Les chauffeurs de la STM feront aussi grève pendant trois jours en novembre

Les chauffeurs d’autobus, les opérateurs de métro, les agents de station et les chauffeurs du transport adapté de la Société du transport de Montréal (STM) ont déposé un avis de grève pour les 1er, 15 et 16 novembre prochains. Ils rejoignent ainsi les employés d’entretien, qui ont pour leur part prévu de débrayer entre le 1er et le 28 novembre prochains.
Initialement prévue pour les 1er, 8 et 9 novembre, la grève doit maintenant avoir lieu les 1er, 15 et 16 novembre. La section locale 1983 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-1983), qui représente les 4500 chauffeurs, agents et opérateurs de la société de transport, a annoncé ce changement « en raison de contraintes juridiques qui empêchent la tenue de deux séances de grève dans un délai aussi rapproché ».
« Nous sommes arrivés à un point de rupture, la STM n’est plus capable de trouver une solution pour régler les problématiques de nos conventions collectives », lance Frédéric Therrien, président du SCFP-1983, en entrevue au Devoir.
Il affirme que les perturbations pour la clientèle étaient le dernier moyen de pression envisagé. Avant d’en arriver là, les chauffeurs, agents et opérateurs ont porté des chandails orange, ont collé des autocollants dans les stations de métro ou encore ont refusé de stationner leurs autobus dans les garages de la STM.
Pour lui, « la plupart des syndicats au sein de cet employeur ont le même problème : les négociations ne se passent pas bien ». « Ce n’est peut-être pas les syndicats, le problème, mais sûrement la STM », estime-t-il.
« Nous avons l’intention de continuer à négocier à temps plein au cours des prochaines semaines, mais si une première grève ne donne pas de résultats, il y en aura d’autres. Si on doit se rendre à la grève générale, nous le ferons », a précisé le représentant syndical dans un communiqué de presse.
Les modalités exactes de la grève ne sont pas encore connues, le Tribunal administratif du travail devant juger si le service proposé est suffisant pour couvrir les services essentiels qu’offre la STM. Le SCFP-1983 assure toutefois que « le service de transport adapté sera maintenu malgré la grève ».
Les employés d’entretien espèrent une entente
De son côté, Bruno Jeannotte, président du Syndicat du transport de Montréal, qui représente les employés d’entretien de la STM, soutient qu’avec une « nouvelle formule » de négociation plus axée sur la recherche d’une « une voie de passage », l’arrivée des médiateurs mandatés par Québec et l’avis de grève déposé mardi, tout est en place pour parvenir à une entente avant le début du débrayage prévu dans la nuit du 31 octobre.
Lui-même présent à la table de négociation toute la journée mardi, il y retournera jeudi et vendredi et dit être ouvert à discuter avec la STM en fin de semaine et la semaine prochaine, « considérant l’avis de grève qui a été envoyé ». « Si les parties sont de bonne foi, que la STM est prête à cheminer, hé bien, c’est sûr qu’on devrait avoir un résultat rapidement », estime M. Jeannotte en entrevue au Devoir.
« Mais si la STM se braque et ne bouge pas malgré la grève et le changement de cap avec les médiateurs à la table, on va être dans une impasse », poursuit ce dernier.
Dénonçant « l’inflexibilité » de la partie patronale, le Syndicat du transport de Montréal a déposé mardi un avis de grève qui se déroulerait de la nuit du 31 octobre au 28 novembre prochain. L’arrêt de travail prendra la forme d’un refus de faire des heures supplémentaires jumelé à des arrêts de service ponctuels hors des heures de pointe.
Comme pour la grève des membres du SCFP-1983, l’horaire final et les modalités précises de celle des employés d’entretien seront communiqués à la suite d’une décision du Tribunal administratif du travail sur le maintien des services essentiels.
De son côté, la société de transport affirme que le syndicat des employés d’entretien « ne laisse pas la chance au nouveau processus, qui vient à peine de débuter, avant d’exercer si précipitamment son droit de grève ».
Face à cette réplique, le président de ce dernier critique la manière de faire de la partie patronale, qui ne bonifie pas sa présence à la table de négociation. « La STM bouge uniquement dans les situations où elle est sous pression », affirme-t-il, en citant l’arrivée d’une autre représentante de la partie patronale aux négociations depuis mardi.
Menace d’arbitrage
Ce troisième arrêt de travail des employés d’entretien de la STM sera aussi le plus long, soit une durée prévue de près d’un mois. « On prend des mesures qui ont un peu plus d’ampleur », confirme Bruno Jeannotte.
Pourquoi ? Avec l’entrée en vigueur des modalités d’une loi qui donne le pouvoir au gouvernement de confier la négociation d’un conflit de travail à un arbitre s’il y a risque de dommages sérieux ou irréparables à la population, le 30 novembre prochain, « la fenêtre pour trouver une entente, c’est octobre-novembre », soutient le président du syndicat.
En effet, ce dernier admet craindre que le ministre québécois du Travail, Jean Boulet, n’utilise les nouvelles dispositions de la loi dès qu’elles seront en application. Mardi, le ministre a jugé que la loi « pourrait s’appliquer », mais qu’il « faudrait s’assurer que la médiation est vraiment infructueuse ». « On l’a vu, il y a eu une première séquence de grève en juin, il y en a eu une autre récemment, puis les impacts sont catastrophiques », a-t-il détaillé en affirmant qu’il faudrait « constater » les impacts avant d’en arriver à une décision.
Pour le Syndicat du transport de Montréal, l’arbitrage n’est pas une option envisageable, Bruno Jeannotte disant préférer « un contrat de travail négocié ». « C’est sûr que dans un décret, ça ne sera pas rose d’un côté comme de l’autre. On risque d’avoir deux parties frustrées. »
Avec Sarah Collardey




