Compressions budgétaires: le ministre Ian Lafrenière demande à la Sûreté du Québec de refaire ses devoirs

Le ministre de la Sécurité publique, Ian Lafrenière, demande à la Sûreté du Québec (SQ) de refaire ses devoirs, insatisfait du plan proposé par le corps policier pour couper 120 M$ de dépenses annuelles.
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Plus tôt mardi, notre Bureau d’enquête révélait que la SQ prévoyait notamment fermer 12 postes de police auxiliaires en région et abolir sa direction des crimes financiers, qui fait des enquêtes sur les fraudes et l’usurpation d’identité.
Le corps policier songe aussi à abolir des patrouilles de nuit, à mettre en place un gel d’embauche et à vendre deux de ses hélicoptères, en réponse à une requête du gouvernement Legault qui lui a demandé de réduire de 10% son budget annuel d’un peu plus d’un milliard de dollars.
Photo Stevens LeBlanc
«C’est un plan que je n’ai pas accepté. J’ai demandé à la Sûreté du Québec de retourner à la planche à dessin puis de revenir avec d’autres suggestions.», a précisé le ministre Lafrenière, en mêlée de presse à l’Assemblée nationale.
«S’attaquer à la bureaucratie»
Selon le ministre, le corps policier doit trouver le moyen de réduire ses dépenses tout en ne compromettant pas la sécurité dans les communautés.
Il a rappelé que le Service de police de Montréal (SPVM) a supprimé dix postes de cadre. «Je ne leur donnerai pas d’idée sur comment couper [mais] je peux leur donner des exemples», a-t-il fait valoir.
«On doit s’attaquer à la bureaucratie, y compris à la SQ, sans impact sur les citoyens. Je m’attends donc à recevoir un nouveau plan de la SQ», a insisté le ministre.
Dans son objectif d’assainir les finances publiques, le gouvernement Legault est à couteaux tirés depuis des mois avec des intervenants du secteur de l’éducation, de la santé et les fédérations de médecins, notamment.
«La demande est claire. Comme gouvernement responsable, on demande à tous les organismes de participer à l’atteinte de l’équilibre budgétaire. La Sûreté du Québec n’y fait pas exception», écrit le ministre de la Sécurité publique. Il signale que, depuis plusieurs années, la SQ dépasse son budget de plus de 200 millions $.
Du côté de la SQ, le capitaine Benoit Richard indique que l’organisation a dû «explorer tous les scénarios possibles afin de donner suite aux demandes gouvernementales».
«Conséquemment, des mesures additionnelles de réduction des dépenses, dont plusieurs concernent les fonctions de soutien au travail policier, ont été explorées et soumises», poursuit-il, précisant que la décision finale n’a pas été prise.
Le capitaine Benoit Richard
Photo Chantal Poirier
Inquiétudes
Les compressions envisagées par la SQ sèment déjà l’inquiétude dans les milieux policiers et judiciaires, notamment en ce qui a trait à l’abolition envisagée de la direction des crimes financiers.
«C’est la colère et la stupéfaction» au sein de cette unité, indique un de nos informateurs.
«La SQ va juste prendre moins d’enquêtes d’envergure en charge. Les petits crimes vont rester dans les districts, dans les villes, et moindrement qu’il va y avoir une fraude dans plusieurs juridictions, on va se retrouver devant un manque d’effectifs», indique une source du milieu judiciaire qui a requis l’anonymat, car elle n’est pas autorisée à parler aux médias.
Avec la collaboration de Laurent Lavoie et Geneviève Lajoie




