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Droits de douane sur les camions | Paccar met les freins au Québec, 300 autres emplois perdus

Après avoir secoué l’industrie automobile ontarienne, la guerre commerciale de l’administration Trump fait des vagues dans ce créneau au Québec. Le géant des camions Paccar met une fois de plus les freins à Sainte-Thérèse et envoie en congé forcé 35 % de son effectif restant, soit 300 personnes.


Publié à 11 h 31

Mis à jour à 14 h 33

L’histoire jusqu’ici :

  • 30 septembre : Sur les réseaux sociaux, le président américain, Donald Trump, affirme vouloir appliquer des droits de douane sur les camions lourds, les médicaments et d’autres produits en bois.
  • 6 octobre : Le 47e locataire de la Maison-Blanche précise sa pensée : les camions de poids moyens feront aussi l’objet de surtaxes.
  • 17 octobre : Washington passe de la parole aux actes avec un décret qui prévoit un droit de douane de 25 % à compter du 1er novembre.

Pas besoin de chercher midi à quatorze heures pour déterminer le facteur à l’origine de la décision : les droits de douane de 25 % sur les camions lourds exportés aux États-Unis qui doivent entrer en vigueur le 1er novembre prochain.

« Ç’a gelé le plancher au complet, laisse tomber le représentant national du syndicat Unifor, Jonathan Blais, qui se trouvait dans l’usine au moment de l’annonce. Tout découle des droits de douane de Trump. L’ambiance est lourde. »

Le couperet tombe alors qu’au sud de la frontière, la haute direction de Paccar voit d’un bon œil les droits de douane de 25 %. Elle estime que cela aidera à la compétitivité des constructeurs implantés aux États-Unis par rapport à ceux qui assemblent leurs camions dans d’autres pays.

Paccar construit 90 % de ses camions au Texas, en Ohio ainsi que dans l’État de Washington.

En banlieue nord de Montréal, le complexe de 450 000 pieds carrés assemble des poids moyens de classes 5, 6 et 7 des marques Kenworth et Peterbilt, qui appartiennent à Paccar.

Il s’agit du seul grand constructeur de camions qui exploite une usine d’assemblage sur le territoire québécois. La quasi-totalité de la production prend le chemin des États-Unis. Pour encore quelques jours.

Par la suite, le site devra se contenter de construire des modèles destinés uniquement au marché canadien, qui représente un volume bien moins important. La cadence sera réduite de plus de moitié, à 18 camions par jour.

Année difficile

Cette plus récente mise à pied devrait être terminée d’ici le 3 novembre prochain. Il s’agit d’une autre tuile pour l’usine québécoise de Paccar, déjà confrontée à un ralentissement de la demande depuis un an – lorsqu’elle comptait quelque 1400 salariés représentés par Unifor.

Même si le complexe a commencé à assembler des modèles de classe 8, la catégorie des camions lourds, cela n’est pas suffisant pour contrebalancer l’effet des droits de douane américains.

« C’est certainement un désavantage pour l’usine de Paccar vis-à-vis ses rivales américaines ainsi qu’à l’intérieur de la famille [de Paccar] », observe William Pellerin, avocat spécialisé en droit commercial et associé au sein du cabinet McMillan.

Selon le représentant national du syndicat Unifor, le « pire scénario », soit une fermeture de l’usine, « a été écarté pour le moment ». M. Blais ajoute que personne n’est à l’abri d’un tour de vis tarifaire.

Achat local

Au moment d’écrire ces lignes, La Presse n’avait pas été en mesure de joindre le directeur de l’usine, Steve Anctil.

En marge d’une réduction d’effectifs – 175 personnes – annoncée en juillet dernier, celui-ci déplorait les difficultés de Paccar à décrocher des contrats avec les municipalités et les sociétés d’État en raison de la règle du plus bas soumissionnaire.

« On espère que le gouvernement va prendre des mesures pour stimuler l’achat local et offrir plus de latitude aux organisations », avait-il indiqué.

Dès qu’un contrat public dépasse le seuil de 133 800 $, la règle du plus bas soumissionnaire conforme s’applique. Au-delà de ce niveau, même si la différence de prix n’est pas énorme, une municipalité doit, par exemple, sélectionner le fournisseur qui propose la facture la moins élevée.

M. Anctil souhaiterait voir des assouplissements où l’achat local – ce qui profiterait au site québécois de Paccar – serait pris en considération.

L’an dernier, les camions de cinq tonnes et plus représentaient 0,6 % des exportations canadiennes aux États-Unis et 8 % du total des exportations de véhicules automobiles dans ce marché, selon une note d’analyse diffusée par la Banque Royale du Canada le 14 octobre dernier.

À l’échelle nationale, l’usine de Paccar à Sainte-Thérèse incarne le plus récent exemple des répercussions de la guerre commerciale avec Washington sur l’industrie automobile.

En Ontario, par exemple, Stellantis a fait part de son intention, le 17 octobre dernier, de transférer la production de modèles Jeep destinée à l’origine à une usine de Brampton vers l’Illinois alors que Washington souhaite voir davantage d’entreprises s’installer aux États-Unis. Quelque 3000 travailleurs ontariens sont concernés.

Mardi, General Motors abandonnait la production de sa fourgonnette électrique de livraison BrightDrop à Ingersoll, dans le sud-ouest de l’Ontario. L’incertitude guette l’usine, qui était à l’arrêt depuis mai dernier.

Ils ont dit :

Mes pensées vont aux travailleurs et à leurs familles. C’est une période difficile pour eux qui s’amorce. L’incertitude crée beaucoup d’impacts négatifs. On le voit avec cette annonce-là. Je vais m’assurer de rencontrer l’entreprise. Quelque chose que j’ai apprécié, c’est qu’ils travaillent à s’adapter et ouvrir le marché canadien avec de nouveaux produits.

Christine Fréchette, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie

C’est évident que ce n’est pas une bonne nouvelle. Il y a plusieurs mauvaises nouvelles dans le secteur automobile, d’où l’importance que les négociations avec les États-Unis avancent. C’est certain qu’il faut regarder pour diversifier. Dans le cas de Paccar, ce qui est à l’étude, c’est de vendre plus de camions au Canada.

Eric Girard, ministre des Finances

Il y a deux semaines, je me suis rendu chez Paccar rencontrer les employés et la direction générale. De manière préventive, l’objectif que nous avions, c’est que l’entreprise demeure en sol canadien. J’ai convenu avec la direction que nous allions travailler avec eux pour faciliter l’entrée de Paccar sur le marché canadien. Il n’en demeure pas moins que c’est une nouvelle qui est difficile.

Samuel Poulin, ministre délégué à l’Économie et aux Petites et Moyennes entreprises

Avec Tommy Chouinard, La Presse

En savoir plus

  • 2023
    Année où un quart de production en soirée avait été relancé chez Paccar à Sainte-Thérèse. Il a déjà été mis sur pause.

    source : unifor

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