avoir des résultats le week-end. Ensuite, on mettra en place un système de jeu où l’individu rayonne grâce au collectif et inversement. Le système ne doit être dépendant de l’individuel sur le long terme.

Christopher Roux

Related Articles

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button