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L’État contre ses propres médecins

L’objectif est connu d’avance : mater les médecins. C’est un vieux rêve que caresse François Legault depuis qu’il a compris qu’en politique, l’ennemi commun est un levier électoral. Et il a trouvé son général pour mener la guerre : Christian Dubé.

Le gouvernement s’apprête à imposer le bâillon pour adopter une loi spéciale qui forcera la main aux médecins. Une manœuvre brutale, mais surtout symbolique. Ce n’est pas seulement les médecins qu’on veut contraindre : c’est la classe politique elle-même qu’on bâillonne. Même les parlementaires ne pourront débattre d’un changement aussi fondamental dans la manière dont les médecins sont rémunérés, mobilisés, et, surtout, respectés.

La médecine sous tutelle politique

Que contiendra cette loi ?

Des changements dans le mode de rémunération, une interdiction d’exercer des moyens de pression, et probablement des mesures coercitives pour éviter un exode vers l’Ontario ou les États-Unis. Autrement dit, le gouvernement ne s’est pas entendu avec les médecins à la table de négociation… alors il change les règles du jeu.

C’est un dangereux précédent. On ne parle pas d’un groupe corporatiste qui bloque des routes ou sabote l’économie. On parle de professionnels essentiels, dont les moyens de pression sont déjà sévèrement encadrés. Des gens qui ne peuvent ni faire la grève dans un hôpital, ni annuler une chirurgie sans mettre en danger des vies humaines.

Mais dans la guerre des perceptions, les nuances ne comptent pas. Ce que le gouvernement veut, c’est l’image du pouvoir. Celle d’un État fort, qui ne tremble pas devant des médecins. Peu importe si c’est au prix de la confiance, du dialogue, ou de la motivation de ceux qu’on prétend valoriser.

La sensibilité sélective de Québec

Et voilà que le gouvernement se découvre soudainement une grande sensibilité pour les étudiants en médecine, qui risqueraient de ne pas être diplômés à temps. C’est touchant.

Pourtant, quand les élèves du primaire et du secondaire ont perdu cinq semaines de cours en pleine grève, la compassion était beaucoup plus discrète. Deux poids, deux mesures. La compassion politique n’est pas une valeur : c’est une stratégie.

Un gouvernement en campagne

Ce bâillon, ce n’est pas un outil de gestion. C’est une arme électorale. François Legault veut pouvoir dire qu’il a tenu tête aux médecins, comme un général victorieux qui aurait dompté une caste rebelle. Sauf qu’en réalité, ce qu’il dompte, c’est la démocratie parlementaire elle-même. C’est la confiance dans les processus de négociations avec le gouvernement et un doute sur sa bonne foi.

Parce qu’à force de gouverner à coups de décrets, de lois spéciales et de bâillons, c’est le respect du débat, du compromis et du dialogue qui finit par mourir. Et cette fois, il n’y aura pas de médecin pour le ranimer.

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