Tout va très bien, Madame la Marquise…

Mardi, j’avançais que la loi spéciale adoptée sous bâillon par le gouvernement caquiste pour mettre les médecins au pas dans une vision comptable et autoritaire de la santé est un beau gâchis sur toute la ligne.
La rapidité avec laquelle les réactions outrées fusent de toutes parts, et non seulement des médecins, le confirme pour les pauvres patients que nous sommes devant un système de santé toujours aussi dysfonctionnel.
En plus de nombreux médecins en état de choc, Québec solidaire sollicitera un avis de la Commission québécoise des droits de la personne.
Le Parti Québécois s’engage à produire une version corrigée de la loi à temps pour les prochaines élections. Le Parti libéral du Québec entend la «scrapper» s’il prend le pouvoir.
De manière attendue, la Fédération des médecins spécialistes contestera également la loi devant les tribunaux.
Même la top gun de Santé Québec, Geneviève Biron, a fait parvenir une lettre aux 333 000 employés du réseau de santé.
Elle les implore de «rester unis» et «d’être à l’écoute tout en faisant preuve de bienveillance envers [leurs] collègues, ainsi qu’[eux]-mêmes». C’est d’une mièvrerie digne d’un magazine de pensée positive.
Pendant ce temps, sous pression, le ministre de la Santé Christian Dubé jure vouloir faire la «pédagogie» de sa loi spéciale et invite les fédérations de médecins à revenir négocier même si sa loi est déjà adoptée.
Pendant ce temps…
C’est comme si le conducteur d’un bulldozer sortait de son véhicule pour aller vous «expliquer calmement» pourquoi il vient tout juste de vous foncer dessus sans égards aux conséquences.
Pendant ce temps, des reportages tout aussi inquiétants pour les Québécois s’accumulent sur d’autres fronts.
Ces jours-ci, on apprend que l’insécurité alimentaire monte en flèche au point où les banques alimentaires «fracassent de nouveaux records».
Selon une étude pancanadienne obtenue par Le Devoir, on apprend aussi que le Québec est le «cancre canadien de la diplomation et de la littératie». Rien de moins.
Ah oui, le logement…
Le tout, sur fond du constat émis par l’Observatoire des inégalités du Québec à savoir que «les plus riches se sont enrichis et les plus pauvres se sont appauvris après la flambée des prix, particulièrement ceux du logement et de l’alimentation».
Ah oui, le logement. Comme dans «crise du logement» contre laquelle le même gouvernement n’a fait à peu près rien.
La même crise qui, tout le monde le sait, est aussi la cause principale de la hausse fulgurante de l’itinérance à travers le Québec.
Cette aberration sociale est rendue telle qu’un bébé naissant en serait mort dans un abribus de Longueuil après que sa mère, présumée une personne itinérante, y aurait possiblement accouché seule.
Or, nous sommes bien au Québec. En 2025. Comment en sommes-nous arrivés là?
Ne manque plus qu’un Conseil des ministres qui, face à la multiplication des problèmes sociaux non résolus, se mettrait à nous chanter tous en chœur Tout va très bien, Madame la Marquise…




