Rapport de la VG du Canada | Seulement 1 candidat sur 13 est recruté par les Forces armées

(Ottawa) Les Forces armées canadiennes (FAC) connaissent toujours des difficultés de recrutement au point où cela risque de nuire à leur capacité opérationnelle. Seulement 1 personne sur 13 est recrutée même si des milliers de candidats postulent chaque année, constate la vérificatrice générale du Canada Karen Hogan, dans l’un de ses six rapports dévoilés mardi.
Mis à jour hier à 17 h 39
« Ces manques persistants dans les effectifs des Forces armées canadiennes pourraient nuire à la capacité de l’Armée canadienne, de la Marine royale canadienne et de l’Aviation royale canadienne à répondre aux menaces, aux situations d’urgence ou aux conflits et à accomplir leurs missions », écrit-elle.
Il s’agit d’un problème récurrent déjà identifié dans trois autres rapports émis par le Bureau du vérificateur général du Canada depuis 2002.
Entre 2022 et 2025, les FAC ont recruté 15 000 nouveaux membres alors qu’elles s’étaient donné pour objectif d’en former quelque 19 700. Pourtant, 192 000 personnes avaient présenté leur candidature en ligne durant cette période. De ce nombre, plus de la moitié d’entre elles (103 700) se sont retirées du processus de recrutement ou n’ont pas donné suite. Seulement 8 % (15 101) des dossiers ont été fermés par les recruteurs.
« La Défense nationale ne sait pas pourquoi, a-t-elle observé en conférence de presse. Ils ne sont pas en mesure de dire si c’était les longs délais parce qu’il y a une norme de service qu’un processus de recrutement devrait durer entre 100 et 150 jours, mais c’est au-delà de 250 jours en moyenne. »
Elle a avancé qu’en raison de cette longue attente, les gens intéressés se trouvent peut-être un emploi ailleurs.
« Toutes les autres causes profondes, on ne les connaît pas, a-t-elle poursuivi. Quelques individus nous ont mentionné qu’avoir accès à du logement abordable serait une de leur préoccupation, alors il y aurait un lien entre nos deux rapports. »
Mme Hogan a également publié mardi un rapport sur l’état de délabrement des logements sur plusieurs bases militaires (voir encadré). Certains n’ont ni eau potable ni système d’évacuation des eaux usées en bon état.
La vérificatrice générale estime que des « problèmes de communications entre les responsables du recrutement et les candidates et candidats ainsi qu’avec les évaluations, les documents soumis et l’inactivité de candidates et candidats avaient nui au recrutement. »
Elle émet une série de recommandations pour que les FAC améliorent leur processus de recrutement, dont celles de moderniser leurs outils informatiques de recrutement et de tenter de comprendre ce qui pousse des candidats à se retirer du processus ou à carrément cesser de répondre.
« Nous travaillons activement pour améliorer tout cela, a réagi le ministre de la Défense nationale, David McGuinty. Nous avons réalisé le plus important investissement dans les Forces armées canadiennes et la Défense depuis une génération. Nous avons accordé des augmentations de salaire et de rémunération substantielles à nos programmes de recrutement et de rétention des jeunes soldats. »
Le premier ministre Mark Carney avait annoncé en août une hausse de 20 % de la rémunération des soldats de la Force régulière afin d’aider aux efforts de recrutement. Cette mesure fait partie des investissements du gouvernement afin d’atteindre l’objectif de 2 % du produit intérieur brut (PIB) fixé par l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) pour les dépenses militaires de ses pays membres et 5 % du PIB d’ici 2035.
Les FAC peuvent avoir un maximum de 71 500 membres dans la Force régulière et de 30 000 membres pour la Première réserve, mais leurs effectifs sont en deçà de ces nombres. Elles comptaient 65 154 membres dans la Force régulière et 23 561 membres dans la Première réserve au 30 avril 2025.
Des logements délabrés
Karen Hogan, affirme que de nombreux locaux d’habitation utilisés par les membres des Forces armées canadiennes sur plusieurs bases sont en « mauvais état » et propices à la surpopulation.
Dans son rapport d’audit, Mme Hogan examine les conditions de vie sur trois bases des Forces canadiennes : Esquimalt (Colombie-Britannique), Gagetown (Nouveau-Brunswick) et Trenton (Ontario).
L’audit de Mme Hogan révèle que les logements vieillissants sont souvent dans un état de délabrement avancé, avec des murs détériorés, un manque d’eau potable et des réseaux d’égouts défectueux.
Le document indique que l’Agence de logement des Forces canadiennes ne dispose pas de suffisamment de logements pour répondre aux besoins militaires, ce qui pose un défi alors que les Forces armées canadiennes prévoient de recruter plus de 6000 nouveaux membres d’ici avril 2029.
Kyle Duggen, La Presse Canadienne




