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Dossier | Interdiction des signes religieux en garderie | « C’est comme une trahison » (2 articles)

Le milieu de la petite enfance, déjà aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre, craint qu’un projet de loi exacerbe le problème. Et dans l’arène politique, libéraux et solidaires signalent qu’ils s’opposeraient à une potentielle mesure législative.


Publié à 5 h 00

L’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) ne semble pas vouloir faire de vagues de façon prématurée. Elle « n’a pas consulté ses membres sur la question du port de signes religieux », a signalé d’emblée sa conseillère aux communications, Marie-Ève Chartrand.

Le regroupement croit en la nécessité pour les éducatrices d’avoir le « visage découvert, notamment pour des raisons liées à la sécurité des enfants et à leur développement émotionnel », et adhère au « principe de neutralité religieuse », a-t-elle ajouté.

Les activités s’adressant aux enfants d’un milieu de garde ne doivent pas être teintées des convictions religieuses des professionnelles qui les accueillent. Elles doivent plutôt se situer dans le sillage des enjeux définis par le programme éducatif Accueillir la petite enfance.

Marie-Ève Chartrand, conseillère aux communications de l’Association québécoise des centres de la petite enfance

La même prudence émane du commentaire fourni par la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ). « Nous continuons de défendre des services éducatifs laïques, tout en respectant les droits et libertés individuelles de chacune et chacun », a déclaré sa porte-parole, Laurianne Veilleux.

N’empêche, dans le paragraphe suivant, elle soulève un questionnement.

« Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, nous nous questionnons fortement sur la façon dont le gouvernement compte faire appliquer ce projet de loi. Qu’adviendra-t-il des garderies privées subventionnées qui vont choisir de redevenir uniquement privées ? »

« Les droits et libertés garantis par les chartes »

De son côté, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) s’oppose net à l’idée d’étendre l’interdiction du port de signes religieux aux éducatrices qui travaillent dans les CPE et dans les services de garde éducatifs à l’enfance (SGEE) subventionnés.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

La présidente de la CSN, Caroline Senneville

« Nous défendons sans réserve la laïcité de l’État, à condition que cette laïcité ne vienne pas brimer les droits et libertés garantis par les chartes québécoise et canadienne », a déclaré sa présidente, Caroline Senneville, il y a quelques semaines.

Le Conseil canadien des femmes musulmanes (CCFM) a quant à lui dénoncé une discrimination à l’emploi dans un mémoire déposé en mai dernier auprès du Comité d’étude sur le respect des principes de la Loi sur la laïcité de l’État et sur les influences religieuses, dont découle le rapport Pelchat-Rousseau.

L’indépendance financière constitue « la première étape nécessaire pour atteindre une intégration complète et exemplaire dans la société », car « nous savons que l’entrave à l’emploi ou l’acceptation du sous-emploi mènent à la marginalisation », y lit-on.

Libéraux et solidaires contre

Dans l’arène politique, l’affaire est déjà entendue chez les libéraux et les solidaires.

« Le chef [Pablo Rodriguez] s’oppose à l’élargissement de l’interdiction du port de signes religieux aux éducatrices », a succinctement déclaré la porte-parole du Parti libéral Catherine Dostie.

L’élu solidaire Guillaume Cliche-Rivard accuse quant à lui le premier ministre François Legault de s’attaquer à « un faux problème » sans qu’« aucun cas, dossier ou étude ne démontre d’enjeu avec ces éducatrices ».

Celles-ci « sont extraordinaires, éduquent nos tout-petits depuis des décennies et portent le réseau à bout de bras », a-t-il ajouté.

Le Parti québécois n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue à ce sujet.

Majoritaire, la Coalition avenir Québec (CAQ) peut faire adopter un (éventuel) projet de loi sans l’appui des partis de l’opposition.

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