La Presse à Paris | Fredz au sommet

Publié à 6 h 00
La préparation
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PHOTO RENAUD LABELLE, COLLABORATION SPÉCIALE
À 14 h 30 mercredi, lors de notre arrivée devant la mythique salle parisienne située boulevard des Capucines, un noyau d’une bonne vingtaine de personnes attendait déjà l’ouverture des portes… prévue à 18 h 30. À l’intérieur, devant un parterre vide dont tous les sièges avaient été enlevés, Fredz mène son test de son d’une main de maître, hyper concentré, sérieux et précis. « C’est extraordinaire de travailler avec quelqu’un qui est autant à son affaire », nous dit son agent Henry-François Gelot en l’observant.
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Fredz, de son vrai nom Frédéric Carrier, a été recruté à l’âge de 16 ans par le label du rappeur français K. Maro, mais il mène aujourd’hui sa barque tout seul. Le chanteur qui vient de sortir son quatrième album, On s’enverra des fleurs, est à la tête de sa propre maison de disques, Les Disques Nova. Mais il est entouré d’une solide équipe de gérance, Nacim Zitouni et Henry-François Gelot, qui voient à sa carrière des deux côtés de l’Atlantique. « Ça nous permet de travailler les deux territoires de manière bien organisée », explique Henry-François Gelot, qui s’est occupé des destinées du groupe montréalais The Franklin Electric pendant 12 ans.
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L’auteur-compositeur-interprète né à Longueuil a développé sa carrière au Québec et en France en même temps. « Mais quand un territoire répond positivement, il faut battre le fer quand il est chaud », dit Henry-François Gelot. Dès les débuts de Fredz, explique-t-il, la France l’a accueilli sans se poser la question de son origine. « Il a une belle plume, il parle bien avec un accent neutre, il a une bonne tête sur les épaules. Il s’adresse autant au Québec qu’à la France. »
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Une affiche du spectacle de Fredz dans le métro de Paris. Environ les deux tiers de son public sont en France, l’autre au Québec. « Mais ce n’est pas proportionnel : la France est dix fois plus grosse ! explique son gérant Henry-François Gelot. Ce qui prouve que le Québec est une assise forte pour lui, il y a une activité folle. Sur 70 spectacles en une année, 50 sont au Québec. »
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L’Olympia
À l’Olympia, Fredz clôturait mercredi une tournée triomphale de 12 concerts en 20 jours en France – dans un « tour bus » en plus, ce qui lui permet de voyager avec son équipe d’une douzaine de personnes. « J’ai adoré ça ! On s’est vraiment amusés. J’avais aussi ma chambre à moi, j’étais bien. Je trouve que ça donne de meilleurs concerts, parce qu’on est tous ensemble et que ça donne un esprit de cohésion. »
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Fredz en entrevue dans sa loge
Nous sommes dans sa loge et Fredz, l’air fatigué, parle tout doucement. « Je n’ai plus de voix », explique-t-il. On comprend qu’il ait une baisse d’énergie : le test de son a duré pratiquement deux heures et demie ! Comme s’il avait répété son spectacle au complet… deux fois.
C’est toujours aussi long, ce moment ? « Ben là, il y avait des invités spéciaux… D’habitude, ça dure plus une heure. Mais on avait le temps de le faire. Et c’est le douzième spectacle de la tournée en Europe, on sait ce qu’on veut. »
Il ressent aussi le poids de jouer à l’Olympia, entouré des fantômes d’Aznavour, des Beatles et de tant d’artistes marquants de l’histoire de la musique. Il voudrait éviter d’y penser… que ce serait impossible, puisque tout le monde le lui souligne !
Ce n’est pas faire un gros concert ni le nombre de personnes, qui est stressant. C’est comment on m’en parle, de ce concert. J’ai hâte que ce soit passé !
