Réforme Dubé: «Je suis le genre de médecin que le ministre veut, et je m’en vais», déplore un médecin de famille

Un médecin de famille de Saint-Jean-sur-Richelieu va quitter le Québec, estimant que la réforme du ministre de la Santé, Christian Dubé, lui ferait subir une perte de revenu trop importante.
• À lire aussi: «Appelez 1-800-DOUG-FORD»: le premier ministre ontarien promet de dérouler le tapis rouge aux médecins québécois mécontents
• À lire aussi: Des médecins en colère menacent de quitter le Québec: il n’y aura pas de sanctions pour le moment, dit le ministre Christian Dubé
• À lire aussi: Lettre de Christian Dubé aux médecins: le devoir d’agir pour l’accès des patients
«J’ai commencé toutes mes démarches [pour aller en Ontario]», a expliqué d’entrée de jeu le Dr Alexandre Prud’homme-Delage, en entrevue à LCN, mercredi matin.
«Quand j’entends [le gouvernement dire] que la rémunération ne va pas diminuer, c’est le mensonge le plus gros que je n’ai jamais vu, parce que si c’était le cas, je ne serais pas en train de faire mes démarches pour déménager.»
Il explique qu’actuellement, il est payé de quatre façons: «À l’acte, au nombre de jours, une fois chaque année si j’ai plus que tant de patients, [et] pour être médecin de famille de tant de patients».
Avec la loi de Dubé, les médecins de famille seront payés en fonction de trois composantes: la rémunération par capitation (en fonction du nombre de patients inscrits sur leur liste et du niveau de vulnérabilité d’un patient), l’acte (un montant forfaitaire associé à un geste clinique) et un tarif horaire. Également, 15% de la rémunération sera liée à l’atteinte de cibles collectives.
De nombreux médecins craignent que ces changements ne provoquent une baisse de salaire qui pourrait aller jusqu’à 40%.
Le Dr Prud’homme-Delage, lui, estime que la perte financière qu’il subira sera beaucoup plus importante: «Mon salaire va diminuer de 55% du jour au lendemain», a-t-il affirmé.
«Moi, je me sauve parce qu’honnêtement, je ne peux pas financièrement soutenir une telle perte, c’est impossible.»
Il affirme que pour le gouvernement, offrir 26$ de l’heure a un médecin généraliste «c’est ça le niveau de base», alors que dans d’autres provinces, comme la Colombie-Britannique, «c’est entre quatre et cinq fois plus élevé, pour le même mode de rémunération».
«Ce n’est pas que le mode de rémunération n’est pas bon, c’est que, je vous dis, c’est assoyons-nous, trouvons un arbitre, trouvons une valeur à offrir aux médecins qui équivaut [à celle des] autres provinces», a-t-il ajouté.
«Je travaille 60 heures par semaine […], je suis entre 3000 et 4000 patients par année […], je vois 150 patients chaque semaine. Je suis exactement le genre de médecin que le ministre veut […] et je m’en vais. Alors avec sa loi, ce qu’il veut, c’est améliorer l’accès. Mais si je suis le genre de personne qui améliore l’accès et que je pars, c’est quoi, son plan, finalement? Ça ne marche pas», a-t-il déploré.




