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Adoption de la loi 2 | L’exode des médecins québécois commence

La colère gronde chez les médecins québécois et ils sont de plus en plus nombreux à préparer leur exode vers une autre province à la suite de l’adoption de la loi 2. Depuis le 1er octobre, 60 médecins ont demandé un permis de pratique en Ontario et 40 au Nouveau-Brunswick. Santé Québec lance un appel au calme.


Publié à 17 h 35

Le Collège des médecins et chirurgiens du Nouveau-Brunswick dit recevoir chaque jour de nouvelles demandes de permis de pratique de la part de Québécois.

Le nombre enregistré au mois d’octobre est dix fois plus élevé que celui des mois précédents. « En août et en septembre de cette année, nous avons reçu respectivement trois et quatre demandes », dit sa porte-parole Aleisha LaMorre.

« Le Nouveau-Brunswick offre des occasions de pratique et des modes de vie très attrayants pour les médecins québécois qui souhaitent s’établir ailleurs, et nous accueillons leurs demandes de permis avec plaisir », poursuit-elle.

Le Collège des médecins et chirurgiens de l’Ontario, lui, a reçu 64 demandes, dont 60 depuis le 23 octobre. Du 1er juin au 22 octobre, 19 permis ont été octroyés, selon l’ordre professionnel.

« Il y a une hémorragie qui se prépare », déplore le porte-parole de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), Stéphane Gosselin.

Selon la FMOQ, 25 médecins de famille ont signifié dans les dernières heures qu’ils quitteraient le réseau public. L’information provient des associations régionales.

La fédération ignore cependant si ces médecins quitteront pour la retraite ou une autre juridiction.

Appel au calme de Santé Québec

La PDG de Santé Québec, Geneviève Biron, a lancé un appel au calme mardi dans une note à l’ensemble des quelque 330 000 travailleurs du réseau public. Elle demande aux employés, y compris les médecins, de « maintenir un climat serein » pour préserver la « stabilité » du réseau de la santé et des services sociaux.

« Nous sommes tous au fait de l’actualité des derniers jours et constatons que l’adoption de la loi 2 suscite des réactions et des interrogations. En ce moment, plus que jamais, il est essentiel de rester unis, d’aller de l’avant avec calme, d’être à l’écoute tout en faisant preuve de bienveillance envers nos collègues, ainsi que nous-même », écrit Geneviève Biron dans une note que La Presse a pu consulter.

Depuis vendredi, le moral des troupes est au plus bas dans le réseau, selon nos informations.

Le Programme d’aide aux médecins du Québec (PAMQ) se dit « submergé » d’appels depuis l’adoption de la loi 2 samedi.

« Depuis les derniers jours, le volume [de demandes] a doublé par rapport au volume usuel », indique sa codirectrice médicale, la Dre Sandra Roman.

Du jamais vu en 35 ans d’existence du PAMQ, selon elle. « Ce qu’on observe, c’est vraiment une détresse qu’on n’a jamais observé nous ici », dit-elle.

Les médecins qui contactent la ligne d’aide sont « extrêmement anxieux », selon elle. « Ils me témoignent de l’espèce de perte de sens qu’ils ressentent, de la perte de repères et ils sont très blessés par ce qu’ils perçoivent comme un profond manque de reconnaissance par rapport à leur engagement, à tout ce qu’ils font au quotidien pour leurs patients », explique la Dre Roman.

La loi sur la rémunération des médecins du gouvernement Legault a été adoptée sous bâillon dans la nuit de vendredi à samedi. Elle met fin aux moyens de pression des médecins et modifie la façon de les rémunérer.

Malaise exprimé par des PDG

Selon des sources consultées par La Presse, plusieurs PDG d’établissements de santé ont exprimé à Santé Québec un malaise vis-à-vis de la loi 2, notamment en ce qui a trait aux sanctions imposées aux médecins en cas d’actions concertées.

Geneviève Biron a exprimé aux PDG à « plusieurs reprises l’importance d’être bienveillant et de montrer de l’empathie envers le corps médical », indiquent ces sources.

Des directions d’établissements confirment à La Presse avoir tenu ou tenir cette semaine une rencontre avec les chefs de départements afin de voir comment elles peuvent « accompagner » les médecins dans le contexte actuel. Elles veulent garder leurs troupes mobilisées.

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