Fredz à quelques heures de son spectacle à l’Olympia
N’empêche qu’il doit être plus fébrile qu’avant un concert à Nantes, disons ? Il opine en souriant et ajoute que l’Olympia est quand même un « truc cool » à mettre dans son CV. Jamais dans ses rêves les plus fous il n’aurait imaginé se retrouver là un jour. « Ce n’était pas sur ma carte de bingo ! »
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La fameuse marquise de l’Olympia, sur le boulevard des Capucines
Ce qu’il sait, c’est que la clé est d’y aller une étape à la fois. C’est sa quatrième tournée en France en trois ans et, d’une fois à l’autre, les salles ont été de plus en plus grandes. « À Paris, on a fait La Boule noire, puis la Maroquinerie, puis la Cigale, et maintenant ici. Il faut aussi prendre des risques. Dire que cette salle, on va la remplir. Y aller et s’écouter. »
On lui dit que son agent Henry-François Gelot a même mentionné en entrevue viser le Stade de France d’ici 10 ans ! Il rigole. « Il s’emballe ! », répond Fredz, qui estime que c’est un « honneur » de voir son nom figurer sur cette marquise où d’autres Québécois se sont illustrés avant lui, les Diane Dufresne, Robert Charlebois, Lynda Lemay, Isabelle Boulay, Garou, Pierre Lapointe, Aliocha, Loud… Une bien belle brochette, quand même !
Ça montre qu’au Québec, il y a beaucoup de bons artistes, qui savent se faire comprendre au-delà de l’accent. Là, c’est mon tour, mais c’est certain que l’an prochain ce serait un autre artiste. Et on va le refaire, nous aussi !
Fredz
La conclusion
Il est environ 18 h et Fredz montera sur scène à 21 h – avant lui, il y a deux premières parties, Stanislas et le Québécois PETiTOM. D’ici là, il va manger et, surtout, reposer sa voix pour ce concert qui n’est pas un concert comme les autres.
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Fredz a fait une tournée de 12 dates en 20 jours en France.
Comment se sentira-t-il en montant sur scène ? « Une heure avant le spectacle, tout le stress est remplacé par le bonheur et l’excitation. »
C’est en tout cas une manière magistrale de conclure sa plus grosse tournée à vie en France. Et il n’est pas surpris quand on lui dit que des gens attendent dehors depuis des heures. « C’est partout comme ça. J’ai une communauté qui est très investie. C’est plus que de la musique, c’est vraiment un échange. »
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Des centaines de personnes attendant devant l’Olympia pour assister au spectacle de Fredz
Dès jeudi, Fredz a repris l’avion pour Montréal. Après avoir chanté au gala de l’ADISQ le 9 novembre, il reprendra la tournée au Québec – il a des dates prévues jusqu’en décembre 2026 ! – et il continuera son bac en communication. Oui, oui.
« Mais c’est ma dernière année. C’est beaucoup de travail, mais c’est une question d’horaire et d’organisation. J’y arrive ! Je ne pourrais pas en prendre plus, mais ça va. » Et est-ce qu’il a hâte de rentrer ? « Oui, mais, en même temps, je suis triste. C’est vraiment la fin d’un beau voyage. »
On le laisse se reposer, le compte à rebours est commencé. Il est 18 h 30 et les portes de l’Olympia s’ouvrent pour laisser entrer le public.
Le spectacle
À 21 h tapant, Fredz monte sur scène, devant 2300 personnes qui l’accueillent dans un tonnerre de décibels. Dans des éclairages électrisants, entouré d’un batteur, d’un guitariste et d’un claviériste, il enchaîne ses tubes qui parlent de cœurs brisés, d’amour et de quête personnelle.
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Fredz sur scène, avec des éclairages et une scénographie sophistiqués
« Quel bonheur d’être ici, le mini Fredz n’en croirait pas ses yeux ! », lance le chanteur en début de soirée – il se fera plutôt avare d’interventions par la suite.
La plupart des pièces, dont plusieurs nouvelles, sont entonnées en chœur par un public joyeux, composé de beaucoup de familles – des parents qui accompagnent leurs enfants et semblent bien s’amuser aussi, des ados et aussi de jeunes adultes. Au balcon derrière nous, deux jeunes filles chantent sans arrêt, une autre passe la soirée debout à danser. Et on ressent l’énergie folle de la foule massée au parterre monter jusqu’à nous.
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Un artiste en communion avec ses fans
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Le chanteur éprouve un plaisir manifeste pendant le spectacle.
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Fredz a un public fidèle.
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Fredz a ainsi chanté sa musique qu’il qualifie lui-même de « rap pop » dans une ambiance bon enfant qui lui ressemble. Il n’y a pas eu de temps mort, et la soirée a filé jusqu’à son plus grand succès, Le stade (27 millions d’écoutes sur Spotify !), pendant lequel on a senti le plancher vibrer.
La soirée s’est terminée doucement, les gens sont sortis le sourire aux lèvres, plusieurs se sont arrêtés acheter des produits dérivés. Le Stade de France dans quelques années ? Pourquoi pas !
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